Deuxième passage à l'hopital

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Léa était venue me rendre visite , deux semaines après la mort de Gabe. Elle compatissait, elle imaginait ce que je pouvais ressentir, mais elle ne le ressentais pas. Elle avait pitié de moi, mais moi j'avais pitié d'elle. Du mal qu'elle se donnait pour que j'aille bien. "Bien", un mot qui m'amusait. Qu'est ce qui allait bien dans ma vie? La santé peut-être. Oui je n'étais pas physiquement malade pas de grippe, de cancer ou autre mais je souffrais à l'intérieur, j'avais une tumeur du coeur, de l'esprit et même de l'âme.

Une fois qu'elle a fini son discours sur la vie et ses hauts et bas, sur comment elle comprenait ma peine parce qu'elle avait perdu sa grand mère quelques mois auparavant, qu'au moins j'ai encore mes amis et un travail pour me permettre de vivre, elle m'a dit qu'elle devait partir parce qu'elle avait un cours dans la journée. Elle m'a dit , comme la mère de Gabe, que si j'avais besoin de quelque chose, je pouvais les appeler. Mais moi j'avais besoin de Gabe, de son sourire, de son touché, de sa présence. Et ça, personne ne pouvait me le donner.

Côté travail, je n'avais pas grand chose à faire, encaisser les billets , et crier qu'il n'y avait pas de monnaie, comme toutes bonnes caissières du pays. Je me levais à 6h, chaque matin en faisant le même constat:" il n'est pas là, il ne m'a pas dire bonjour. OK allons travailler!". A 13h je rentrais en trainant le pas, me demandant à quoi ça servait de rentrer, il n'était pas là et ce n'était pas chez moi de toutes les façons.

Je n'avais pas pleurer depuis la mort de Gabe. Je gardais tout en moi. C'était pas comme si j'avais le choix, je n'avais plus de confident de toutes les façons. Mais un jour, à la fin de mon service du vendredi, en rentrant à la maison il y'avait deux personnes couchées au sol , suite à un accident de la circulation. En général, je n'aime pas voir le sang et tout ce qui va avec, mais une force inhumaine m'a conduit vers la scène du crime. Y'avait une femme, pleurant sur un des cadavres (Oui , ils étaient morts), je me suis mise à genoux et j'ai crié de toutes mes forces, puis tout est devenue noir! Je m'étais évanouie.

Je me suis réveillée, sur un lit d'hôpital. Mais la différence, avec Gabe c'est que mon téléphone avait été volé. Un I phone 7+, qu'il m'avait offert pour mon anniversaire.  Mes affaires avaient été volé.
"Mademoiselle veuillez remplir ce document. (Il était écrit : nom, prénom, âge, situation matrimoniale, lieu de naissance, résidence)
- merci docteur. Et après je pourrai sortir?
- oui mademoiselle. C'était juste une crise d'angoisse. On vous a remonté avec du glucose. Et puis mademoiselle ...
- Noah.
- mademoiselle Noah , félicitations!
- Félicitations ??
- oui vous êtes enceinte !
- 😂😂😂😂😂😂 non mais?! Vous êtes sûrs de vous?
- voici les résultats de vos examens. Et en passant ça va faire 10 000 francs CFA."
J'avais gardé 20 000 francs dans ma poche arrière (un réflexe que Gabe m'avait appris, ne jamais mettre son argent à un seul endroit). J'ai donné 10 000 francs au docteur, et en sortant de l'hôpital j'ai acheté un test de grossesse pour confirmer les résultats des examens. Et quelques gouttes de pipi plutard, j'étais effectivement enceinte. Je me suis tapée un fou rire. 1 mois de grossesse. Donc c'était pour ça l'orgasme: "Gaby, tu ne cesseras de me surprendre!".

Moi, mère!? Quelle nouvelle! Je suis censée être SDF dans 4 mois, et voilà que j'avais un mini Gabe dans mon ventre. Bizarrement, j'étais contente. Il ne m'avait pas quitter sans aucun souvenir, je portais une partie de lui en moi.

InutileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant