Chapitre 04| Coeur glacé

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Les cris dans les jardins voisins,
Le bruit des quelques voitures qui passaient dans la rue de son quartier,
Les griffes de son nouveau chat contre le carton qu'il lui a gardé,
Le fond sonore de la télé ;
Tel était le quotidien de Victor à présent, pour deux semaines.

Cela devait bien faire plusieurs heures qu'il était dans ce putain de canapé, à regarder des émissions peu intéressantes, parlant de ce froid polaire qui touchait le japon depuis un moment. Il serait bien allé voir son frère, si le temps ne s'était pas refroidit. Pour l'instant, il pouvait seulement rester là, son cul dans ce canapé gris.

Son esprit était totalement ailleurs. Son corps n'était plus qu'une masse posé sur le matelas, ses yeux ne discernaient plus les couleurs et les formes, ses tympans n'entendaient plus rien...

Autour de lui, il n'y avait ni son, ni odeur, ni couleur. Un lieu noir, déserté de toutes vies, humaines, animales, ou autres. Un lieu infiniment trop grand, dans lequel il était sans cesse plongé.

En tentant de faire un pas, un bruit sourds de chaines, de poids, de métal rouillé ou non, se fit entendre. Ses pas étaient durs et lourds. Ce poids, accompagné de ce bruit de métal traîné au sol, était incessant, et insupportable, pour ses maigres épaules.

Mais il continuait d'avancer. Dans ce lieu sombre et sinistre, ou en fond sonore, toute les minutes, il entendait une goutte tomber. Et selon le jours, cela pouvait être une goutte, comme des milliards de gouttes. Cela pouvait même se transformer en neige, ou en grêle. En orage aussi.
L'orage de son coeur

Ses yeux étaient fatigués, et totalement aveugle en ce milieu. Et il ne pouvait se fier aux sons qu'il entendait, les seuls qui venaient à ses oreilles, était ces chaînes et ces poids à ses pieds.

Aucun sons ne sortaient de ses lèvres, malgré quelles soient entrouvertes. Pas un souffle, pas une parole, pas un gémissement de douleur, pas un sanglots. Pas un bruit, malgré les crocs acérées du métal rouillé qui lui coupait les chevilles, et faisait couler le sang sur le sol noir comme le charbon.

Épuisé, il se laissa tomber sur les genoux, ressentant tout le poids de ses actes, de ces dernières années. Ressentant toutes ses dernières paroles, ses regrets, ses hontes, ses remords. Ses épaules tremblaient, tandis qu'il levait la tête. Mais il n'y avait rien. Pas une lumière. Pas les étoiles, la lune ou le soleil ; quelle heure était-il ? Il n'y avait pas un souffle de vent. Il ne faisait ni froid, ni chaud, mais il était frigorifié.

Fébrilement, il tourna la tête, et les vit. Ces poids accrochés à ses chevilles, recouverts de sang. Son sang. Il coulait aussi de ses poignets, qui étaient eux aussi retenus par des poids. Et dans son dos. Il ne les avait pas sentis, mais il les voyaient. Des chaînes. Des milliers de chaines qui étaient reliés à lui, et partaient dans la pénombre.

Il ne distinguait que ça. Rien d'autres. La couleur acier, et le rouge. Cette vision ne le déstabilisait guère aujourd'hui. Il y était habitué. Comme le bruit de la goutte d'eau chaque minutes, cette goutte, ce bruit de quand elle touche une flaque, qui venait de partout et nul part autour de lui.

Puis fut l'énième goutte d'eau.

Son corps tomba. Il avait reçu comme un coup, à l'énième goutte. Ce fut brusque, et douloureux. Son épaule, il eut l'impression quelle se disloqua, puis se brisa en mille morceau, à l'intérieur. Il n'avait plus d'os. Et tout le reste de ses os furent les autres victimes de cette chute.

Il n'était plus qu'une masse. Un cadavre, allongé en ce lieu sombre, enchaîné de partout. Son coeur battait lentement, son sang brûlait dans ses vaines, son souffle était quasiment inexistant. Ses yeux se fermèrent lentement ; et petit à petit son sang s'évapora de ses veines... et son coeur gelé comme la glace cessa de battre.

Ah son réveil, il était allongé sur le canapé, des traces de larmes séchées sous ses yeux. Ce fut avec toutes les peines du monde qu'il se releva, à l'entente des miaulement de son chat. Ses pas étaient lents sur le plancher. Une fois dans la cuisine, il eut des frissons par le carrelage froid sous ses pieds nus. Victor prit une boîte de pâté, en mis dans une coupelle, puis la donna au chaton noir, accompagnée d'une coupelle d'eau.

Il aurait pu avoir un sourire en voyant la petite boule de poils manger avec appétit, mais rien ne vint sur ses lèvres. Rien ne vint sur son visage vide d'expressions. Il se retourna, et partit en silence dans la salle de bain.

Une fois dans celle-ci, il se déshabilla, tout en faisant couler l'eau, puis glissa dans l'eau brûlante. Sa peau, il avait l'impression quelle fondait, tant l'eau lui faisait mal. Son corps devint vite rouge par la température de l'eau, puis il ferma les yeux, et plongea sa tête, se noyant sous cette haut chaude, qui ne lui faisait que du mal.

Ses poumons commençaient à se boucher, à se bruler, à lui faire mal. Il devait se relever et reprendre son souffle, mais il s'en empêcha. Il n'en avait pas le droit. Pas pour tout ce qu'il avait fait jusqu'à présent.

Mais il vit, ou sentit quelque chose, et il releva la tête, reprenant difficilement son souffle. Sa respiration était saccadé, bruyante, irrégulière. Victor regardait le plafond, les yeux grands ouverts, tandis que son coeur battait à lui en faire mal, ses cheveux tombaient sur son visages, collaient contre sa peau brûlante et rouge.

Il les avaient vu. Deux orbes bleues tel l'océan. Deux perles scintillantes, qui l'avaient forcés à reprendre de l'air.

Plic... Ploc... Plic... Ploc...
Plic. Ploc. Plic. Ploc.
Plic ploc. Plic ploc. Plic ploc. Plic ploc.

Ses larmes coulaient en abondances sur son visage, tiraillé et détruit par cette douleur infinie qui persistait depuis si longtemps, et qu'il ne pouvait comprendre. Ses sanglots devinrent vite bruyants, et instinctivement, le garçon mit ses mains devant son visage, cachant sa faiblesse, ses pleures, sa détresse.

Il pleurait seul, tel l'enfant qu'il était, recroquevillé dans l'eau de son bain, devenue gelée.

ᴇᴄʟɪᴘsᴇ || 𝑻𝒂𝒊𝑲𝒚𝒐𝒖 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant