1.3 Coup d'oeil sur Haïti

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Je regardais la misère. Je regardais la crasse. Des "parasols" s'étendaient à perte de vue. Des morceaux de tissus troués, rapiécés, crasseux, délavés, que le soleil de ses milles feux mettaient au devant de la scène...

Dans des allées de quelques centimètres, les ordures de toutes sortes et la boue se promettaient l'union éternelle, de cette union résultait la force. Une force telle, que les enfants, pour rentrer chez eux, devaient jouer au marèl*.

Comme à dit l'autre*, il y avait toutes sortes de kay, kay bwat alimèt, kay kès aransò...

Ils convergeaient en un point, ils étaient tous des kay brave solèy men pa lapli*. L'ensemble dégageait une odeur de cadavre combinée à une chaleur suffocante.

"Pitit se byen pòv malerèz"*

Puisque dans notre cervelle, ce dicton est ancré pire que les poux des cheveux de Ti Ble, le fou de la région, les jeunes gens ne se gênaient point d'appliquer la règle. Aussi pouvait-on entendre les cris d'Annaïse, jeune fille de dix-neuf ans, accouchant à même le sol.

Quand aux enfants, ils étaient ce qu'ils étaient, le reflet même de la zone. Pieds nus, en culotte, sans sapat, le ventre rond comme la plupart de nos parlementaires, les cheveux roux, les commissures des lèvres déchiquetés par un bòkyè*.

On aurait pu gagner l'oscar de la crasse rien qu'en présentant Cité-Soleil...

Encore quelques détours et maintenant se présentait à moi un décor nettement différent. Plus sain, plus beau, plus... Haïti. Les rues étaient larges et propres. De la verdure saluait tous ceux qui s'aventuraient dans la zone et laissait entrevoir le sommet de somptueuses maisons qui, tout en respectant les normes de la construction se lançaient dans un acharné concours de beauté.

Espagnoles, italiennes, francaises, grecques... Elles avaient toutes cette touche haïtienne qui captaient l'attention. Seul le chant des mabouyas troublaient. C'était à la fois triste et émouvant. Ces lieux émanaient une telle beauté, une telle tranquillité qu'on oubliraient la situation lamentable des zéros au quotient...

Extrait

_____________________________1* Marelle2* Frankétienne ( Jean-Pierre Dantor Basilic Franck Etienne D'argent )3* Maisons dont les toitures (la plupart en taule) sont perforées 4* Perlèches

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1* Marelle
2* Frankétienne ( Jean-Pierre Dantor Basilic Franck Etienne D'argent )
3* Maisons dont les toitures (la plupart en taule) sont perforées
4* Perlèches

D'eau et d'encre _ofisyèl_Où les histoires vivent. Découvrez maintenant