\Flashback/
Sa main pesait sur mon corps, une masse de douleur et de tremblements. L'autre, plaquée sur ma bouche, étouffait mes cris intérieurs. Mon être se désintégrait sous l'assaut de la douleur, les entrailles se tordant en écho à chaque souffrance. J'étais figé, paralysé non seulement par la terreur, mais aussi par la honte et le dégoût. Dans cette tourmente, je peinais à discerner ce qui me répugnait le plus, lui ou moi. Les deux options me semblaient plongées dans un océan d'incertitude.
Une nausée m'envahissait, un besoin impérieux de purger les ténèbres qui me rongeaient de l'intérieur. Comment décrire cette journée maudite ? C'était un sombre jour de décembre, le ciel chargé de grisaille laissant tomber une neige légère. Les routes étaient blanches, figées par un froid glacial.
Mes yeux étaient déjà empreints de ténèbres, ma peau d'une pâleur cadavérique, marquée par les coups infligés sans merci. Les bleus ornant ma peau témoignaient de la brutalité subie, avant même que l'atroce abus ne survienne. Je me sentais totalement déconnecté.
Au fil du temps, ses assauts ne m'atteignaient plus. Je n'éprouvais plus rien, mon âme semblait s'être éteinte avec le reste de moi. Je me souviens, il maintenait mes mains au-dessus de ma tête, les serrant si fort que mes poignets brûlaient. Le moindre mouvement était sanctionné d'un coup dans les côtes. Dans ce calvaire, je murmurais des prières sans fin, espérant qu'il prenne ma place, submergé par ma haine et ma tristesse.
Mais il était trop fort, je n'avais aucun contrôle !
La rue où se déroulait cet enfer était plongée dans l'obscurité, l'air glacial étouffant mes sanglots. Lui, s'amuser et se délectait de ma destruction.
Je voulais arrêter le temps, le faire reculer pour échapper à ce cauchemar, me perdre dans un futur sans souvenir. Mais je n'avais aucun pouvoir sur les aiguilles de l'horloge. Dans ces moments-là, tout ce que l'on souhaite, c'est oublier, espérer encore un infime espoir.
Et puis son souffle dans mon cou, ses paroles immondes me répugnaient.
J'ai fermé les yeux avec force, désirant m'endormir pour l'éternité, échapper à ce réveil infernal.
Il avait volé une part de moi, une part que je ne retrouverais jamais...
Il l'avait assassinée...
Et moi, il m'avait violé...
Je crois que je ne peux plus vivre, je n'y arrive plus, je ne le mérite plus... J'aurais dû faire quelque chose, mais je n'ai rien fait, je n'avais pas la force de lutter.
Chaque instant, je contemple le saut hors de cette fenêtre, cette fenêtre qui m'appelle...
Je ne peux plus vivre, je ne le mérite pas...
\Fin du Flashback/
Il est vrai que je ne mérite peut-être pas de vivre. Rien ne me retient ici. J'aimerais pouvoir effacer ce jour maudit de ma mémoire
.Je me regarde une fois de plus dans le miroir, contemplant mon corps dénudé couvert de cicatrices. Dans le reflet, je vois une fille pitoyable, avec des cernes sous les yeux et un visage marqué par la souffrance. Une nausée me prend en me voyant ainsi.
Je jette un œil au calendrier. Aujourd'hui est le grand jour, le jour où je mettrai fin à ma vie. Je suis morte à l'intérieur, complètement vidée de toute énergie. Je n'ai plus rien à vivre, plus rien à perdre.
Je prends mon sac et quitte la maison, résolue.
L'air glacial me frappe au visage dès que je sors de chez moi. Il fait terriblement froid. Je me dirige vers un pont, franchis la rambarde et me tiens face au vide, regardant la neige tomber du ciel.
Willow, 16 ans, va enfin se libérer de tout, s'envoler vers la liberté...
Il est la cause de mes cauchemars et sera celui qui me poussera à sauter.
Après de longues minutes à contempler ce ciel gris, je me penche au-dessus du pont. Mais une main attrape mon bras.
Pourquoi ?
A Suivre...
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Détruite
Ficção AdolescenteDans un décor d'hiver impitoyable, où le mercure plongeait à un glacial -15 degrés Celsius, la neige tombait en silence, enveloppant tout de son manteau blanc immaculé. Sur le parapet d'un pont, une jeune fille se tenait, prête à plonger dans l'abîm...