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Le feu brûlait vivement devant nous. Il brûlait presque au même rythme que les mots que tu avais jeté dans l'air, comme ça. Juste parce que tu ne savais pas quoi en faire, parce que tu avais envie de parler. Tu n'aimais pas vraiment le silence, tu le trouvais trop bruyant, et je comprends. En fait, je l'ai compris une fois que tu es parti et que tu m'as laissé seul, j'ai compris que tu riais pour briser la solitude et la lourdeur de l'ennui, tu criais pour contrer les pensées irrationnelles qui hantaient ton être. Alors maintenant, tu attendais juste que le temps passe, regardant le bois se consumer lentement, presque en même temps que ton âme. Tu hurlais ta peine sans un bruit, j'avais réalisé à mon tour à quel point le silence était bruyant. Dehors, la couche de neige tombait encore, ne voulant pas s'arrêter, comme les larmes qui roulaient et tombaient sur mes mains gelées. Le décor était blanc, il était facile de différencier les sapins surplombant notre voiture et la balançoire cassée qui survivrait malgré tout. Pas comme nous.

Les temps avaient changé. Désormais, il n'y avait plus de "nous", il n'y avait que des "je". Les temps étaient devenus glacés, l'hiver nous ressemblait, froid, blanc, déprimant. Pourtant, aucun de nous deux n'avait voulu ça, nous voulions grandir avec notre amour, celui qui nous a bercé durant notre tendre enfance, celui qui a su nous conforter, celui qui t'as fait quitter tout ce que tu connaissais pour moi. Tes parents, notre ville, nos amis. On est parti, on pensait pouvoir s'en sortir, ne pas se lasser, s'aimer sans jamais faiblir, mais les rêves étaient trop superficiels, nos envies trop grosses, on avait les yeux plus gros que le ventre. On avait quitté la capitale et notre sureté pour un petit village dans le sud du pays. On voulait juste partir, partir loin.

En fait, ils nous ont fait partir. On ne voulait pas l'assumer.

Mais voilà seulement 2 mois, c'est dur. Beaucoup plus qu'on ne le pensait. On dormait dans la maison d'hôtes de mes parents, les seuls qui ont voulu nous aider. On ne travaillait pas, l'argent ne coulait pas à flot, c'était l'enfer. Notre relation s'est dégradée, alors qu'elle était censée se renforcer. Je n'y croyais pas, je n'y crois plus.

-Tu... Veux du café ?
-J'aime pas le café.

Peut-être que j'étais dur, trop dur, mais je voulais croire que tu le méritais. Au fond, tu le méritais. Moins que moi peut-être, mais tu le méritais. En plus, j'aimais vraiment beaucoup le café. Il remplaçait l'amertume déjà présente dans ma bouche par une autre plus aigre et corsée, le temps d'un café j'oubliais la colère que je ressentais.

-Du thé ?
-Je vais prendre de l'eau.

Ta tête s'abaissa tristement, tu te levas dans un mouvement lent et sombre, te dirigeant vers la cuisine pour m'apporter un verre et de l'eau. Je n'aimais pas beaucoup l'eau. Elle n'avait pas de goût, était fade et limpide mais indispensable, comme la personne que tu es devenue. Mais toi, je t'aime.
Tu posas en veillant à ne pas faire trop de bruit le verre devant moi et le remplit, emplissant la pièce du bruit des gouttes d'eau se rencontrant. Je n'attendis même pas que tu finisses pour attraper mon verre et boire, recouvrant ma main d'eau et créant une flaque sur la table. Tu observas cette flaque un moment, inspirant et expirant longuement, espérant te calmer. J'aurais presque pu sourire si je le faisais par plaisir, mais ce n'était pas le cas. Je détestais ça. Je détestais me sentir loin de toi même si nos genoux se touchaient, ne pas pouvoir te prendre dans mes bras et te parler pour oublier tes pensées noires, te regarder dans les yeux jusqu'à ce que je me noie, je détestais ça. Et pourtant, quand tu reviens avec un torchon pour essuyer ma bêtise, je roulai des yeux, attisant toujours plus ta colère.
Tu étais calme de base, tu souriais peu, tu riais peu, tu ne parlais pas, tu n'avais pas besoin de le faire pour que je te comprenne. On n'avait pas besoin de mots pour parler. Et pourtant, aujourd'hui, j'ai l'impression qu'il faudrait plus que des mots pour que je puisse te comprendre à nouveau. Et ça faisait mal.

Je me souviens de cette lettre que tu m'avais écrite à l'anniversaire de mes 15 ans. Tu avais surmonté ta dépression, tu disais que tu m'aimais plus que tout, tu disais même que tu étais ma réponse.

Que s'est-il passé en presque 2 ans ? Dis-moi, on ne parle plus comme avant, on ne se regarde plus comme avant, on ne s'aime plus comme avant, est-ce que c'est à cause de ce qu'on a fait, Minho ?

Est-ce que c'est parce qu'on s'aimait qu'on a fait ça ?

Cette bêtise qui nous a mené là ?

×××


J'ai milles ans de retard mais bon :)
I'm back with le chapitre 1, c'est un peu le bordel mais vous inquiétez pas, ça va être plus clair avec les chapitres hihi.
Si vous avez des questions ou des choses à me faire remarquer, ou même des critiques constructives, n'hésitez pas, j'ai l'impression que ça peu beaucoup m'aider, je galère un peu à écrire en ce moment.
Bref, bonne lecture et à une prochaine <3

ƇσмƒσятOù les histoires vivent. Découvrez maintenant