VI) Un temps pour tout

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Deux mois passèrent. Enceinte de huit mois à présent, je n'allais plus en cours. Je ne pouvais plus suivre, et le regard des personnes au lycée m'étaient insupportables. Certains riaient, d'autres avaient de la pitié, ou alors m'insultaient. De p***. Juste parce que j'avais oublié une foutue capote. Les gens me dégoûtaient. Jules lui, continuait à venir me voir, et avait déjà acheté des vêtements pour notre future fille. A mon avis, il avait dû demander de l'argent à ses parents, pourtant ceux ci ne se douteraient pas une seconde qu'ils allaient être grand-parents. Ils allaient bien finir par savoir, mais bon ce n'était pas mon problème, j'en avais assez comme ça.
Il fallait que je me concentre sur mon accouchement ; il paraît que ça fait super mal. Nous avions songé avec Jules que j'accouche sous X, mais j'avais vu des milliers de témoignages en disant que c'était l'enfer à vie; abandonner un enfant, c'est le faire grandir sans parents. Abandonner cet enfant car il est venu trop tôt, était une erreur que je finirai par regretter, c'était pas de sa faute, mais celle de Jules et moi. Alors maintenant il fallait qu'on assume.

Quant a mes parents, ils ne s'étaient pas parlé depuis que je leur avais annoncé ma grossesse, cela me faisait mal, j'étais persuadée que j'étais responsable de la situation. Mon père dormait sur le canapé, ma mère dans la chambre parentale.
Un soir, alors que je réfléchissais dans mon lit à un prénom que je pouvais donner, je sentis un coup de pied assez violent. Je mis alors ma main sur mon ventre. Elle était là, comme moi, elle ne trouvait pas le sommeil.

-Tu dors pas encore? Dis-je à voix basse.

Je sentis un second coup de pied; elle me répondait.

-Oui je comprends, moi aussi j'arrive pas à dormir, papa et maman me tracassent trop avec leurs histoires, c'est ma faute, continuai-je.

Soudain, elle ne répondit pas, elle devait s'endormir, je l'ennuyais avec mes histoires. Ne trouvant pas le sommeil, je descendis boire un verre d'eau, quand je vis mon père sur le balcon, en larmes.
Je me précipitai alors vers lui, c'était la première fois que je le voyais pleurer.

-Mais qu'est ce qu'il se passe mon petit papa? Demandai-je en lui mettant une main sur l'épaule.

-J'ai pas assuré Paloma, je suis un père nul, et un mari nul...j'aurais dû être plus là pour vous, j'aurais aimé être avec toi pour tous les moments difficiles que tu as vécus...répondit mon père en pleurnichant.

-Mais tu sais, c'est ma faute, c'est moi la nulle dans cette histoire, je suis pathétique, sanglotais-je pour le faire culpabiliser.

-Ma fille, ce n'est pas de ta faute, c'est de la mienne, je n'ai pas été à la hauteur, surtout pour ta mère, je te demande pardon.

-Tu sais, ce n'est à moi, c'est à maman qui faut le dire, il faut faire des efforts, elle attend que ça.

-Je vais faire des efforts, je vais être fort pour vous, rajouta mon père en s'essuyant les larmes.

Mon père avait presque réussi à me faire chialer, cependant j'étais bien contente de son changement d'attitude.

Après ça, il a fait des efforts, je ne peux pas le nier, mais ma mère n'y croyait pas, elle était trop déçue.

Pauline m'envoyait des messages tous les jours, elle s'inquiétait pour moi et s'ennuyait beaucoup. J'étais triste de ne pas la voir...
Je me disais que bientôt, j'allais accoucher et reprendre enfin une vie normale (ou presque).

Maman trop tôtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant