Prologue

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2 mai 1998

Si tu confies au vent tes secrets, ne te plains pas s'il les révèle aux arbres 

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Il y eut un grand silence. Personne n'osait ouvrir la bouche de peur de briser la magie du moment. Comme s'ils étaient tous dans un rêve et qu'un seul mouvement les réveillerait, leur retirant cette douce vision. Quelle douce vision ? Celle du mage noir le plus craint de tous les temps, le plus odieux, celui qui avait enlevé des centaines de vies, s'évaporer en mille morceaux. Puis tous semblèrent revenir à la réalité, leurs cerveaux reprenant lentement conscience de ce qu'il se passait. Voldemort était mort. Une explosion de joie retentit alors un peu partout dans Poudlard, ou ce qu'il en restait, laissant libre cours à leur bonheur. Harry Potter, lui, pleurait silencieusement, toujours agenouillé à terre. Il n'était pas triste, juste heureux. Heureux que tout soit enfin fini. Plus de mort, de meurtre. Ses parents et tous ceux qui avaient été assassinés étaient enfin vengés et pouvaient maintenant reposer en paix. Il sentait des gens tout autour de lui le prendre dans ses bras, le remercier, le féliciter. Il tituba encore sous le choc, attendant qu'on lui annonce que ce n'était en définitive qu'une blague et que Voldemort n'était pas vraiment mort. Ce ne serait pas la première fois. Mais rien ne vint. Alors, il se permit de sourire, lui aussi. Une épaisse chevelure rousse vint lui sauter à la figure et l'embrasser à pleine bouche. Harry enlaça aussi fort qu'il pouvait Ginny, les larmes continuant de dévaler sur ses joues. La rouquine se dégagea doucement et lui fit signe d'aller dehors. Le brun y alla, son sourire s'agrandissant devant toutes les personnes rayonnantes qu'ils croisait sur son chemin. Puis, il arriva dehors. Il vit la chevelure imposante de sa meilleure amie s'agiter au loin. Son sourire disparut. Le brun s'approcha à toute vitesse de la brunette. Hermione était allongée par terre, tremblante comme une feuille, s'acharnant à faire un massage cardiaque à une femme. Morte, de toute évidence. Il s'approcha d'elle et la prit dans ses bras.

- Arrête Harry ! Je peux la sauver, s'écriait son amie, des larmes tombant sur sa chemise tâchée de sang.

- Herm...

La brunette se dégagea férocement, recommençant son massage avec plus de vigueur.

- Elle est morte, souffla-t-il doucement, sentant son coeur se soulever quand il croisa le regard vide de la victime.

- Non je peux la sauver, je peux la sauver, je peux la sauver...

Elle détourna son regard vers Harry et d'un air suppliant lui demanda :

- Je peux la sauver, n'est-ce pas ?

Il hocha de la tête négativement détruisant tous les espoirs de sa meilleure amie, qui s'effondra sur le corps inerte de la femme.

- C'est ma faute ! Ma faute ! hurlait-elle tandis que Harry essayait tant bien que mal de la prendre dans ses bras pour la calmer.

- Calme toi 'mione. Tout est fini. Ce n'est pas de ta faute. Seul Voldemort est le fautif.

La jeune fille s'apaisa par les mots doux et réconfortant de son ami et essaya de se convaincre que ce n'était pas de sa faute. Mais Harry ne savait pas tout. Il voyait seulement la fille qui essayait de réanimer une femme morte. Il ne voyait pas que c'était de la baguette de la jeune fille qu'avait été lancé le sort fatal.

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Au même moment en France dans une petite maisonnette cachée au milieu des bois, isolée de la civilisation, un terrible hurlement retentit. Pansy sortit de sa chambre tel un ouragan, montant les escalier quatre à quatre vers l'étage du haut. Manque de chance, elle trébucha sur une chemise laissée négligemment au milieu des marches et dégringola.

- Pansy, hurla Blaise qui lui aussi avait été réveillé par les hurlements, est-ce que ça va ?

La blonde hocha la tête puis lança un regard désespéré à son petit-ami.

- Tu penses que c'est...

- On va le savoir dans une minute, la coupa-t-il la mine grave.

Il la releva et ils commencèrent à gravir l'escalier, leurs mains entrelacées comme pour se donner le courage d'avancer. Les hurlements redoublèrent et devinrent plus atroces, remplis de souffrance. Pansy posa sa main sur la poignée puis tout s'arrêta. Plus un bruit. On n'entendait plus que les respirations saccadées des deux Serpentard. Pansy lança un regard terrifié à Blaise, qui, pour seule réponse, colla son oreille contre le mur à l'affût de n'importe quel bruit.

- Alors ? demanda faiblement Pansy.

- Je n'entends rien. Ouvre la porte s'il te plaît.

- Blai...Blaise j'ai peur, gémit-elle en se mordant la un coin de la joue.

Il comprenait pourquoi elle avait peur et ne pouvait lui en vouloir. Lui aussi avait peur. Pas de ce qu'il y avait dans cette chambre, mais de ce qu'ils trouveraient quand ils rentreraient. Il posa sa main sur celle de son aimée et appuya sur la poignée. La chambre était vide. Pansy crut que son cœur allait exploser. Elle entra doucement dans la pièce, l'inquiétude s'infiltrant dans tous ses pores. Où était-il ?

- Pansy ?

Elle se retourna vers Blaise qui avait à présent le visage livide.

- Quoi ?

Elle regretta d'avoir posé cette question dès qu'elle vit les larmes briller au coin des yeux de Blaise. Elle s'approcha à contre cœur de l'endroit où il se tenait, près de la salle de bain. Pansy n'avait pas remarqué que la porte était grande ouverte et n'avait aucune envie de voir ce qu'il y avait dedans. Et elle avait raison de ne pas vouloir, car, quand son regard se posa sur ce qui gisait lamentablement sur le sol blanc de la pièce, elle se sentit perdre pieds.

                    Drago Malefoy était là, inconscient, allongé dans une marre de sang. Son sang.

- Blaise! hurla-t-elle agenouillée à terre, ses mains couvrant ses yeux de l'horrible vue, je t'en supplie, fais quelque chose !

 Le brun prit une profonde inspiration puis essuya ses yeux de larme encore inexistantes  et s'approcha de son meilleur ami, un goût amer lui remontant dans la gorge à la vue du liquide rougeâtre . Il le prit dans ses bras et l'allongea sur son lit, lui enlevant précipitamment ses vêtements imbibés du liquide rouge. Pansy, elle, reprit ses esprits puis se releva et s'approcha de son meilleur ami. Elle commença caresser doucement  le visage angélique de son ami inconscient. Comme une mère aurait fait à son enfant.

- Qu'est ce que ça veut dire, Blaise ? s'enquit-elle faiblement.

- Il est mort. Tu-sais-qui est mort.

Pansy ferma ses yeux, absorbant difficilement l'information.  

- Alors, ça a commencé.

Blaise hocha de la tête et retourna lentement le bras du blond. Les veines au niveau de son poignet commençaient à devenir noir. Noir comme la mort. Destin qui arriverait à Drago. Il leur restait un an. Un an pour trouver un remède à ce sort et sauver leur ami.

- On y arrivera Dray, on te sauvera. On te le promet, murmura doucement Pansy continuant de caresser la joue du beau blond.

Et ils pleurèrent eux aussi. Mais pas de joie comme à Poudlard. De tristesse.

C'est à ce moment-là que le dicton "le bonheur des uns fait le malheur des autres" prit tout son sens dans la tête de Blaise.

AlethiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant