Alethia

Un soir d'hiver

1 septembre 1998     

         Une jeune femme sortit de sa chambre, traînant derrière elle une lourde valise encombrante. Elle avait de longs cheveux bruns pour certains, châtains pour d'autres, qui ressemblaient plus à une crinière de lion qu'à autre chose. Elle avait un visage pâle du fait qu'elle n'était presque pas sortie durant ses deux mois de vacances et les yeux fatigués à cause de son manque de sommeil. Cette femme n'était autre qu'Hermione Granger. La grande et l'unique Hermione Granger ! L'amie du survivant, l'héroïne de guerre la plus en vogue en ce moment. Enfin elle, elle se voyait plus comme une sorte de vieille serpillière ou chaussette délavée. Au choix. Elle s'affala sur son canapé et sortit une lettre pliée en quatre. Une belle écriture soignée et penchée, s'étalait sur le bout de parchemin.

"Chère Miss Granger,
J'ai le plaisir de vous annoncer que vous êtes invitée à refaire votre 7ème année dans l'illustre école de magie ; Poudlard. La nouvelle directrice, Minerva McGonagall, assurera votre bien-être durant cette année afin que vous puissiez passer une dernière année calme et sereine que vous avez amplement mérité. Nous comprendrions tout à fait si vous veniez à refuser suite à des problèmes personnels ou simplement par manque d'envie. Si vous décidiez de revenir, vous ne seriez pas obligée de repasser vos ASPICS étant donné que vous nous avez largement démontré vos capacités durant cette horrible guerre que nous avons dû traverser. Réfléchissez bien, et sachez que vous serez toujours la bienvenue à Poudlard.
Cordialement,
Le ministère de la magie "

 La première réaction qu'avait eu Hermione en recevant cette lettre deux mois plutôt avait été de la déchirer en mille morceaux et d'aller ensuite se goinfrer de glace à la vanille devant une série moldu complètement débile. Mais après mûre réflexion, elle avait reconsidéré la question et avait entrevu la faible possibilité de retourner à Poudlard. Elle s'était empressée d'aller voir Harry, qui s'était trouvé une petite maison douillette loin des médias et des Rita Skeeter junior. Il lui avait dit que ce serait une super opportunité pour elle et que ça lui permettrait peut-être de passer à autre chose plus rapidement. Mais bien sûr il parlait pour elle car, lorsqu'Hermione lui avait demandé sa réponse à lui, ce fut net et précis : Non. “Trop de mauvais souvenirs”, avait-il ajouté. Elle s'était donc rendue chez Ron qui s'était installé dans un village tranquille en Ecosse, abandonnant sa vie de sorcier. Lui aussi avait soutenu qu'y retourner serait bénéfique pour elle, que ça lui changerait les idées, qu'elle rencontrerait d'autres personnes, s'améliorerait dans ses études, etc... Cependant cela n'était valable que pour elle, car LUI aussi lui annonça qu'il n'avait aucune envie de retourner à Poudlard. “Trop de mauvais souvenirs”. Et elle, elle n'avait pas de mauvais souvenirs ? Ce n'était pas comme si elle avait passé la guerre à lire Sorcière Hebdo, un chocolat chaud entre les mains ! C'était hallucinant comment Ron et Harry pouvaient être égoïstes en pensant qu'il n'y avait qu'eux qui avaient souffert et qu'eux qui avaient le droit au repos! Car maintenant qu'elle leur en avait parlé Hermione était sûre d'une chose, c'était que si elle n'y retournait pas, ses deux amis trouveraient un moyen de l'y emmener de gré ou de force pour son "bien-être". La seule chose qui la consolait un peu, c'était le fait de retrouver sa petite Ginny. Elle avait entendu dire par Harry qu'elle était devenue légèrement dépressive depuis la fin de la guerre à cause de la mort de Fred qui avait anéanti toute la famille Weasley. Elle avait ensuite voulu en savoir plus mais Ron évitait ce type de sujet comme la peste. Hermione aurait aussi bien pu sortir de son appartement et aller rendre visite à son amie pour lui demander de ses nouvelles de vive voix, mais il y a quelques semaines, rien que l'idée d'aller dans son couloir lui donnait la nausée, alors dehors il ne fallait même pas y penser. Voilà donc comment elle s'était retrouvée là sur son canapé regrettant sa décision... une fois de plus. Mais au fond d'elle, elle savait que ce n'était pas en fuyant son passé qu'elle allait mieux arriver à s'en débarrasser. Alors, c'était pour ainsi dire un mal pour un bien.