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Paris.
Juin 20**

Z I A D

J'entends mes sœurs crier de joie à côté de moi. Je félicite ma sœur le coeur lourd. La haine que je porte est tout sauf légère. A peine revenu dans leur vie que l'une d'elle me quitte déjà. Croyez-moi, elle ne m'entendra jamais le lui dire ça. Mais le pire dans l'histoire, c'est que je ne vais pas pouvoir voir ma soeur habillé ni en robe blanche, ni en robe traditionnelle. Je ne la verrais même pas sur la Aamariya*. Sans oublier que je ne pourrais même pas voir la gueule de son mari ni même celle de ses enfants. Ce fils de lâche m'a privé de ce qu'il y'a de plus important pour l'être humain : la bonne santé. L'un de mes cinq sens m'a été confisqué : la vue. Il m'a rendu faible. J'espère que de son lit d'hôpital il verra l'enfer. Passons. Ont évitent ce sujet sinon je deviens nerveux et désagréable en une fraction de secondes et cets vraiment pas le moment.

Safae - Putain Safia ton mari il est trop frais.

Moi - Calme tes pulsions toi là-bas là !

Je dis à Safae pendant qu'elles sont toutes les deux en train de mater les photos du nouveau de la famille. Il vient demain demander la main à ma sœur. Je vais même pas pouvoir voir la gueule du mec à qui je vais confier ma soeur !
Je lève mes fesses du canapé et guider par leur voix, je marche jusqu'à arriver à leur hauteur. Maintenant que je me suis habitué à mon handicap, j'ai adopté un bon sens de l'orientation. La vie d'un aveugle, c'est pas si compliqué les frères. Faut juste savoir et apprendre à vivre avec. Mais il faut surtout l'accepter, sinon jamais tu vivras tranquille. Moi ? Je l'ai toujours pas accepté. Mais j'ai accepté que mes sens soient beaucoup plus développés que ceux des autres. J'ai l'odorat, l'ouïe et le toucher beaucoup plus développer que mes sœurs, c'est déjà un point que j'ai de plus fort qu'elle. Un point sur lequel je peux dire que je suis fort à défaut d'être faible sur tous les autres points... J'avoue que c'est un avantage mais quand tu n'acceptes pas encore ton handicap, comme moi, tu ne vois pas le positif qui t'est offert.

J'entends quelqu'un se lever. J'ai du demandé à ma mère et a mes sœurs de mettre qu'un seul parfum chacune et de ne pas le changer. C'est pour que je puisse les distinguer. Ça va vous paraître louche parce que je peux les distinguer par milles et unes autres façons mais le parfum je trouve que c'était le plus simple. Rien qu'en respirant je sais qui est près de moi ou pas sans avoir à poser des questions inutiles ou à toucher le visage ou le corps de l'une ou de l'autre. Et la, je reconnais le parfum à Safia qui se blottit dans mes bras. Je sens mon épaule devenir humide.

Moi - Pourquoi tu pleures mocheté ?

Safia - Pour rien, t'inquiètes pas. - elle dit en reniflant -

Ces larmes ne sont rien à côté des larmes qu'elle a versé quand je suis revenu. Même ma mère n'en a pas versé autant. Probablement sous l'emprise du choque plus que celui de l'émotion. Mais je peux vous dire que leurs larmes ont coulé à flots quand elles ont su que je suis devenu aveugle. J'en ai eu mal au cœur parce que cette fois ci c'était pas à cause de lui qu'elles versaient des larmes, non. C'était à cause de moi, pour moi. Je ne leur avais que j'étais aveugle avant d'arriver ici. C'était pas pour leur faire la surprise mais juste pour ne pas les inquiéter. Je les connais, mes sœurs seraient carrément venues me chercher elles-mêmes par peur que je fasse le trajet seul. Et c'est mort. J'ai pas envie de me faire assister pour tout et rien.

Ce qui atteint le coeur plaît à l'oeil.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant