Le monde était blanc. Blanche voyait sa belle-mère lui offrir une licorne pour son sixième anniversaire. Sa belle-mère qui soignait par magie ses genoux écorchés, qui la bordait le soir, qui la regardait avec amour...
Des bribes de souvenirs qu'elle savait réels, les ayant vécus avec son père. Alors, voyait-elle à sa place Aeria ? Quelque chose semblait sonner faux, quelque chose qu'elle avait oublié.
Une autre image, encore plus étrange, émergea. Son père, le regard fou, le cadavre sanglant de sa première femme entre ses mains. Son père la fixant elle, le jour de ses seize ans, avec honte et tristesse.
Blanche cligna des yeux. La lumière l'aveuglait et il lui semblait entendre une voix qui l'appelait au loin. Devant elle, une silhouette. Elle se redressa d'un bond, les mains en position d'attaque, de légères flammes au bout des doigts. Le Chasseur la fixait, une étincelle inquiète dans le regard.
— Rallonge-toi ma nièce, tu es encore faible.
Elle se sentait chanceler et lui obéit donc. Malgré tout elle fixait ses mains, n'arrivant pas à comprendre. Les flammes avaient disparu, mais elle les sentait encore émerger de sa peau. Comment cette chose était possible alors que la jeune fille n'avait jamais pratiqué la magie ? Des flashs lumineux inondèrent son esprit et elle se prit la tête entre les mains en gémissant.
— J'ai mal, murmura-t-elle. J'ai des images bizarres dans la tête.
— Je sais, chuchota son oncle en retour, lui caressant la tête. Tout ira mieux bientôt.
Elle resta ainsi une dizaine de minutes avant que la douleur ne reflue, puis se mit à observer les environs. Ils se trouvaient en plein cœur de la forêt, plus loin qu'elle n'avait jamais été.
— Tu te sens de repartir ? lui demanda le Chasseur. Nous ne sommes plus très loin.
La jeune fille hocha la tête, trop sonnée pour prononcer un mot. Ils plièrent bagage et cheminèrent une demi-heure. Les flashs inondant régulièrement son esprit, Blanche fini par s'appuyer sur son oncle afin d'avancer plus vite. Ils arrivèrent en vue d'une petite maisonnette coquette et discrète, bâtie entre deux arbres centenaires.
Le Chasseur se tourna vers Blanche puis la prit dans ses bras. Lorsqu'il se dégagea, elle vit une larme rouler sur sa joue qu'il ne chercha pas à cacher.
— Ici tu seras en sécurité. Je dois retourner au château, je suis inquiet pour ma sœur. Mais, je te le promets, je reviendrai.
La gorge nouée, Blanche le regarda partir, avant de se diriger vers la maisonnette, dont la porte venait de s'ouvrir.
Sur le seuil, sept naines l'attendaient. Aussi hautes que larges, couvertes de cicatrices et équipées de diverses armes, elles étaient aussi terrifiantes que belles et avaient l'air vaguement familier. La première s'avança et serra la main de la princesse.
— B'jour p'tite majestée. Moi, c'est Asmodée. Là-bas c'est Beherit, Ersulie, Malphas, Rukkia, Tunrida et Samnu, mes six p'tites sœurs.
— Euh, bonjour.
Mis à part celle qui se tenait devant elle, dont les yeux étaient verts, les six autres aux yeux bleus étaient strictement identiques. Toutes lui sourirent gracieusement et la trainèrent à l'intérieur.
Les naines la posèrent devant l'âtre où un feu brûlait malgré la chaleur printanière, un bol de soupe fumant entre les mains. La douleur lui vrillait périodiquement le crâne. Elle laissa ses yeux errer sur les sept naines, puis les fixa sur l'une, qu'elle reconnue sans savoir comment.
— Ersulie. Tu aimes le gâteau au chocolat. Et toi Beherit, tu es une experte à la hache. C'est toujours Malphas qui chante le plus fort sous la douche. Et je sais qu'avant, sur le mur de ce salon, il y avait un tableau de nous huit que Rukkia avait dessiné. J'ai vécu avec vous n'est-ce pas ?
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Six contes pour faire rêver un monstre - Tome 2
Short StorySalutations à toi, cher lecteur ou chère lectrice. Si les aventures contées dans le premier tome t'ont plu, en voici de nouvelles ...