Vouloir voler - II

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Grindelwald observa ce fameux Albus d'un œil critique et intéressé. Il était vrai qu'il ne manquait pas d'un certain charisme, et il possédait une prestance non négligeable. Le jeune sorcier décela immédiatement une puissance émaner de lui.

-Enchanté Gellert. Combien de temps restes-tu parmi nous ? Bathilda m'a dit que tu ne restais que pour un court séjour ?

-Disons que je resterais ici le temps nécessaire, éluda-t-il, un grand sourire plaqué aux lèvres.

Se rendant compte qu'il tenait toujours la main de Grindelwald, Dumbledore mit les siennes derrière son dos, sa curiosité maintenant piquée par l'air énigmatique de sa nouvelle connaissance. Bathilda, voulant laisser Albus et son petit-neveu discuter plus tranquillement, descendit alors les escaliers avec difficulté pour rejoindre les invités.

-Je t'en prie rentre, fini par proposer Gellert en montrant d'un mouvement de tête sa chambre.

Ne se faisant pas prier, Albus rentra et se dirigea immédiatement par la fenêtre pour jeter un coup d'œil au jardin et à Ariana et Abelforth. Il ne manquerait plus qu'ils se fassent remarquer devant tous ces gens si importants dans le monde de la magie.

-Je n'ai jamais vu autant de gens dans son jardin, lança alors Grindelwald, adossé à sa porte de chambre.

-Je suis désolé pour ça, j'avais pourtant dit à Bathilda que ce n'était absolument pas nécessaire. Une petite cérémonie aurait suffi.

Surpris, Gellert rejoignit Albus près de la fenêtre.

-Tu veux dire que la personne que ces gens pleurent t'était familière ?

-C'était ma mère, murmura-t-il, avant de tenter vainement de prendre une grande inspiration.

Ces derniers jours, il avait été très difficile pour le jeune Albus de respirer correctement. La douleur était encore bien trop présente. Parfois il se détestait de ressentir une telle détresse. Tout ça ne l'aidait en rien à progresser dans sa vie. Mais il finissait toujours par se rappeler que malgré son statut de grand sorcier, il restait humain. S'il voulait toujours l'être, il devait accepter ses émotions, peu importe si celles-ci l'empêchaient parfois de respirer correctement. Essayant de penser à autre chose, il planta alors son regard dans celui du jeune homme présent à côté de lui, et manque presque de se cogner contre son bureau. Les yeux de ce Grindelwald étaient d'une beauté à couper le souffle. Son œil bleu, pure et électrique, contrastait énormément avec son œil marron, plein de détermination.

-Je suis désolé de l'apprendre, fini par dire le jeune homme, troublé.

De plus en plus intéressé par Albus, Gellert se mit à l'observer de manière plus insistante, voulant en apprendre un peu plus sur lui et sa vie. Mais le surprenant encore d'avantage, Dumbledore prit les devants.

-Je ne t'ai jamais vu à Poudlard ! De qu'elle école vient-tu ? Ilvermorny ? J'ai l'impression d'entendre un accent américain dans ta voix.

-Non. On n'enseigne pas à Poudlard ou Ilvermorny ce qui m'intéresse. Je viens de Dumstrang.

Stupéfait, Albus ouvrit de grands yeux.

-Dumstrang ... cette école est connue pour enseigner la magie noire, est-ce que les rumeurs sont vraies ?

Parlant enfin d'un sujet qui l'intéressait, Gellert sourit à pleine dents, ce qui n'échappa guère à Albus, trouvant d'ailleurs son sourire très plaisant.

-Elles sont très vraies ! S'exclama-t-il, fier. Mais les professeurs de cette école ne l'enseignent pas comme il se doit. Même si ça ne leur a pas plu, je leur ai fait savoir.

-Qu'est-ce que tu veux dire ? Demanda Albus, maintenant avide de réponses.

-Ils m'ont renvoyé.

-Avant de te donner ton diplôme ? Ce n'est pas habituel, en temps normal ils ne relâchent jamais un sorcier sans qu'il n'ait été entièrement formé... tu as vraiment dû faire quelque chose de grave pour que ça arrive, dit-il, prudent.

-Bien sûr que non ! S'exclama Grindelwald, maintenant irrité. Certains élèves de ma classe sont venus se pavaner devant moi en ricanant qu'ils étaient certains que les rumeurs sur moi étaient fausses. Ils prétendaient que je n'étais pas aussi puissant qu'on le raconte. Je leur ai simplement montré qu'ils avaient tort. Il s'est avéré que comme je le pensais, ils n'étaient pas assez puissants pour se défendre face à moi, et le directeur a décrété qu'avoir utilisé un sort aussi dangereux contre des élèves était le motif d'un renvoi définitif.

-Je suis désolé pour toi, affirma Dumbledore, mentant à moitié.

Il était certes, désolé pour lui et son avenir compromis, lui-même connaissant cette situation, mais même si ces élèves se moquaient de lui, il n'avait en aucun cas le droit de s'en prendre à eux avec un sort mortel. Une grande intelligence impliquait forcément une grande responsabilité, il devait le savoir. Mais bien évidemment, il se garda de lui faire remarquer.

-Oh ne t'en fais pas pour moi. Ça n'a en rien changé mes plans futurs.

Une lueur brillait dans ses yeux, ce qui n'échappa pas à Albus. Lui, privé de toute perspective d'avenir, ne put s'empêcher de perdre encore un peu plus le moral.

-Et toi alors ? Si ce que Bathilda dit est vrai, tu dois être diplômé de Poudlard à l'heure qu'il est. Tu dois bien avoir des projets ?

-J'avais des projets, oui en effet. Mais après la mort de ma mère... j'ai le devoir de m'occuper d'Abelforth et d'Ariana.

Grindelwald ne comprenait pas vraiment en quoi devoir s'occuper de sa fratrie sans aucune particularité devait être sa priorité si sa mère était maintenant décédée. Son jeune frère devrait être tout à fait capable de s'occuper de sa sœur et de lui-même sans empêcher Albus d'arriver à son plein potentiel. Quel gâchis...

-Bon... ça a vraiment été un plaisir de te rencontrer Gellert, mais je pense qu'il est temps pour moi de descendre, les invités sont là pour nous, je me dois d'être présent également.

-Bien sûr, ça va de soi. À la prochaine fois alors ?

Arborant une fois de plus son sourire charmeur, Grindelwald tendit sa main à Dumbledore. N'hésitant pas une seule seconde cette fois, il l'attrapa et salua son nouvel ami.

-À la prochaine fois.

Durant deux petites secondes, ils ne se quittèrent pas des yeux. Pour la première fois depuis longtemps, Albus avait trouvé un égal, et Gellert, un moyen d'arriver à ses fins sans être complètement seul. En observant Dumbledore quitter sa chambre, il prit alors une décision : il lui enverra un hibou dès le lendemain matin à la première heure.

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