Chapitre 11| Secondes par secondes, les pétales s'envolent

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La semaine précédent le Brevet des 3èmes est passée. Victor n'est pas revenu une seule fois au club depuis l'incident.
Tous pensaient que le choc lui avait fait comprendre qu'il valait mieux attendre d'être en meilleur forme, d'autres pensaient qu'il préférait réviser, vu tout les cours qu'il avait manqué ; mais en réalité, c'était surtout un moyen de se rassurer.

Car depuis, Sol n'était plus vraiment le même lui aussi.

Il était toujours un très bon attaquant, un très bon élève, un très bon ami. Mais il y avait ce quelque chose qui était parti en lui. Il était plus morose.

« C'est l'approche de mes examens, ça me stresse, c'est tout ! »

Et tout le monde essayait de le croire, pour se rassurer.

→ Vendredi 29 juin, 13h53, épreuves de Physique-chimie/SVT

Le voilà une nouvelle fois affalé sur sa table, sa feuille retournée et posée sur le côté. Les yeux à moitiés clos, la bouche asséchée, le corps lourd et douloureux. La chaleur du soleil brûle son corps d'une doucereuse façon, que Victor ne peut en être que victime. Installé sous la fenêtre, sous ordre alphabétique, il ne peut battre cette gigantesque boule de feu, point lumière dans le ciel aveuglant le jour, d'une douceur le matin, spectaculaire le soir.

Il n'attend plus que la fin de l'épreuve. encore un quart d'heure. Ça fait déjà un quart d'heure qu'il attend. Les sujets de sciences étaient bien trop simples. Ou peut-être était-ce lui le problème ? Il ne comprenait pas pourquoi tout le monde galéraient. Mais il haussa les épaules. Ce n'est rien s'il rate ce diplôme, il n'est pas spécialement important. Vraiment, il s'en tape royalement de ne pas l'avoir. Il aura les doux mots de sa mère, et les remarques abjectes de son père, et ce sera fini.

Victor ferma les yeux. Bloqué dans cette salle, à devoir attendre pour sortir. S'il sort, tout est finit. S'il sort, la troisième est finit. Tous seront en vacances. Les troisièmes étaient les derniers à passer leurs épreuves nationales. Victor pourra à nouveau s'enfermer chez lui, deux mois durant. Il n'aime pas l'été. Il n'aime pas sortir. De toute façon ses amis commencent à lui prendre toutes ses forces. Il ne s'est jamais sentit à l'aise dans un groupe auparavant, déjà à l'école, en primaire, il était très introverti, une vraie poule mouillée.

Lorsqu'il ouvrit à nouveau les yeux, il sentit une nouvelle chaleur le brûler, lui brûler l'épiderme, certes, mais surtout le corps, le coeur. Ses poumons, ses intestins, son ventre, ses muscles, tout y passe. Cette brûlure le bouffe en entier. Et un visage lui apparaît. Quelqu'un à qui il n'a plus parlé depuis des jours, sept jours. Sept jours à se fuir mutuellement, d'une façon ridicule.

Il l'avait brutalisé, alors que ce garçon ne cherchait qu'à l'aider. Il lui avait crié dessus, l'avait foudroyé du regard. Alors que Sol avait été le premier à sauter dans le trou, pour l'en sortir directement. Il n'avait pas juste tendu une fragile perche. Il était venu dans les ténèbres.

Mais à présent, Victor avait les ailes arrachées. Tout ça par sa bêtise idiote.

Soudain, le professeur frappa dans ses mains. L'épreuve était finie. Victor attendait que l'on récupère sa feuille, pour se lever, les muscles toujours aussi douloureux. Il récupéra son sac posé juste sous le tableau, avec tout les autres, rangea sa trousse, ses papiers d'identité qu'il se devait d'emmener pour l'épreuve, et sortit, sac sur le dos.

Il se retrouva dans la cour, et regarda tout autour de lui. Tout le monde partait, le coeur léger, sourire au lèvres. Lui, il était seul, silencieux, seul ombre au tableau alors qu'ils étaient enfin tous en vacances.

Enfin tous libre.

«- Victor ! »

Le ténébreux tourna la tête, pour voir ses cinq amis arriver. C'est ainsi qu'il se rendit compte qu'il venait de rester près de cinq minutes debout, comme une statue, figé dans le temps, au beau milieu de la cour.

ᴇᴄʟɪᴘsᴇ || 𝑻𝒂𝒊𝑲𝒚𝒐𝒖 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant