Chapitre 2 - Conflit

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Jill entrouvrit la bouche pour laisser s'échapper la fumée de cigarette qu'elle venait d'inhaler. Pour peu, il lui semblait qu'elle ne contrôlait plus les muscles qui actionnaient sa bouche. Il lui semblait qu'elle ne contrôlait plus rien de tout, de fait. Son estomac était en dépression nerveuse et son cœur battait à un rythme infernal. Elle peinait même à savoir si elle respirait encore ou si elle était en apnée depuis que Castiel avait surgit devant elle.

Raide comme un piquet, le guitariste la fixait, la bouche crispée, les yeux noirs comme un ciel d'orage. Ce genre d'orage dont on attend les éclairs avec crainte, qui tomberont bien trop proche et dont le tonnerre vrillera les tympans.

Le dos plaqué contre la pierre froide de la statue, Jill attendait la sentence. Les secondes lui paraissaient des heures et elle n'avait qu'une envie, se fondre dans la statue. Pourquoi ne l'avait-il pas ignorée, comme à son habitude ? Pourquoi ne disait-il rien ? L'attente était insoutenable, pourtant les yeux sombres de la jeune fille ne décrochaient pas du regard d'acier de Castiel. Elle savait, que rien ne serait agréable dans ce qu'il aurait à dire. Ses mains tremblantes, son pouls battant violemment et ses jambes qui menaçaient de se dérober sous son poids à tout instant témoignaient de sa nervosité extrême, tandis qu'elle tentait de chasser de son esprit le moindre espoir d'un mot gentil.

La voix de Castiel trancha l'air glacial, soudainement :

- Qu'est-ce que tu fous ?

Jill ouvrit la bouche mais l'air sembla lui manquer et elle ne put faire autrement que bredouiller un vague "Q-quoi ?" surpris.

- Qu'est-ce que tu fiches ici ? répéta le jeune homme avec un claquement de langue agacé.

- Je... hésita Jill, la lange sèche. Rien de spécial je rentre chez moi quoi, continua-t-elle sur la défensive.

Castiel leva les yeux au ciel d'un air exaspéré. La jeune fille sentit son ventre se tordre de stress tandis qu'elle tentait de se persuader que ce n'était pas totalement un mensonge. Elle passait réellement par ici en rentrant chez elle, après tout, qu'importe le temps qu'elle avait pu passer derrière cette statue.

- J'ai pas le droit de passer dans ce parc pour rentrer chez moi, c'est ça ? ironisa-t-elle avant de tirer sur sa cigarette en tremblant. C'est le jardin privé de môsieur Veilmont ou quoi ?

Jill sentit une certaine agressivité poindre dans sa voix. Elle était maintenant sur la défensive, c'était plus fort qu'elle, voyant bien que le comportement de Castiel envers elle n'allait pas changer miraculeusement. C'était la seule façon dont elle arrivait à se comporter, face aux piques du jeune homme. Rien de plus que de la surenchère dans l'agressivité, mais elle souffrait trop du comportement désagréable du guitariste pour faire autrement.

- En train de rentrer ? Tu t'fous d'ma gueule ? Tu es aussi discrète qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine ! Et bruyante avec ça.

- Je...

Comment avait-elle pu espérer autre chose que ça, vraiment ? Jill commençait à paniquer, en plus de se sentir parfaitement idiote. Est-ce qu'il l'avait vue, lorsqu'elle l'observait depuis l'arrière de la statue ? Une angoisse sourde naissait dans son ventre tandis qu'elle prit la décision de continuer à nier.

- Pourquoi je chercherais à être discrète ? déclara-t-elle finalement en haussant un sourcil.

- Et pourquoi tu te cachais derrière une statue ? Tu me prends pour un con ou quoi ?

Jill laissa échapper un soupir d'exaspération et leva les yeux au ciel. Semblait-il qu'il l'avait bien vue finalement. Mais la rouquine ne comprenait pas pourquoi le guitariste insistait de la sorte.

When I Feel - CastielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant