Minuit et une minute.
― Quel étage ? Lui demanda l'homme.
― Peu importe, répondit-elle, sèchement.Elle n'avait vraiment pas envie de parler, tout ce qu'elle voulait, c'est que cela cesse une bonne fois pour toute.
― Je vis au dixième étage, lui indiqua-t-il, je m'arrêterais là et libre à vous d'aller où vous voulez.
Minuit et deux minutes.
Il ne savait pas d'où elle venait, qui elle était et visiblement, elle ne semblait pas habiter ici. Mais son chagrin flagrant l'avait troublé. Pourquoi est-elle si malheureuse le soir le plus festif de l'année ?― Bien, rétorqua-t-elle.
Les portes étaient fermées, mais l'ascenseur semblait avoir du mal à vouloir monter. Il lâcha un soupire exaspéré et leva la tête vers le plafond de la cabine.
― Il ne fonctionne pas ?
― C'est un vieil ascenseur, il fait parfois des siennes.Minuit et trois minutes.
Elle se redressa et appuya sur le bouton du dixième étage, l'ascenseur monta difficilement, s'arrêtant même l'espace d'une petite seconde pour ensuite reprendre sa route. Il émettait des vieux bruits de grincement, comme si l'ascenseur datait d'il y au moins cinquante ans, si ce n'est plus.― Il y a un toit ?
Minuit et quatre minutes.
Oh non, pas ça, se dit-il. Il se tourna vers la jeune femme qui s'était ré adossée contre la paroi. Il la détailla du regard et fronça les sourcils. Son visage enfantin lui semblait tellement familier.― Bien sûr, répondit-il, mais je ne vous le conseille pas.
― Et pourquoi cela ?
― C'est bruyant ce soir.
― J'ai cru remarquer, oui.Minuit et cinq minutes.
L'ascenseur s'arrêta net, faisant perdre l'équilibre aux deux inconnus qui se retinrent juste à temps pour éviter une chute ridicule.― C'est pas vrai ! Grogna-t-elle, dites-moi que c'est une blague !
― Je vous l'ai dit : c'est un vieil ascenseur.Elle grogna encore et appuya sur tous les boutons du boîtier de commande, mais rien ne se passa.
Minuit et six minutes.
Il la regardait faire, sans bouger. Il avait l'habitude lui, de cet ascenseur capricieux.― Bon, et maintenant ? Dit-elle en abandonnant.
― On attend.Il était d'un calme à en faire pâlir plus d'uns. Il lui tourna le dos, glissa les mains dans les poches de son long manteau noir et fixa les portes.
― Je m'appelle Jonathan, au fait.
Minuit et sept minutes.
― Danny.
― C'est votre vrai prénom ?
― Mes parents m'ont appelé Danielle, mais je préfère Danny.
― Je préfère aussi.Être enfermée dans cet ascenseur ne la rassurait pas du tout. C'était même effrayant. Les lumières se mirent à clignoter. Elle leva les yeux vers le plafond et poussa un soupire.
― Vous ne faites pas la fête ? Demanda-t-il, toujours aussi calme.
Minuit et huit minutes.
― J'étais venue pour ça, de base.
― Mais ?
― Mais j'ai vu mon fiancé aux bras d'une autre fille, soupira-t-elle.
― Ce qui explique votre état misérable.
― Mais je vous emmerde, râla-t-elle.Il laissa échapper un petit rire.
Minuit et neuf minutes.
Danny finit par essuyer ses joues, comprenant ce qu'il avait voulu dire par là. Sur les manches de son manteau d'hiver blanc, son maquillage s'y était déposé.― Et vous ?
― Je ne le fête plus depuis des années.
― Oh, et pourquoi ça ?Minuit et dix minutes.
― C'est toujours la même chose : des concerts, la foule, de la drogue, de l'alcool.
― Je comprends, je ne bois plus d'alcool depuis des années.
― Sacrée résolution. Je ne bois que ça.
― Mais vous n'aimez pas cette soirée, elle fronça les sourcils.
― C'est bien plus que ça.Minuit et onze minutes.
Elle qui ne voulait pas parler, elle avait vite changé d'avis. Elle le trouvait mystérieux. Ce grand et bel homme, tout habillé de noir, le regard fuyant. La façon dont il parlait, devait cacher quelque chose de plus dur pour lui et elle ne saurait dire, comment elle était devenue intriguée par ce personnage.― Dites-moi.
― Peut-être plus tard.
― Cet ascenseur ne vas pas rester bloqué éternellement, insista-t-elle.
― Alors vous ne saurez jamais.
― S'il vous plaît.Minuit et douze minutes.
Il se tourna vers elle, la détaillant encore et encore jusqu'à ce que son visage lui revienne. Il savait qui elle était et son cœur se serra. Il baissa les yeux, la tristesse et les remords l'avaient envahi. Il ne voulait pas lui dire, elle était si jeune. Au fond de lui, il savait que cet ascenseur ne redémarrerai pas de si tôt : c'était sa punition. Encore et encore.Minuit et treize minutes.
Les minutes défilaient au ralenti. Tout tournait au ralenti. La musique à l'extérieur pourtant si rapide et assourdissante se faisait plus lente. Il souffla et à son tour, appuya sur tous les boutons de la commande. Priant intérieurement pour que cette chose monte et qu'il mette fin à tout ça, une fois de plus.Minuit et quatorze minutes.
Danny ne comprit pas. C'était un revirement de situation tellement inattendu, lui qui avait gardé son calme depuis tout à l'heure. Inquiète et bienveillante - car c'était dans sa nature - elle s'approcha de lui et posa délicatement sa main sur son bras, le forçant à lui faire face. Un petit sourire chaleureux et rassurant se dessina sur son visage d'enfant.― Vous n'êtes pas obliger de m'en parler, on ne se connaît pas. Ma vie ne doit pas vous intéresser et la vôtre ne devrait pas m'importait autant.
Minuit et quinze minutes.
Elle le détailla à son tour du regard. Elle n'avait pas remarqué à quel point son visage pouvait être fatigué, usé et triste. Il n'avait pas dit son âge, mais elle se doutait qu'il n'était pas très vieux, mais pourtant, ses traits le vieillissait.✕✕
Cette soirée, il la connaissait par cœur.
Il aimerait lui dire que ce n'est pas son cœur de brisé, mais sa vie.
Il aimerait aussi, dire bien plus, mais il ne voulait pas.
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HIM. | Histoire pour le concours de la meilleure idée originale.
Fantastique✫ Concours orignal de @_PinkerBell_ ✫ 𝐏𝐋𝐎𝐓 𝐓𝐖𝐈𝐒𝐓 : Jonathan déteste le nouvel an. Danny aurait aimé le passer avec celui qu'elle aime. Mais à la place, ils vont se trouver dans leur malheur et se rendront compte qu'ils sont liés et que seul...