20.

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Je me prépare pour le mystérieux rendez-vous. Je ne sais même pas pourquoi j'y vais, c'est totalement déraisonnable. Pourtant cette femme avait raison, ce que je vais gagner en une soirée équivaut à une dizaine de « classiques ». Je ne comprends pas pourquoi on me fait autant confiance. Je suis pourtant déjà en relation avec la police et là ils veulent continuer à me fournir des preuves pour alourdir leur dossier... Enfin, tout ça pour dire que je suis stressé. Je me rends à l'adresse indiquée, dans les beaux quartiers de Paris, non loin de l'Élysée et de Matignon.

– Bonsoir, Hugo.

Pas possible ! Je n'en reviens tout simplement pas. Je comprends mieux le suspense qui a été créé autour de ce rendez-vous. Des hommes politiques en vue ne veulent sûrement pas que la presse sache, un qu'ils sont gays, deux qu'ils font appel à des prostitués. Puisque c'est finalement ce que je suis étant donné que je donne mon corps contre de l'argent.

– Ne soyez pas impressionné.

Il reçoit un message sur son portable.

– C'est bon, nous pouvons être tranquilles.


Il me demande de m'asseoir pour me servir un verre, d'un alcool certainement très cher, je n'y connais rien.

– C'est la première fois que vous faites ce genre de plan, n'est-ce pas ?

– Euh, oui monsieur.

– Mes deux gardes du corps sont au courant. Ils vérifient que vous n'avez pas été suivi, m'envoient un SMS de confirmation et ainsi je peux être rassuré.

– Suivi ?

– La presse rêve de sortir une histoire croustillante, il faut prendre toutes les précautions. Une dernière mise en garde avant que l'on s'amuse. Vous imaginez que vous ne devez parler de ce rendez-vous à personne et si on vous interroge, dites que vous rendiez visite à cette femme.

Il me tend un papier avec un nom que je ne connais pas du tout.

– Il s'agit d'une résidente de l'immeuble, un alibi si vous voulez.

Je suis très gêné. C'est plus simple de réussir un rendez-vous avec quelqu'un que je ne connais pas du tout. Se retrouver face à un personnage public est une expérience étrange.

– Qu'est-ce que vous aimez ?

Je ne suis pas là pour faire la conversation. Il a payé assez cher, je suis à ses ordres. Bon, c'est un peu plus compliqué que ça. Il se déshabille entièrement, je fais de même, évidemment.

– Restez habillé. Mettez cette cagoule.

Je suis là pour lui faire plaisir, qu'importe le délire.

– Attachez-moi à la chaise.

Il s'assoit, nu, pas encore excité. Je lui lie les mains derrière le dos. Avec d'autres cordes je lui attache les pieds.

– Là-bas, sur la table basse, il y a un revolver factice. Vous m'avez kidnappé et vous voulez m'extorquer des informations. Soyez brutal !


J'entre dans la peau de mon personnage. Je le menace avec l'arme factice :

-Dis-moi où est l'argent.

Je me sens ridicule, avec ma cagoule, mon pistolet en plastique et cet homme attaché à une chaise. J'ai envie de rire.

– Je n'ai rien ici.

– Parle !

Je ne sais pas trop quoi faire, en réalité.

– Frappe-moi, je veux avoir mal.

Frapper un personnage public ? Nous serons liés par un secret puisque si je parle, il m'accusera de l'avoir malmené et c'est moi qui finirai en prison. C'est plutôt bien foutu.

– Où est le fric ?

Je lui balance un coup de point au visage. Il commence à être excité.

– Je n'ai rien ici.

Il n'est pas très original au niveau du dialogue.

– Et moi je vais te faire parler !

Je lui pince les tétons, il a l'air d'adorer.

– Insulte-moi.

– Dis-moi où est le fric, ordure !

Et un coup de pied dans les testicules. Son sexe réagit immédiatement. Pour lui faire plaisir, il faut donc lui faire mal.

– Crevure, tu vas parler !

Je commence à me prendre au jeu. Insulter un homme politique ne me déplaît pas tant que ça...

Vendre mon corpsWhere stories live. Discover now