Never Home

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Je m'appelle Dayanna ,et je n'ai jamais eu le sentiment d'être chez moi.
Je suis bien née d'une mère et d'un père, qui heureusement pour moi ont toujours vécu ensemble, dans une maison(tout ce qu'il y'a de plus normal). Je suis la 2e d'une famille de 5 enfants.
James est mon aîné de 8 ans , Lyne et Mine (prononcé laïne et maïne) sont des jumelles et mes petites soeurs de 3 ans et puis le dernier Bryan, a 6 ans de moins que moi. Sauf que je suis la seule de la famille , à n'avoir jamais été là.

J'avais, 10 ans quand pour la première fois j'ai quitté la maison. J'étais allée en congés chez la cousine de mon père. Une femme grande, noire, et ronde, l'image clichée de toutes les tatas noires quoi! Elle vivait avec son mari et ses 2 filles (l'une, Kelly, avait mon âge et l'autre, Sarah, 2 ans de moins que moi.). Des congés plutôt cool, mais mon séjour qui était censé durer 2 semaines à durer 3 ans .

Au début, je trouvais ça cool de rester plus longtemps avec mes cousines. James était venu me laisser mes valises. Et c'est en voyant le nombre de valises que j'ai compris que j'allais passer bien plus que quelques jours de plus dans cette maison. Le deuxième trimestre a commencé, et ma tante m'a inscrit dans une nouvelle école, où j'ai fini mon cours moyen un et deux , puis dans un collège...

J'ai quitté sa maison en 5e, de mon plein gré, et après avoir supplier mon frère de venir me chercher. Ma tante faisait tout ce qu'elle pouvait en tant qu'être humain (j'imagine) pour me faire vivre (ou survivre), chez elle. Sauf que si, elle respectait quelques droits de l'homme, en l'occurence le droit à l'éducation, et à la nourriture, je ne crois pas qu'elle était au courant que l'esclavage avait été abolie... Mes cousines avec qui je partageais presque tout pendant les 2 premières semaines de mon "séjour", étaient devenues mes "Javotte et Anastasie" ... Je faisais tout pour elles, pour leur mère et pour leur père. Je n'avais presque pas le droit de parler à ma mère. Et les rares fois, où je lui parlais , elle n'arrêtait pas de me dire de supporter, de considérer ma tante comme ma mère, d'être à l'aise ... Bref à croire que j'étais devenue orpheline.

L'année de mes 13 ans, en rentrant de l'école, je me suis arrêtée dans une cabine téléphonique , pour appeler ma mère, et me plaindre une N ième fois, mais c'est mon frère qui a décroché. Au son de sa voix, je me suis éffondrée et je lui ai tout raconté, du fait que je lave tous leurs habits , du "gandoura" de mon oncle au caleçon de Sarah, des kilomètres que je me tape tous les jours pour aller à l'école , jusqu'aux coups que je reçois toutes les fois où j'oublie de faire quelque chose , des coups que je reçois souvent en pleine rue et nue. Il a essayé de me calmer et est venu me chercher 1 semaine plutard. J'ai quitté la maison, un vendredi à 13h. Personne n'était là. Et je suis rentrée chez m... , chez mes parents.

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La maison, ma mère et mon père étaient pareils. Les jumelles avaient tellement grandis (en même temps, quand je suis partie , elles avaient 7 ans, et là elles avaient 10 ans_l'âge que j'avais quand j'ai quitté la maison_).

Quand je suis arrivée, je me suis jetée dans les bras de ma mère en larmes, j'ai fait des câlins à toute ma famille. Je me sentais enfin chez moi! Je voulais poser milles questions à ma mère. Je voulais tout savoir, ce qui était arrivée à notre voisine chez qui je prenais souvent le petit déjeuner, qui apparemment n'habitait plus dans le quartier, de ce qu'ils ont fait quand je n'étais pas là, dans quelle classe étaient les jumelles, que devenait James , maintenant qu'il est majeur. Mais avant que je ne formule la première question, elle m'a demandé : "pourquoi tu as fui TA maison?"... Je l'ai regardé et j'ai sentie la déception dans son regard, et au lieu de m'interesser à ce pronom possessif,je me suis intéressée à la tête de ma mère et je lui ai retorquée: "je suis désolée maman, mais tu me manquais... Je ne voulais pas que tu sois déçue, je pensais que tu allais être contente de me voir, je vais rentrée si tu veux...". Elle m'a dit : "Non laisse, ça va". Et elle est repartie dans sa chambre.

J'ai fini l'année dans un collège, près de la maison. C'étaient les plus beaux 6 mois de ma vie . Mais le scénario de mes 10 ans s'est repétée, l'année scolaire suivante. Cette fois là, j'ai passée 5 ans chez le cousin de mon père, sans jamais voir ma famille ... Heureusement pour moi j'ai eu mon Baccalauréat, et j'ai pu enfin avoir une nouvelle vie (pas une belle vie, mais une nouvelle vie).

InutileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant