Lymerya Alley.
Rien que le nom était déjà des plus anormaux.
Alors si, en plus, elle voyait des évènements inexplicables et surnaturels autour d'elle depuis son enfance, on pouvait déjà s'imaginer que sa vie ne serait pas des plus communes.
Pourta...
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Livre III, Chapitre 1
Thiery passait une journée assez agréable, jusqu'au moment, un peu moins sympathique, où il fut plus ou moins traumatisé à vie.
Le soir tombait sur les rues de Londres, et, avec ses deux amis, si tant est qu'on pouvait appeler ainsi deux parfaits idiots qui le suivaient à peu près partout en riant bêtement de ses blagues, ils s'étaient réfugiés dans une ruelle sombre. Son camarade Gail était adossé au mur de briques et sirotait une cannette de bière. De toute évidence pas sa première, comme en témoignaient ses joues rouges et sa voix de moins en moins ferme. Quant à Bill, en réalité prénommé William, il s'était assis sur une poubelle et semblait très content de sa position.
Thiery, Bill et Gail, qui formaient un groupe assez hétérogène, aimaient bien passer leurs journées à faire la grasse matinée et rester clôturés chez eux, pour sortir dès le soir tombé. Ils ratissaient alors les ruelles londoniennes en discutant avec animation. Beaucoup leur auraient reproché de taguer les façades des maisons, de laisser leurs canettes de bière par terre sans prendre la peine de les jeter, ou encore de faire trop de bruit pendant la nuit. Mais ce n'était que la face émergée de l'iceberg. Les voisins auraient effectivement été beaucoup plus ennuyés s'ils avaient su qu'ils n'étaient pas seulement à la recherche de jolies filles, mais aussi de Dragomirs à enlever et, éventuellement, à tuer. C'était un passe-temps des plus divertissants, et bien payé, de surcroît. Thiery se souvenait, vaguement, des quelques années qu'il avait passées sur l'îlot d'Eleuth, et il devait avouer que l'endroit lui manquait un peu, durant les rares moments où il s'autorisait à y repenser. Mais il avait fini par le détester, lorsqu'on lui avait reproché son comportement – apparemment, faire éclater les œufs de bébés dragons n'était pas très apprécié par les professeurs. Et sans études à l'Académie, il était très difficile de se trouver un métier au sein de l'Ordre. S'étant retrouvé loin des Dragomirs, il avait nourri sa rancune tout seul jusqu'à ce que Drake lui propose un petit boulot, qui avait complètement changé la monotonie de son quotidien.
Malgré son aversion pour Drake et ses vérités erronées, il savait parfaitement qu'il payait bien et avait aussitôt accepté sa proposition ; guetter d'éventuelles proies, videntis d'Eleuth ou sans entraînement, et les lui apporter. Pour l'instant, tout avait été, à sa grande surprise, assez aisé. Il n'avait qu'à se balader avec Gail et Bill dans les ruelles de Londres à la nuit tombée, et attendre de pouvoir intercepter un Dragomir imprudent. Londres était une ville à laquelle les Dragomirs, pour une raison ou pour une autre, étaient particulièrement attachés. C'était sans doute dû à la présence d'un QG de l'Ordre caché quelque part dans la ville, mais même si Thiery ne savait pas où il se trouvait, c'était loin d'être un problème. Il ne comptait plus les proies qu'il avait envoyées entre les griffes de Drake, avec une facilité déconcertante. Certes, ils étaient mieux entraînés, mais à trois contre un, malgré leurs faibles pouvoirs, ils parvenaient souvent à les neutraliser sans mal. Et s'ils opposaient une trop grande résistance, Gail sortait son pistolet, cadeau de son père, et en une détonation, c'était réglé. Drake payait moins bien les cadavres que les prisonniers, mais même là, la somme qu'ils recevaient était exorbitante. La voiture neuve de Bill n'en était qu'une preuve supplémentaire.
