chapitre 7

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Le réveil dans la chambre de Carolyn se met à sonner. Sept heures trente. Olivia s'assoit péniblement sur le bord du lit et l'éteint. Elle se frotte les yeux et remarque que son mascara n'a pas tenu la nuit et que ses mains en sont recouvertes. Elle attrape un mouchoir sur la commode et s'essuie difficilement les joues et les mains. Des souvenirs de la soirée jaillissent dans sa mémoire, un sourire s'illumine sur son visage. Mais le bonheur est de courte durée et sa rupture avec Julien la rend vulnérable pendant plusieurs secondes.

Carolyn se réveille à ce moment-là. Ses yeux se posent sur Olivia. Habillée d'un t-shirt XXL, ses cheveux blonds tombent en cascade jusqu'au bas de son dos. Carolyn s'approche silencieusement de son amie et se jette sur elle. Olivia, surprise, se lève d'un coup ce qui enclenche la chute de l'attaquante sur la moquette de la chambre. Cette dernière éclate de rire et est suivie par Olivia tandis qu'elle se relève.

« Tu as passé une bonne nuit Caro ?

-        Ouaip, et connaissant la cuisinière qu'est Lili, le petit déjeuner sera encore meilleur !

-        J'aimerais bien voir ça. Si elle prépare mieux les crêpes que ma grand-mère, j'emménage ici ! »

De très bonne humeur, elles vont rejoindre Lina dans la cuisine mais elles ne croisent que Frédéric, affalé sur le canapé devant un match de foot. Déçues, elles appellent chacune à leur tour leur amie mais tombent sur son répondeur.

Ne se faisant aucuns soucis pour elle, Olivia propose d'aller chercher des cafés et croissants dans une boulangerie à côté. À ce moment-là, le téléphone de Carolyn se met à sonner. « Inconnu ».

« Carolyn Bellhaise à l'appareil. C'est exact. Oui bien sûr. Avec joie, merci beaucoup. À demain. »

Quand elle raccroche, Olivia est déjà habillée, prête à partir. Pendant que cette dernière sort de l'appartement, l'Américaine met rapidement la table pour quatre et réessaye d'appeler Lina, qui ne répond toujours pas. Elle jette ensuite un coup d'œil vers son copain, toujours affalé sur le canapé.

« Bébé ? Tu veux m'aider à faire des jus de fruits ?

- Non pas vraiment.

- On ne fait jamais rien ensemble....

- Rolala, fous moi la paix Caro. Je dois aller bosser dans vingt minutes contrairement à toi. »

La remarque cinglante de Frédéric laisse Carolyn outrée et folle de rage.

« Ben devine quoi ? J'ai un interview demain matin et j'y vais, pas comme toutes les autres fois où tu me l'as interdit.»

Sur ce, Carolyn retourne dans la cuisine énervée, mais arrivée dans un endroit où son petit ami ne peut pas la voir, des larmes coulent silencieusement le long de ses joues. Frédéric l'a toujours rabaissée parce qu'elle n'avait pas de job, mais lui a interdit d'en avoir un.

Entendant la clef dans la porte d'entrée tourner, la jeune femme essuie rapidement ses larmes et va accueillir Olivia avec un sourire forcé. Les jeunes femmes sortent les confitures du frigo, déposent les petits pains dans un grand bol rose et organisent un jus d'orange. 

"A table!"

Quand Frédéric arrive dans la cuisine, ils mangent tous les trois silencieusement. Malgré l'air joyeux de son amie, Olivia remarque que son amie n'est pas bien et lui propose d'aller marcher en centre-ville. Elles sont en route quelques minutes plus tard. 

Lina marche depuis quinze minutes quand elle arrive enfin devant le Bed & Breakfast indiqué par Julien Largetaux. Il est sept heures trente-six, les rues de Manhattan grouillent déjà de passants. En entrant, elle aperçoit son ex assis devant une assiette d'œufs et de bacon. La jeune femme commande un thé puis s'assoit en face de lui. Un silence s'installe sur la table. Il finit son assiette puis la regarde fixement. Un sourire naît sur ses lèvres.

« Qu'est-ce qui te fait rire ?

-        Tu es encore plus magnifique qu'avant Lili.

-        Oui. Ton départ m'a fait beaucoup de bien. »

Lina, voyant que son interlocuteur n'a aucune réponse à son attaque, attrape le thé que la serveuse lui tend puis lui pose la question qui lui brûle les lèvres depuis qu'elle est entrée dans le café.

« Tu es vraiment venu à New York pour moi ?

-        En partie oui. La compagnie pour laquelle je travaille m'a fait choisir entre Hong Kong et New York. Quand j'ai entendu ça, je n'ai pas hésité. »

Le jeune homme la regarde droit dans les yeux.

« Avec Olivia c'était une erreur Lili. Tu me connais, tu as toujours été la seule dans mon cœur.

-        C'est pour ça que tu es parti d'un coup ? Sauf si tu as quelque chose d'important à me dire, je crois que ce serait mieux que tu m'oublies.

-        Et toi ?

-        Quoi moi ?

-        Tu vas faire comment pour m'oublier ? »

Lina ne sait pas quoi répondre et éclate de rire.

« Tu n'as pas perdu ton culot Juju. »

Julien, réalisant qu'il y a une ouverture, lui prend doucement la main et lui chuchote :

« Et tu n'as pas perdu l'étincelle qui brille dans tes yeux quand tu me voies Lili. J'aimerais qu'on réessaye tous les deux. »

Voyant le sourire de son ex disparaître, il lâche sa main.

« J'ai grandi et mûri. Je ne ferais pas la même erreur deux fois.

-        Je peux te dire la même chose. »

Sur ces paroles, elle se lève, laisse un billet de cinq dollars sur la table et sort du Bed & Breakfast. Sachant que son ex ne laisse jamais tomber aussi facilement, une boule dans son ventre grandit alors qu'elle réalise que le petit jeu de Julien porte ses fruits et qu'elle sera bientôt de nouveau à sa merci.

Arrivée à l'arrêt de bus, elle sort son téléphone pour voir apparaître sur l'écran plusieurs appels manqués de ses amies et un message de Carolyn.

ON SORT EN VILLE, RAPPELLE MOI.

Mais avant qu'elle ne puisse appeler Carolyn, Lina reçoit une nouvelle notification, qui retourne de nouveau son ventre.


New York for a HellhartWhere stories live. Discover now