Il faisait sombre. J'étais dans cette chambre grise et vide, pour seul meuble un lit double paré de draps blancs aux détails noirs. Les rideaux étaient fermés ; aucune lumière ne pouvait entrer, c'était noir. Les murs n'avaient pas de couleurs. Ils étaient abimés, sales, rigides, ils étaient vieux comparés au reste de la maison. Moi, je trônais presque trop gaiment au milieu de la pièce. J'attendais avec impatience, réprimant un sourire malsain, laissant mes pieds taper frénétiquement contre le sol usé de la chambre. Mes doigts, ils tapaient contre ma joue ronde et rose, j'attendais. J'attendais qu'enfin il se montre et que notre plan soit mis à exécution. J'attendais tant mon malfaiteur que toi, Minho. Et quand enfin la porte de la salle s'ouvrit dans un bruit effrayant, laissant place à une silhouette plus que détestable, l'adrénaline s'en prit de moi. L'homme était vilain. Je ne sais quelle lumière me permettait de distinguer son visage creux, pâle et mesquin, son corps maigre, difforme et rêche, son sourire méprisant et coquin, mais je pouvais voir. Je pouvais entendre aussi. Chaque pas qu'il faisait était porteur d'un suspens sans nom. Comme si dès qu'il posait son pied au sol, un affreux Do grésillant résonnait dans la pièce, amenant des mots inquiétants avec lui. Puis dès que sa voute plantaire quittait le sol, même pour une demi-seconde, un angoissant Si se faisait entendre, presque silencieux.
En fait, c'était comme si la scène était au ralenti. Mon cœur battait fort, trop fort, il résonnait contre mes tempes et mon sang affluaient trop vite dans mes veines, ma respiration était trop bruyante, saccadée, comme si j'avais peur de respirer. L'homme avançait, finalement il avançait, et ses lèvres se mirent à bouger. Je ne me souvenais pas de ce qu'il avait dit, mais ses lèvres avaient bougé. Elles avaient dit un seul truc, un seul fichu mot que je n'avais pas été capable d'entendre, le seul mot qui était la solution à notre misère. Mais il y avait plus important. L'inconnu venait de sortir un couteau de sa poche. Est-ce que tu te souviens que ce n'était pas prévu, ça ? Comme on ne savait pas, ça, mon cœur s'était arrêté, j'avais eu peur, et j'ai encore peur. Je pouvais voir le couteau se rapprocher dangereusement de moi et de mon cou dénudé, de moi et mes sueurs froides, de moi et le cri strident que j'avais poussé, qui nous a mené jusque-là. Tu te souviens ? J'avais hurlé la mort, comme si elle allait me prendre, ma voix s'était déformée, puis s'était évanouie contre le mouchoir que l'exécrable avait appuyé contre ma bouche. Et tu es arrivé.
Tu sais, comme le couteau n'était pas prévu, le cri non-plus. Donc toi, par conséquent, a été alarmé par mon beuglement et tu es arrivé en courant dans la chambre, inquiet et apeuré. En voyant ce que tu as vu, ce que j'ai oublié, tu as paniqué. Tu as paniqué, trop, et tu as attrapé une chaise qui trainait comme par hasard dans le couloir. Tu as posé tes deux mains sur la chaise en bois, tu l'as soulevée, tu as couru jusqu'à nous, puis tu l'as abattu sur l'homme, au hasard.
Et puis je me suis réveillé en sursaut, haletant, suant, pleurant.
Je regardais partout autour de moi, mais rien ne ressemblait à la pièce horrifique dans laquelle je me trouvais il y a quelques secondes. Non ; cette pièce-là était beaucoup plus chaleureuse. Il y faisait sombre, certes, mais les fines cordes de lumière que la Lune nous offrait, pouvaient s'infiltrer par une petite lucarne encastrée dans le mur. Le mur blanc, en parfait état, sans aucune moisissure ou autre défaut dessus. Et il y avait des meubles. En face de moi, il y avait une simple armoire bancale, teinte de marron sépia à double porte ornée de moulures anciennes. Et à côté, une chaise.
La main sur le cœur, je tentais désespérément de me calmer, faisant apparemment beaucoup de bruit vu que tu as bougé dans le lit. Le lit, je ne l'ai pas regardé plus que ça, il y avait plus intéressant. Il y avait un homme allongé dedans, un homme au visage d'ange, aux traits d'apollon, aux cheveux de soie, au cœur trop bon, cet homme était magnifique. Il semblait reposé, comme si aucun problème ne pouvait jamais le déranger, comme s'il était heureux. Il pouvait mériter tout le bonheur du monde, comme ça, les yeux clos, les airs détendus, relaxés. Et plus j'admirais cet homme, mieux je me calmais. Comme si le voir m'apaisait. Même qu'un petit sourire a vu le jour sur mon visage, je me sentais mieux à la vue de cet être.
Alors dans un calme olympien, contrastant avec mes différentes humeurs de ce soir-là, je me glissai à nouveau dans les draps, bien parti pour tomber la tête la première dans les bras de Morphée, celle-ci d'ailleurs, pleine d'images différentes à celles de tantôt. Ma tête était remplie d'images semblables à celles qui régnaient dans ce coin de ta tête poussiéreux et sombre, elle était emplie de souvenirs merveilleux et tendres.
Elle était recouvertes d'images de nous deux, encore heureux et insouciants, Minho. Je dors mieux quand tu es là, alors ne quitte jamais mes côtés.
J'ai besoin de toi, plus que ce que je croyais, même si plus compliqué.

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Ƈσмƒσят
أدب الهواة« Mais dis-moi que les promesses qu'on s'était faites tiennent encore, que tu ne me laisseras pas. Car c'est grâce à toi que j'aime. C'est grâce à toi que je vis un rêve éveillé, que je souris et ris. Alors dis-moi que tu es ma réponse Jisung, ca...