Lymerya Alley.
Rien que le nom était déjà des plus anormaux.
Alors si, en plus, elle voyait des évènements inexplicables et surnaturels autour d'elle depuis son enfance, on pouvait déjà s'imaginer que sa vie ne serait pas des plus communes.
Pourta...
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Livre III : Chapitre 29
Larrow ne se souvenait pas d'avoir jamais eu les mains tremblantes en tenant une arme entre ses mains. Pas une seule fois.
Lorsqu'il tenait une arme, n'importe laquelle, entre ses doigts, c'était toujours avec une justesse et une fermeté exemplaire. On l'admirait pour son calme même lorsqu'il était dans les situations les plus extrêmes. On l'applaudissait pour avoir su tirer avec la plus grande précision alors qu'il était dans une position terriblement désavantageuse. On le croyait imperturbable, déterminé et froid.
Il l'avait toujours été.
Peu importait la cible ; le moment ; le contexte. Lorsqu'il avait une arme dans la main et quelqu'un devant lui, et pour but de tuer cette personne, ses gestes devenaient maitrisés, précis, automatiques. Menés par les années d'entraînement et de pratique acharnés. Cette capacité à opérer avec une précision proche de celle d'un chirurgien l'avait sauvé dans beaucoup de situations improbables. Et il ne laissait jamais ses sentiments prendre le pas sur sa raison. C'était une règle d'or pour lui. Même lorsque c'était Abel qu'il avait pour mission de tuer, il avait eu beau fléchir un instant, il avait enfoncé Draksaura dans son ventre avec une grande justesse, s'assurant automatiquement de percer les organes vitaux pour qu'il s'agisse d'une mort rapide et relativement indolore. Ses mains n'avaient pas tremblé, pas un seul instant. Abel était tombé à terre, immédiatement achevé, sans avoir à agoniser. Même si l'on pourrait qualifier ses nombreuses années à être contrôlé mentalement comme une affreusement longue agonie à laquelle il avait mis un terme.
Alors il resta un instant perplexe lorsqu'il remarqua que ses mains tremblaient autour du pistolet en visant Lym du canon.
Troublé, il regarda ses doigts, trop serrés et donc loin d'être efficaces, qui tremblaient comme des feuilles. Voilà qui ne lui était jamais arrivé depuis qu'il avait commencé ses exercices de tir à Eleuth. Trembler, hésiter, c'était éventuellement perdre sa cible. Échouer. Bref, ne pas accomplir sa mission. Et c'était inimaginable. Pour lui, c'était une éventualité qui ne lui venait presque jamais à l'esprit.
À présent, il avait une mission. Ou du moins, il essayait de voir la situation comme une autre de ses nombreuses missions, mais son cerveau, qui était d'habitude si chirurgicalement précis et détaché, refusait tout court. Il refusait de voir « tuer Lym » comme une mission. Il refusait de voir Lym comme une cible. Il refusait de presser la détente. Même s'il savait pertinemment que c'était la bonne chose à faire, la plus raisonnable, la plus logique.
Il savait qu'il avait quelques instants pour se reprendre en main ; Cave ne raterait pour rien au monde l'occasion de monologuer un peu devant Lym. Et, comme il s'y attendait, l'auctor afficha un air sérieux mais triomphal en faisant face à celle qui avait été son élève mais qu'il ne voyait à présent que comme une ennemie.