V) Réalité

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Plusieurs semaines s'écoulèrent, j'étais maintenant enceinte de six mois. J'allais accoucher dans trois mois.
Quant à Jules, il avait accepté de reconnaître l'enfant. J'étais rassurée. Mes parents, eux, étaient toujours blasés mais avaient fini par accepter la situation, en essayant de gérer au jour le jour.
J'avais également proposé à Jules de venir m'accompagner à la seconde échographie, non pas pour moi, mais parce que c'est celle où l'on peut connaître le sexe. Il avait accepté.
Nous sommes alors partis à la clinique, déposés par ma mère, et attendions sagement dans la salle d'attente. Au bout d'une longue attente, une femme nous fit rentrer. Après m'être déshabillée, je m'installais tandis qu'on m'appliquait le même liquide que pour la première échographie. Après avoir vérifié que tout allait bien, la radiologue nous demanda:

-Voulez vous connaître son sexe?

Je regardais alors Jules qui était assis à côté, qui hochait la tête vers ma direction, sans pour autant répondre.

-Oui, s'il vous plaît, répondis-je poliment.

Après avoir longuement regardé son écran auquel elle était scotchée, la radiologue nous affirma :

-C'est une petite fille.

Je regardais Jules; il esquissa un sourire pour la première fois.
Malgré toutes les angoisses que j'avais, la colère, la honte, j'étais ravie de savoir que j'allais avoir une fille. Jules avait l'air content également.
Tout cela terminé, nous sortions de la clinique pour attendre ma mère.

-Paloma j'te trouve très courageuse, dit Jules.

Je levai les yeux au ciel. A peine sa copine avait le dos tourné qu'il essayait de draguer d'autres nanas. Il était pathétique.

-Ouais c'est bon arrête, je t'ai demandé de me soutenir parce que c'est ta fille aussi, pas de me re-draguer, j'me suis assez pris la honte avec ce que tu m'as dit l'autre fois, lui répondis-je du tac au tac.

Cela lui a coupé le sifflet. J'espère qu'il avait bien compris que lui et moi, c'était terminé.

Rentrée chez moi, je me mis à regarder les échographies. Ce n'était plus un haricot, c'était une petite fille. Ma fille commençait à grandir, et pourtant je ne le voyais pas. Je les donnais ensuite à mes parents. Ma mère, les regarda tendrement, mais son regard était plein d'inquiétude, et de désespoir. Soudain, elle se mit a pleurer en plein milieu du salon.

-Maman! Qu'est ce qu'il y a ? demandais-je.

-Le temps passé trop vite, voilà tout...sanglota ma mère, tu es encore mon bébé, et pourtant tu vas être maman, il y a un temps pour tout...

-Mais maman, tu sais, je serais toujours ta fille... Mais tu sais j'ai peur,
et j'ai si honte, j'ai pas fait exprès...

-Je sais ma chérie, dit ma mère en essuyant une larme sur sa joue, mais ne t'inquiètes pas, on va gérer la situation, papa et moi.

-Mais j'ai plus de bel avenir qui m'attend moi, maman, comment est ce que je vais faire ? dis-je moi aussi en éclatant en sanglots.

Ma mère me prit alors la tête entre ses mains:

-Écoute Paloma, l'avenir qui t'attend n'est pas rose, il est même semé d'embûches mais tu vas y arriver parce que tu n'es pas toute seule, crois moi.

Ces paroles, je m'en souviendrais toute ma vie. Ce sont les plus belles que ma mère m'ait dit.

Maman trop tôtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant