Chapitre 18 : "J'veux juste qu'il soit heureux"

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-C'est bon, nous partons ! s'exclama Estelle en entrant dans la tente de Gatien.

Celui-ci gémit en se retournant vers elle : son lit était vraiment inconfortable !

-Ah ouais ? marmonna-t-il, encore ensommeillé. Il est quelle heure ?

-Sept heures ! Les résistants arrivent dans deux heures pour répéter le plan. Herbert n'était pas très content qu'ils aient avancés le rendez-vous sans le prévenir à l'avance... Mais, en tout cas, il m'a donné l'autorisation de repartir à l'aventure avec toi. Il m'a donné sa bénédiction et m'a souhaitée une multitude de plans réussis, de proies capturées et d'argent reversé dans ma bourse. Bref, plein de bonnes choses pour un chasseur de rançon !

-Il n'était pas étonné par ta demande ?

Estelle haussa les épaules avec un sourire :

-Oh, tu sais, il ne savait pas quoi faire de toi et ne souhaitait pas vraiment te garder dans son groupe, vu que tu as assommé et blessé certains de ses chasseurs. Il n'y aurait jamais pu avoir une bonne entente entre eux et toi, ce qui lui aurait compliqué la tâche. Alors il était bien soulagé que je t'emmène au loin. Moi, j'avais rempli ma part du contrat, alors il pouvait se séparer de moi avec amitié comme avec n'importe quel allié momentané.

-Eh ben, s'il ne m'avait pas capturé, je le trouverais presque sympathique !

Gatien se leva, grimaça en sentant son dos craquer, et attrapa son sac où étaient rassemblées ses affaires.

-Et Martine, crois-tu que je puisse m'excuser auprès d'elle ?

-Herbert ne laisse entrer personne dans sa tente, répondit Estelle. Et il n'apprécierait pas s'il te voyait contre la tente pour lui parler : cela pourrait passer pour une tentative d'évasion. Du coup, je suis allé m'entretenir avec elle en me collant au tissu de la tente, cette nuit. C'était mon tour de garde avec Gab, mais il avait bu tellement d'alcool qu'il était incapable d'ouvrir les yeux deux secondes avant de se rendormir ! Donc j'avais la voie libre. J'ai tout expliqué à la princesse, me suis excusée et lui ai annoncé que je partais avec toi.

-Et elle a dit quoi ? demanda Gatien.

-Qu'elle comprenait, qu'elle broyait du noir mais qu'elle ne nous en voulait pas...et qu'elle allait collaborer avec les résistants car, après tout, il est vrai qu'elle est la personne la mieux placée pour amener un gouvernement plus juste au peuple, que ce soit en adoucissant les résistants ou en devenant impératrice après son père. Car, si les résistants manquent leur coup et que le roi la récupère, elle a décidé de jouer le jeu de la parfaite héritière pour le convaincre de la laisser monter sur le trône sans avoir besoin de descendants déjà nés.

Gatien fut étonné de cette décision, mais dans le bon sens. Cela le rassurait et le déculpabilisait, en quelque sorte. Il ressentait un petit pincement au cœur en la laissant, mais il n'avait pas vraiment le choix.

-Parfait, alors allons-y, dit-il.

Ils sortirent de la tente, saluèrent les chasseurs qu'ils croisèrent, et s'éloignèrent du camp d'un bon pas, Idil sur leurs talons.

Ils marchèrent ainsi durant deux jours, ravis d'être de nouveau ensemble et loin de tous problèmes. Ils s'arrêtaient pour la nuit, cueillaient des fruits sur leur chemin, lançaient des morceaux de bois à Idil... Cela faisait du bien de se retrouver !

Ils avaient décidé de ne pas chercher à franchir la frontière, car elles étaient trop bien gardées et ils ne savaient de toute façon pas où elle se trouvait. Ils cherchaient donc une vallée déserte, loin de toute population, pour s'installer.

La Quête de la LibertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant