Blanche Neige contre les Vampires - 3

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Sur le trajet du château, Blanche récapitula ce qu'elle avait appris. Les vampires ne craignent pas la magie. Tous peuvent mourir s'ils sont décapités ou touchés au cœur, sauf le roi. Car ce dernier, incroyablement résistant, à une capacité de régénération exceptionnelle. Il faut donc un moyen détourné pour l'éliminer définitivement...

— Oh, tiens, une humaine ! Chouette, j'avais faim !

Blanche se retrouva nez à nez avec un jeune vampire, encore couvert du sang de ses précédent repas. Elle rabattit la capuche qui cachait son visage et le gamin se figea.

— Ah mince, la princesse, pas juste on a pas le droit de te toucher.

Blanche sourit froidement, ses yeux pétillants de malice.

— Dommage, j'ai pas promis de ne pas vous toucher, moi.

D'un geste fluide, elle détacha l'une de ses haches et décapita le vampire, sans que celui-ci puisse comprendre ce qui lui arrivait. Elle baissa les yeux vers sa cape et pesta.

— Fichtre, dix minutes que je suis là et je me retrouve déjà couverte de sang. Bon, tant pis, allons chercher papa et belle-maman.

Blanche progressait allègrement dans le château. Elle embrochait tous les vampires qui se jetaient sur elle dans une vaine tentative d'interrompre son avancée. Envahie par une rage et une joie malsaine, elle prenait plaisir à décapiter tous ces maudits buveurs de sang.

Elle arriva finalement devant la salle du trône, une importante trainée rouge carmin coulant depuis sa cape sur le sol. Elle croqua dans une pomme rouge écarlate, la laissa tomber a terre en ouvrant brusquement les portes et déclama gaiement :

— Devinez qui est rentré !

— Ma très chère fiancée, déclara une onctueuse voix grave agacée.

La princesse fit face à son ennemi. Grand, très grand, le trône semblait bien trop petit pour lui. Bien bâtit et séduisant, il la contemplait voracement de ses grands yeux noirs, qu'un peu irrités.

— NOOOON !

Blanche baissait les yeux vers le sol, d'où provenait la voix qui venait de hurler. Sa belle-mère, enchainée aux pieds de l'imposteur, les vêtements en lambeaux, se débattait pour tenter de s'échapper. Un frisson de rage parcourut la jeune princesse.

— Bonjour « majesté ». Où est mon père ? Je vois bien belle-maman ficelée au sol, mais pas papa bizaremment.

Elle s'avança calmement, fixant sa belle-mère paniquée dans les yeux. D'un coup sec elle rangea ses haches dans son dos, et mis ses poings sur ses hanches.

— Vous m'avez fait mander, cher ami ?

Blanche se retourna. Son père, bien apprêté et couronne sur la tête, venait d'entrer. Elle grimaça.

— Traitement de faveur pour les traitres, donc.

— Ce n'est point poli de parler de son géniteur comme cela, constata le vampire.

La princesse haussa les épaules.

— Je m'en fiche. Je suis là pour toi, pas pour lui.

— Oh, comme c'est triste. Voyons si tu feints toujours ta nonchalance.

Le vampire sauta sur le roi et posa un ongle pointu sur sa gorge, faisant perler son précieux liquide vital. Il se lécha les lèvres de manière sensuelle.

— Alors, honoreras-tu cette promesse de mariage, où préfères tu voir ton père mourir ?

Le Roi frissonnait, terrorisé.

— Ma chérie, tu sais que je t'aime. Ce que j'ai fait, c'était pour vous protéger, toi et le royaume...

Blanche le fixa, blasée et agaçée. Peu a peu, la folie envahissait son esprit, détraqué par l'oubli forcé de tant de souvenirs. Ce cher papa, qui l'avait vendue au plus offrant.

— Faites en ce que vous voulez.

Le Roi la fixa, les yeux emplis de tristesse, puis soupira.

— Quoi que tu puisses penser, tu es ma fille et je t'aurais toujours aimée.

— Quel mélodrame, constata Armand.

Il égorgea le roi d'un coup sec, laissant son corps choir à terre. Plus loin, la Reine se retenait d'hurler. Le vampire tourna la tête vers elle, s'adressant toujours à la princesse.

— Et celle-là, tu y tiens ?

Blanche lassa alors la rage prendre possession d'elle. Prenant une hache dans chaque main, elle se jeta sur le vampire.

Au fond, pour son père elle bluffait un peu. Sa mort l'avait tout de même légèrement secouée, à travers les strates de sa psyché enfumée. Elle laissa son corps agir. Défense, parade, attaque. Mais, la princesse se fatiguait, et aucune de ses attaques ne touchait le vampire, bien trop rapide comparé à ses compatriotes.

Jusqu'au moment où Blanche s'écroula et s'écorcha la main. Le sang vermeille, brillant et chantant, coula abondamment., irrésistible.

Le vampire se figea, un sourire dément aux lèvres. Il bondit sur la princesse, lécha sa plaie. Dans un état second, elle ne put réagir. Fou de désir, il la mordit dans le cou, en voulant toujours plus. Et quelques instants plus tard se détacha, divaguant de plaisir.

Mais, rapidement, ses forces commencèrent à le quitter. Il fronça les sourcils.

— Ce n'est point normal, constata-t-il de sa voix mélodieuse.

— Oh, la faiblesse ? C'est pas très grave, c'est le poison. Tu ne devrais plus en avoir pour très longtemps.

Le vampire se redressa, hurlant d'une rage telle qu'il fit trembler les murs du château. Puis s'écroula au sol et ne bougea plus.

Avec un dernier sursaut de volonté, la princesse se traina jusqu'à sa belle-mère, qu'elle libéra en tranchant d'un coup ses liens.

La sorcière guérit autant que possible sa fille, qui vomit sur le côté une fois ses blessures principales.

— Quelle idée j'ai eu de manger cette pomme, je suis bonne pour être coincée pendant une semaine aux toilettes.

La Reine ria, soulagée. Toutes deux se relevèrent, toujours plus ou moins amochées. Il serait temps plus tard de brûler le corps du Roi et débarrasser le château de sa vermine. Mais, pour le moment, toutes deux ne souhaitaient qu'une chose : un bon bain, et un bol de soupe bien fumant en compagnie des sept naines et du Chasseur.

Six contes pour faire rêver un monstre - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant