Cette soirée d'été était d'un calme et d'une douceur presque amère aux yeux du jeune Albus Dumbledore. Celui-ci était de retour à Godric's Hollow pour l'enterrement de sa mère Kendra. Cette expérience était certes, l'une des plus douloureuses qu'il ait pu endurer de sa courte vie, mais cet obstacle émotionnel venait contrecarrer tous ses projets. Il aimait sa mère, mais ce contretemps allait forcément bouleverser toute sa vie. Et ça, il n'arrivait pas à l'accepter. Devoir s'occuper d'Abelforth et d'Ariana pendant cette période si importante pour son avenir allait tout gâcher. Assis sur l'un des trottoirs de sa rue, essayant de prendre une grande bouffée d'air frais en cette fin de journée, c'est le cœur lourd, plein d'amertume et de tristesse, qu'Albus se dirigea en direction de sa maison.
Il devait se préparer pour la cérémonie organisée par Bathilda Tourdesac, leur vielle voisine très encline à s'introduire dans la vie des gens, mais très gentille et intelligente malgré tout. Cette femme allait être d'un grand soutien pour traverser ce deuil, et pour l'aider avec son frère et sa sœur.
-Albus ?
La voix d'Ariana, clair et douce, le sort de son état léthargique. Essayant de reprendre contenance, le jeune homme se retourna et fît face à sa sœur. Bien qu'il l'aimât de tout son cœur, lorsqu'il la regardait au fond des yeux, tout ce qu'il pouvait ressentir était déception et animosité. Un grand sentiment d'injustice et une profonde colère l'envahissait. Tous ses projets de vie... envolés à cause de sa sœur et de son incapacité à contrôler sa magie et ses émotions. Si Ariana n'avait pas eu cette crise, leur mère serait toujours vivante à l'heure qu'il est. Si elle avait su se défendre il y a quelques années de ça, leur père ne serait pas en prison pour s'en être pris à ses agresseurs Moldus. Si Albus en était là aujourd'hui, c'est entièrement de sa faute. Et pourtant... lorsque son regard croisa le sien, il ne pût s'empêcher de ressentir de l'amour, et une certaine compassion à son égard. Si lui ressentait ces émotions, que pouvait-elle bien ressentir en étant la responsable de la chute de leur famille ?
-Tout va bien ? Demanda-t-il, essayant de paraître le plus aimable possible.
-Oui. Regarde, Abelforth m'a trouvé cette jolie robe. Je pense que mère l'aurait beaucoup appréciée. Elle lui appartenait je crois...
Malgré sa rancœur, Albus devait bien admettre qu'Ariana était devenue une jeune fille de quatorze ans resplendissante. Et, plutôt brillante, pour une sorcière ne sachant pas se contrôler.
-Oh... tu ne l'aimes pas, c'est ça ?
Le teint devenu rouge, embarrassée, Ariana se mit à réajuster vainement sa robe en soie bleue. Culpabilisant secrètement de penser de telles horreur sur sa sœur, Albus s'approcha d'elle et lui attrapa tendrement les épaules pour plonger son regard dans le sien.
-Si Ariana, je la trouve magnifique. Elle te va très bien. Mais tu dois absolument arrêter de perdre tes moyens de cette façon, d'accord ? On peut te lire comme dans un livre ouvert, et ça ne te causera que des problèmes.
Intimidée, Ariana hocha vivement la tête. Puis, la forte voix d'Abelforth brisa le moment. Albus ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel.
-Ce n'est pas comme si elle le faisait exprès, tu sais. Nous n'avons pas tous la capacité d'étouffer nos émotions comme toi, mon frère.
-Ou de les étaler au monde entier comme toi, rétorqua le jeune homme.
-Ne vous disputez pas... supplia Ariana. Pas en de telles circonstances. S'il vous plaît.
Se défiant du regard de longues secondes, Abelforth finit par abandonner.
-Tout va bien, marmonna-t-il. Ne t'en fait pas. Allez vient, dépêche-toi, Bathilda et nos invités vont nous attendre.
Emportant déjà Ariana avec lui, celle-ci se retourna vivement vers son aîné.
-Mais, et Albus ?
-Albus à des hiboux importants à envoyer au Ministre de la Magie, lança-t-il d'un air sarcastique.
-Je vous rejoins dans dix minutes, je dois récupérer ma baguette dans le salon, dit-il, ignorant royalement son frère.
Après un furtif clin d'œil de la part d'Albus, Ariana sourit et rattrapa Abelforth, marchant à quelques mètres devant elle. Pouvant enfin penser à des choses plus utiles, Dumbledore prit le chemin de sa maison, bousculant au passage un autre jeune homme, lui aussi particulièrement agacé et plongé dans ses pensées.
Gellert Grindelwald, à bout de nerfs même après sa longue balade dans ce village rempli de sorciers sans grande importance, se pressa pour rentrer chez sa grand-tante Bathilda, qui était bien la seule sorcière intéressante dans ce village selon lui. Elle n'était certes, pas aussi brillante que lui, mais c'était une grande historienne. Et avec un peu de chance, s'il restait aimable avec elle, peut-être lui concédera-t-elle un chapitre dans un de ses futurs livres. Arrivant devant la porte de la vielle maison de Bathilda, Gellert fut d'abord surpris de trouver dans le jardin des invités tous de noir vêtu et des tables remplies de nourriture, avant de vaguement se rappeler de cet enterrement dont elle lui avait parlé plus tôt dans la matinée.
Se doutant que ses invités ne devaient être guère intéressés pour parler avec un jeune sorcier venant tout juste de se faire virer de son école, Grindelwald transplana dans sa chambre, sachant pertinemment que si Bathilda l'apprenait, elle commencerait à lui faire une morale durant plus d'une heure sur les règles de politesse dans sa maison, et dans le monde des sorciers en général. Autant dire que cette vielle branche n'avait pas du tout apprécié d'apprendre que son petit neveu s'était fait renvoyer d'une école si prestigieuse que Dumstrang pour outrance et mise en danger de ses camarades. Lorsqu'il avait été question de lui expliquer à quel point les professeurs de cette école et ses élèves étaient d'une médiocrité absolue face à ses connaissances à lui, elle l'avait immédiatement envoyé dans sa chambre à coup de pieds aux fesses. Littéralement. Si elle n'avait pas trébuché en voulant lui infliger un Doloris après lui avoir dit qu'il avait proposé au directeur de l'école de prendre sa place, il était évidant qu'il ne serait plus là aujourd'hui.
S'affalant sur son lit, Gellert poussa un long soupir d'agonie. Cet été s'annonçait être d'un ennui mortel. Heureusement, les Reliques de la Mort occupaient la plupart de son temps et de ses journées. Passant son temps à arpenter les rues de Godric's Hollow à la recherche du moindre indice et de la moindre information, son projet prenait plus que jamais forme. Après avoir appris dans le compte des Trois Frères l'existence et les origines des Frères Prewett, supposés premiers propriétaires des Reliques et reposants à Godric's Hollow, son excitation fût à l'apogée. Demain, il se rendra au cimetière du village, et il était persuadé qu'il trouvera enfin réponse à toutes ses interrogations.
Perdu dans ses rêves de grandeur, il n'entendit pas Bathilda monter les escaliers, et ne sortit de ses pensées que lorsqu'elle toqua à sa porte. Ennuyé, il se leva péniblement pour aller l'envoyer bouler. Mais la présence d'un jeune homme en sa compagnie l'en empêcha. Un peu surpris, analysant son physique et ce qu'il dégageait, Gellert n'écouta que d'une oreille les informations que Bathilda lui donnait.
-Gellert, je te présente Albus Dumbledore. Je connais sa famille depuis de nombreuses années, ce sont des gens très respectables. Je suis sûre que toi et lui aurez beaucoup de choses à vous raconter. Lui aussi est un élève brillant !
N'ayant retenu que deux informations : son identité et sa supposée intelligence valant la sienne, il finit par tendre sa main au jeune homme présent devant lui avec un sourire charmeur.
-Gellert. Enchanté de faire ta connaissance, Albus.
Examinant la main de cet étrange sorcier, Dumbledore hésita quelques secondes avant de la lui serrer, un sourire aussi charmeur que le sien collé aux lèvres.
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The greater good
Fiksi PenggemarLa vie du jeune Albus Dumbledore vient de voler en éclat. Avoir à gérer son deuil et celui de sa famille ne faisait pas parti de ses grands projets d'avenir. Retour à la case départ : être coincé à Godric's Hollow, ce village qui jamais ne le pousse...