Chapitre 38

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Chaque journée était à peu près similaire, le réveil se faisait à la lueur du jour et le coucher lorsque les soleils disparaissaient. Matin et soir, Ki s'occupait de trouver son repas, que ce soit par la pêche de poissons ou par capture d'animaux qu'Hun faisait apparaître. De jour en jour, ils devenaient de plus en plus gros, et parfois dangereux. Il avait eu à faire à un asekale sauvage, même si bien plus petit que ceux apprivoisés de la Capitale. Il avait appris à se fabriquer des armes rudimentaires avec les matériaux que fournissait l'île et Hun lui avait enseigné comment utiliser son bouclier de corail de manière efficace.

"N'oublie jamais qu'il est là. Penses-y comme si ton bras s'était élargi et devenu dur. Ce bouclier est spécial, on n'en fait plus des comme ça, alors prends en soin."

Ki devenait meilleur à la survie de jour en jour, ainsi Hun rendait la tâche plus ardue. Il avait agrandi l'île, rendu le terrain plus escarpé et augmenté la taille des proies. La progression de la difficulté restait cependant lente, pour qu'il s'adapte mais ne soit pas dépassé. 

Cela faisant tant de jours que Ki avait quitté son archipel qu'il en avait oublié les traditions. L'année du Vieillard était presque terminée, et Hun, au fil des jours, attendait avec patience ce que les jeunes doivent à leurs aînées. Mais Ki était absorbée dans sa survie, tant et si bien qu'Hun dut lui rafraîchir la mémoire un soir devant le feu.

"Connais-tu le rite de passage pour devenir un homme ?" demanda Hun.

"Non, maman ne m'en a jamais parlé, à part pour le collier de dents."

"Tu as déjà une dent, que te manque t-il ?"

"Une autre dent ?" tenta Ki.

"Exactement. La première dent vient d'une prise jugée imposante par les anciens du grand village. Tu m'as racontée que c'était celle d'un Hoïu, toutefois pour être un homme accompli selon vos ancêtres, il faut une deuxième dent, celle d'une espèce de poisson monstrueux, l'Agaru ono."

"C'est l'ogre des récifs ?"

"Lui même, mais Séa ne t'en a jamais parlé, tu as entendu ce nom dans le grand village. Elle avait trop peur de te voir partir pour ton rite de passage et te voir ne jamais revenir. Après tout, tu n'as jamais eu les conseils d'un homme expérimenté, tu ne restais jamais au village assez longtemps. On trouve ces poissons loin derrière la dernière île, autour d'un récif dangereux pour les barques. Si ton embarcation touche un rocher, tu couleras lentement à ta mort et les ogres se repaîtront de ta chair."

Ki pensait à l'énorme poisson qu'il avait réussi à attraper lorsqu'il voulait atteindre l'île, pendant un instant, il se mordit la lèvre de ne pas avoir arraché une dent. 

"De quelle couleur sont les agaru ono ?" demanda t-il.

"Complètement noirs. Et leurs yeux sont bleus, un bleu très beau. C'est pour cela que l'on croie qu'il garde un trésor secret."

L'énorme poisson qu'il avait prit n'était pas noir et n'avait pas l'air aussi dangereux, laissant Ki pensif quant à la force des ogres des récifs. Un animal poussa un cri dans la forêt. Après tant de temps, une biodiversité réelle s'était créée sur l'île de Hun. Elle ressemblait à présent plus à la grande île de l'archipel.

"Il faut que je pêche un agaru ono pour devenir un homme alors ?"

"Dit comme cela, ç'a à l'air simple. Mais la tâche est ardue, alors il faudra que tu grandisses pour être plus fort. Il faut aussi être reconnu par un ancien, mais je pense être assez qualifié dans ce domaine."

Il restait une chose que Ki n'avait pas osé demander ;

"Comment fais-tu pour agrandir l'île et faire apparaître des êtres vivants ?"

Mhuhar Le Grand Océan : Ki - Première partieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant