Le réveil. Ce moment si particulier de la journée. Ce moment qui peut être doux, agréable, qui peut lancer une belle journée. Ce moment qui peut également être terrible, lorsqu'il n'est pas bienvenu. Un réveil peut être simplement la fin d'un cycle de sommeil, qui tombe au bon moment. Ça peut aussi être une sonnerie stridente qui réveille en sursaut et en sueur. Ce matin-là, on était plutôt sur le second type de réveil pour Jill. L'adolescente, dont seuls les longs cheveux roux et touffus dépassaient de sous la couette, grogna péniblement en entendant les notes de All the small things de Blink 182 la tirer de son sommeil. Mettre cette chanson en réveil matin lui avait semblé une bonne idée fut un temps, mais elle la trouvait maintenant bien trop violente. Sans compter qu'elle n'arrivait même plus à l'écouter désormais.
Ce matin particulièrement, Jill était absolument excédée d'entendre la sonnerie de son réveil. La jeune fille avait eu une angoisse sourde dès le début de la soirée, la veille, qui l'avait maintenue éveillée jusque bien trop tard dans la nuit et lorsqu'elle s'était enfin endormie, un sommeil agité de rêves peu agréables l'avait cueillie. De la cuisine, sa mère l'appela pour qu'elle vienne petit-déjeuner. L'idée d'ingérer un quelconque aliment ne lui faisait pas particulièrement envie en cet instant, pourtant la rouquine se déplia de sa position en chien de fusil pour mettre en branle son corps trop maigre et balança ses jambes hors de la couette. L'envie n'était pas là, en ce jour de rentrée. Les vacances de Noël étaient terminées et il fallait reprendre le chemin de l'école, retourner s'assoir derrière son petit bureau, tenter d'écouter des cours décousus de la réalité. Jill détestait tout cela.
Pourtant, ce serait la première rentrée des classes où elle savait qu'elle retrouverait des gens qui serait heureux de la revoir. Des amis, qui lui avaient manqués. Malgré le confort et la tranquillité de ses séjours chez ces grands-parents, pour la première fois de sa vie, Jill avait regretté de ne pas rester en ville pour quelques jours, ne serait-ce que pour passer le nouvel an avec ses amis. Mais les vieilles angoisses ne la lâchaient pas, semblait-il. Les perspectives de rentrée étaient beaucoup moins sympathiques, dans son ancien lycée, aussi le sentiment pernicieux s'était insinuée en elle, exactement de la même façon qu'il l'avait toujours fait, lui tordant les boyaux au passage.
Lorsqu'elle déverrouilla son téléphone, un sourire s'afficha sur le visage de Jill et elle se sentit soudainement un peu plus légère. Deux messages s'étaient affichés sur son écran, lui rappelant qu'elle n'était plus seule. « Jill, au secours, c'est trop dur les réveils ! » lui écrivait Lawillee, sa meilleure amie. Jill pouffa en lui répondant « Oui, send help, une grue pour me sortir du lit please. » avant de laisser ses yeux glisser sur le second message. Nathaniel, le délégué général des élèves, qui était accessoirement un ami, lui écrivait : « Jill, courage pour le réveil, haha ! N'oublie pas le changement d'emploi du temps ! Anglais à la place de math ! A toute ! ». Jill haussa un sourcil. Elle avait oublié, évidemment. Mais elle était perplexe. Nath n'était même pas dans la même classe qu'elle... Comment pouvait-il savoir ça ? Il commençait probablement à la connaitre peut-être un peu trop bien. Soudainement, la jeune fille se leva, avec bien plus d'énergie et de motivation. Elle avait hâte de voir ses amis. Lawillee, Nathaniel, Lysandre, Rosalya, Iris, Kim, Violette, tant de noms qu'elle n'avait pas assez d'une main pour les compter. Elle n'en revenait toujours pas.
Jill se doucha rapidement d'une eau brûlante qui réveilla ses muscles et sa peau. Les cheveux tirés dans une serviette, elle dessina son épais trait de liner en tirant la langue, tout en lorgnant du coin de l'œil l'écran de son téléphone. Lawillee la tenait au courant par sms, presque minutes par minute, de quand est-ce qu'elle arrivait à l'angle de sa rue. Voyant qu'elle était déjà partie de chez elle, Jill jura. Elle était à la bourre. Elle mit rapidement une paire de boucles d'oreilles en argent et un collier long au pendentif en forme d'aigle au-dessus d'une petite robe noire et dévala les escaliers pour rejoindre sa mère dans la cuisine. Elle croqua une tartine en enfilant sa paire de Dr Martens sans les lacer et claqua une bise à sa mère pile lorsque Lawillee fit sonner son téléphone, lui signalant qu'elle était au coin de sa rue.
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When I Feel - Castiel
Ficção AdolescenteJill et sa mère ont fuit un passé qu'elles veulent oublier à tout prix. Castiel rumine l'abandon de ses parents qu'il ne voit pratiquement jamais. L'attirance s'installe au premier regard, aussitôt suivie du déni. Dans cette petite ville sans his...