32. Négociateurs [Automne]

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Je m'assieds à côté d'Albin. J'ai été ravie quand j'ai appris que ma chambre était liée à celle de mon petit-ami, mais mon enthousiasme est vite retombée quand Maël a annoncé qu'il allait faire la police. C'est juste rassurant, quand on a partagé sa chambre avec neuf autres personnes pendant un an, de savoir qu'on peut aller voir quelqu'un facilement. Je jette un coup d'oeil autour de moi, Roméo, Alban et Basile sont au premier rang, Calista, Léandre et Guillaume au second, Armand, Albin et moi au troisième et Maël est seul derrière.

Je ne pensais pas remettre les pieds dans une salle de classe. Mais pourtant, je suis bel et bien là, à griffonner dans un coin de la feuille que le Colonel nous a donné, pour "prendre des notes". Albin me donne un coup de coude et je me tourne vers lui, il me montre sa feuille, un grand sourire aux lèvres. Je ne peux m'empêcher de sourire lorsque je vois qu'elle est recouverte d'un énorme coeur rouge. Il se penche alors vers moi et dépose un baiser sur ma joue.

" Bien, donc nous sommes ici pour parler de comment va se dérouler l'année qui vient. Tout d'abord, votre petit-déjeuner vous sera apporté dans la salle à manger à huit heures. On se verra dans cette salle tous les matins à neuf heures. Ensuite, déjeuné dans la salle à manger à une heure de l'après-midi. Ensuite, ça sera entraînement physique jusqu'à huit heures, vous dînerez en retournant dans vos chambres. Toutes les portes des chambres se verrouilleront à minuit précise et vous ne pourrez plus sortir jusqu'à sept heures, explique le Colonel Robbins.

- Mon Colonel, est-ce que toutes les portes des chambres seront fermées ? Demande Albin, soudainement intéressé.

- Non, celles reliant deux chambres entre elles restent ouvertes toute la nuit, répond-il en lui faisant un clin d'oeil."

J'entends d'ici le grognement de Maël et un sourire s'étire sur mes lèvres. Il a perdu un des rares pouvoir qu'il avait sur nous. Calista semble du même avis, car elle se retourne pour lui envoyer un baiser imaginaire. Armand étouffe un petit rire avant d'envoyer des regards pleins de sous-entendus à Albin, ce qui a le don de me faire lever les yeux au ciel.

" Bien, d'autres questions ? S'enquiert le Colonel.

- Comment se fait-il que nos chambres soient peintes des couleurs de nos premières armées ? L'interroge Maël.

- C'est pour que vous soyez un peu nostalgiques, réplique Robbins.

- Et comment les avez-vous toutes peintes en vingt-quatre heures ? Le défit notre Caporal.

- On a beaucoup d'ouvriers.

- Mais oui, bien sûr ! Et les chambres sont parfaitement aménagées et ne sentent pas la peinture !

- Assez, Caporal, ordonne le Colonel d'un ton sans répliques."

Je me tourne vers Maël qui a un petit sourire sur les lèvres. Même s'il n'a pas eu le dernier mot, il a retranché le Colonel dans ses limites. Je ne comprends pas comment il peut être aussi méfiant alors que nous sommes en plein dans le rêve qui l'anime depuis toujours.

Le Colonel dessine alors un cercle sur le tableau noir derrière lui, tout petit, et un autre, beaucoup plus gros un peu plus loin. Il les relie par une ligne en pointillés avant de se retourner vers nous.

" Ce que je suis sur le point de vous expliquer est un secret, commence-t-il. Mais, à partir de maintenant, ce secret sera votre vie. Donc, la Meute est composée des meilleurs, les meilleures armées de la base des novices. Savez-vous pourquoi nous sommes aussi exigeants ?

- Parce que vous cherchez une femme à l'espace ? Se moque Armand.

- Sortez, ordonne sèchement Robbins.

- Mais...mais, bégaye mon ami."

Sans qu'il ai le temps d'en dire plus, une ceinture apparaît autour de la taille d'Armand et la chaise décolle du sol, prenant la direction de la sortie. Un rire étouffé me provient du coin de la pièce où est Alban, mais il est le seul à trouver ça drôle. Nous autres, nous sommes juste stupéfaits. Le Colonel nous lance alors un sourire, qui ressemble plus à une grimace de dégoût.

" Bon, reprenons, continue-t-il, donc, comme je disais, nous sommes exigeants et ce pour une raison. Votre petit détachement va partir, dans un an, pour une autre planète.

- Comme tous les autres, non ? L'interromps Calista.

- Oui, le Banc va se battre, le Horde va explorer, mais vous, vous vous allez négocier."

Je manque de m'étouffer avec le peu de salive qui traînait dans ma bouche. Négocier ?! Je jette un regard autour de moi, nous n'avons pas de négociateurs ici. Seulement un Caporal qui n'arrive pas à maîtriser sa colère, un garçon aux cheveux roses qui passe son temps à dire n'importe quoi, deux filles qui ne savent que se battre, un gamin de six ans, un asiatique qui se prend pour son grand frère, un blond qui a un ego surdimensionné, un intello, un timide et un ado normal. Non, nous n'avons pas de négociateurs ici, aucun de nous dix n'en est un.

Maël semble penser la même chose car sa voix résonne dans le silence, presque religieux, qui règne dans la pièce.

" C'est une blague, j'espère ! S'exclame-t-il, vous voulez qu'on aille régler vos comptes avec les extra-terrestres !"

Je réalise alors l'énormité de la chose : nous allons aller sur une autre planète, négocier avec les aliens.

" C'est exactement ce que vous allez faire, reprend calmement le Colonel, vous allez passer une année à apprendre tout ce que nous savons de cette espèce et de leur planètes. Vous allez apprendre leur langue, leurs habitudes, tout ce que nous savons d'eux. Vous allez rencontrer le détachement de la Horde qui y est allé et ils vont vous raconter tout ce qu'ils ont vu. Et dans un an, jours pour jours, vous serez partis."

Je sautillerais presque sur ma chaise, tellement ce programme est excitant. Nous allons vraiment partir à la conquête de l'espace. Je sens que même Maël sourit derrière moi, Basile pousse un crie de joie avant de sauter dans les bras d'Alban.

Mon frère a passé une année de sa vie à en apprendre le plus possible sur des extra-terrestres avant de partir les voir. Le connaissant, il a du vraiment aimer ça : parler avec les gens, ça a toujours été son truc à lui.

" Mais bon, avant d'apprendre où vous allez, vous allez apprendre où nous sommes."

***

Voilà pour ce chapitre ! 

J'espère qu'il vous a plu : ) 

A+<3

THESTIASOù les histoires vivent. Découvrez maintenant