Artefact

Récompense

J'observai les tentes blanches qui battaient au vent. Entre chacune d'elles se baladaient des petits groupes de soldats qui discutaient innocemment de choses sans importance.

En me faufilant dans le campement j'avais l'impression d'être vu par chaque patrouille. Carna était restée à l'orée du sous-bois pour surveiller les quelques zombies qui allaient nous servir de troupe "d'élite" pour investir le manoir du gouverneur. Ils restaient derrière leur quartier-maître en oscillant de droite à gauche.

Je me faufilai derrière une large tente rouge puis quelques caisses en bois sur lesquelles je vis l'écusson de la Marine. Rien ne laissai penser à la présence des templiers hormis le jeune homme que nous avions croisés plus tôt.
— Venez ici! cria une voix!
Je m'immobilisai, la main sur la poignée de mon sabre.
— Oui Lieutenant.
— Chargez les dernières caisses de boulet dans les canots, Sicker veut qu'on soit parti dans deux heures!
— À vos ordres.
Les deux jeunes gens partirent en courant vers un amas de grosses caisses et j'en profitai pour expirer un long soulagement.

— Lieutenant, vous ne vous demandez pas si c'est normal ce qu'on fait?
— Bien sûr que non, c'est pas normal! Mais il faut admettre que la Marine avait besoin d'un remodelage depuis un bout!

Je tentai rapidement de comprendre ces mots, mais pas moyen d'y donner sens. Ces gars de la Marine discutaient de choses étranges parfois. En repartant, je passais juste derrière un râtelier d'où pendaient des fusils, lorsque je me retrouvai nez-à-nez avec un jeune homme. Il s'excusa poliment avant de me dévisager. Il ouvrit la bouche en grand mais je plaquai ma main sur son visage pour le faire taire.

Son hurlement fut étouffé et je n'entendis que les gazouillis mélodieux des oiseaux tandis que je mettais ma cible à terre.
— Tu vas te taire ok?
Il accepta en silence. Je lâchai prise et il m'observa avec de grands yeux terrifiés.
— Me tuez pas, vous savez pas qui je suis! Je suis pas avec eux, je ne fais que voler moi, j'vous jure!
Je restai immobile devant ce gamin qui ne portait pas d'uniforme, seul un ensemble en cuir un peu déchiré.

— Tu sais ce qui se passe ici? lui demandai-je.
— Je sais juste que toute cette armée de la Marine va être déployée, mais je sais pas où, dit-il rapidement.

Je me relevai en le soulevant par le col. Il émit un long soupir avant de secouer sa veste pleine de terre. Quelques bruits de pas attirèrent mon attention dans mon dos. Je fis volte-face et un visage connu m'observa sévèrement.
— Qu'est-ce que vous faites?! chuchota rageusement ma jeune Seconde.
Elle s'approcha lentement de moi.
— Je discutais avec ce jeu...
Aussitôt elle sortit sa lame et fonça sur moi! Sa dague frôla mon flanc et vint percuter le jeune homme derrière moi qui émit un gloussement répugnant. Je me retournai, abasourdi et en colère.
— C'est pas vrai! Carna tu...

Mes mots furent stoppé à la vue du cadavre encore tremblant du jeune homme qui tenait un pistolet en main.
— Il allait vous tirer dessus Capitaine, dit-elle simplement. Mais je suppose que c'était aussi une erreur?

Elle s'éloigna sans rien ajouter. Je commençai à me demander si elle avait pas raison et si je faisais confiance à un peu n'importe qui. Cette chasse à l'Artefact avait peut être un sens particulier pour moi, mais je ne devais pas céder à la pression du temps.

Nous arrivâmes devant le mur d'enceinte. Il était, à l'image du manoir, vieux et lézardé de lierre. Des pierres étaient tombées par endroits mais il restait debout sur plus de deux mètres. Dans un effort subtile, je me sentis léger et me soulevai rapidement pour atterrir de l'autre côté. Mes bottes se posèrent doucement dans des herbes hautes et très envahissantes. La Brume se dissipa autour de moi et je remarquai une faille dans le mur du côté Sud. Je jetai un rapide coup d'œil autour de moi ; Personne.
— Carna! Longe le mur vers la droite, il y a un passage pour les zombies!
Elle ne répondit pas, mais j'entendis de nombreux bruits de pas étouffés dans l'herbe.