Chapitre 14| Et sans la Lune, le Soleil pleura

206 23 31
                                    

  Sa main avait glissé. Il avait sentit sa peau quitter la sienne millimètre par millimètre. Il avait pu voir ses larmes. Admirer cet horrible sourire. Celui d'un enfant détruit. Celui d'un enfant qui souhaitait disparaître.

  Celui du garçon qu'il n'avait pas pu sauver. Celui du garçon dont il était totalement fou.

  Sa course effrénée au bord de la rivière, il s'en souvenait encore. Il avait encore en mémoire les appels des autres, de quand il se débarrassait de son sac et de sa veste, ainsi que de ses chaussures. Quand il avait du plonger, et voir dans l'eau Victor commencer à remonter, inconscient. Il avait vu son bras amoché. Son front ouvert, ainsi que la cicatrice sur son sourcils.

  Et pourtant, malgré tout, il l'avait trouvé horriblement beau. Et il se haïssait encore aujourd'hui d'avoir pensé ça.

  Tout était allé si vite. L'ambulance. L'hôpital. L'attente. L'arrivée de Vladimir et sa mère.

  Il se sentait couvert de honte. Il s'en voulait tellement, de ne pas avoir sauvé ce gamin. Il avait supplié le pardon. De ses yeux fatigués, il regardait encore ses mains et ses genoux, les revoyant au sol, tandis qu'il suppliait le pardon de Vladimir, en larmes. Comment ne pas réagir autrement ? Il n'avait pas pu sauver le petit frère de son meilleur ami.

  La douleur l'avait achevé, lorsqu'il était tombé en face du corps blanc de Victor, allongé dans le lit, changé, soigné. Inconscient.

  Dans le coma.

  Trois mots. Quatre syllabes.

  Et quand Aitor avait affirmé qu'il s'agissait d'un suicide. Alors que Arion et Skie tentaient de se dire que ce n'était qu'un accident. Comment tenir la face devant les larmes de ses cadets ? Devant le regard détruit et plein de haine d'Aitor, tandis que les quatre autres regardaient le sol, abattus.

  Cette nuit là, Sol n'a pas dormit de la nuit. Ses larmes ont disparues aux alentours de trois heures du matin. Sa mère avait tout entendue. Elle n'avait pas non plus dormie.
  De ses yeux abîmés par le manque de sommeil, ses cernes et la peau de son visage irritées par le sel des larmes, il a observé le soleil se lever. Les rayons orangés et rosés ont illuminés sont visage si rarement pâle, ils l'ont éblouis, et Sol réalisa ce que Victor voyait sans doute chaque matin.

  Une nouvelle journée.

  Une simple nouvelle journée. Longue et lourde.

Et il ne le reverra plus avant longtemps... se dit-il, assis sur le toit de sa maison, qu'il escaladait souvent grâce à la fenêtre du grenier, observant le soleil se lever.

  Les journées sont devenues tristement banales et répétitives. Combien de fois a-t-il reçu des messages des autres pour savoir comment il allait ? Tous savaient qu'il était sans nuls doutes le plus affecté, au même point que la famille du comateux. Il ignorait tout les messages, tout les appels. Sauf ceux de Vladimir.

  Il lui donnait des nouvelles. De lui, des autres, du chat de Victor, de Victor lui même, quand il avait de bonnes nouvelles. Sol s'est vite rendu compte que tout cela lui permettait de ne pas abandonner la réalité. Lui qui passait les premières journées de ce long moment d'attente à regarder le ciel et à dormir.

  Ses rêves et ses cauchemars rythmaient sa vie. Ils ont rythmés sa vie pendant cinq longs jours. Lui qui avait toujours une bonne hygiène de vie. Un bon sommeil. Il n'avait pas certes eut la meilleure vie, mais depuis que sa maladie était du passé, il avait toujours été cet éclat humain du soleil.

  Sa mère ne savait que faire. Et lorsque Sol parvenait à sortir de sa chambre, elle n'était plus à la maison. C'est au bout du cinquième jours qu'il s'est rendus compte qu'elle avait décidée de reprendre sa vie et son quotidien en main. Sol s'est regardé dans le miroir. Il s'est rendus compte à quel point il s'était laissé détruire, bêtement.

ᴇᴄʟɪᴘsᴇ || 𝑻𝒂𝒊𝑲𝒚𝒐𝒖 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant