Chapter 8 : No regrets.

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Edinburgh, dans la matinée, les pompiers évacuent les derniers locaux de l'immeuble. Dont le mien, j'y étais toujours malgré la fumée qui m'empêcher de respirer. Peut-être que c'était mon moment de mourir ici. Malheureusement, ils sont arrivés avant que mon cœur lâche. Je ne dois surtout pas partir à l'hôpital, mon portrait circule dans tous les médias, les médecins vont me reconnaître ou même les pompiers eux-mêmes. J'irai en prison. Pendant un temps, je voulais y aller mais maintenant, j'ai autre chose en tête : me venger. Et pour cela, je dois construire un plan, j'en avais déjà une petite idée. Faire souffrir n'était pas compliqué, à vrai dire ce n'est pas tout nouveau pour moi. Je n'étais pas à mon premier meurtre et surement pas à mon dernier. Tuer Nick par vengeance serait trop facile, il fallait le faire regretter donc ne pas le toucher lui directement...

Je suis sorti par l'escalier de secours un centième de seconde avant qu'on ne me repère, au début je courrais dans les marches mais descendre une centaine d'étage ne se faisait pas en deux minutes. J'ai pris mon temps et j'en ai profité pour réfléchir à mon plan d'attaque. Faire descendre l'échelle en bas de ses marches, manquer de me casser la cheville en même temps. Pendant ce temps, dans la rue, un vieillard a laissé envoler son béret, je lui ai pris pour pouvoir cacher un minimum mon visage et pouvoir me déplacer tranquillement sans me faire attraper. Je ne connais absolument pas la ville, je n'ai pratiquement jamais quitté Londres avant aujourd'hui, je risquais de me perdre. J'ai interpellé un taxi sur la grande rue au centre de la ville et j'ai essayé de me rapprocher de Londres le plus possible. Après plusieurs taxis arnaqués, car je n'avais pas un pound sur moi puis plusieurs covoiturages j'ai atteint ma destination. On pouvait dire que le destin était de mon côté puisque personne ne m'avait reconnu. Non, ce n'était pas l'entrepôt de Nick, ou le vieil appartement de ma grand-mère. La petite voix dans ma tête a reconnu le magasin de jouet appartenant aux Campbell, la précieuse famille de ma cible. Le faire souffrir par l'intermédiaire de ses proches ne peut que l'atteindre moralement, il me l'a dit lui-même : il n'arrive pas à faire preuve d'apathie et de s'en prendre à sa propre famille. J'ai trouvé son point faible.

Attendre que la nuit tombe, attaquer et s'en aller. C'était un plan simple et efficace mais quelque chose me gênait, je ne savais pas qui attaquer par surprise et si je tombe sur Ana, je ne saurais quoi faire. Elle m'a aidé et accueilli alors que moi je me suis retourné contre elle, Peter, elle est comme Ben, tu n'as jamais remarqué ses yeux pleins de pitié... De la pitié ! Même si les voix me disaient le contraire, le doute m'envahissait et au même moment, mon cœur voulait croire cette folle voix. Je me bouchais les oreilles même si je savais que la voix venait de l'intérieur, même en m'arrachant les tympans, je l'entendrais toujours et jusqu'à la fin, je le savais, elle resterait là pour me faire sombrer dans la folie. Je suis devenu plus que fou et ne pensais plus à qu'une chose après cette vengeance, me jeter sous le train.

Je me suis donc faufilé dans cette vieille boutique où l'étage était le logement des Campbell, j'étais persuadé que mon plan était parfait, certes pas compliqué mais si facile à réalisé que rien ne pouvait le faire échouer. J'ai ouvert quelques portes pour trouver les parents, j'en avais les mains qui piquaient d'impatience. Je pense que voir leur réaction est maintenant un point essentiel à mon plaisir. Les voir crier, pleurer, me supplier... Malheureusement, je devais en tuer au moins un. Puis-

- Ne bouge pas, ordure, dit-elle d'une voix ferme.

J'étais en train d'ouvrir la dernière porte du couloir quand j'ai senti un élément pointu dans mon dos et la voix d'Ana.

- Après avoir tué notre Ami Benny, tu viens en finir avec moi, c'est ça Peter ?

Sa voix ne tremblait pas, au contraire elle était déterminée et semblait très sûre d'elle. Pris au piège dans un couloir. Elle a attrapé mon bras et m'a balancé contre le mur du fond de sa chambre. Avançant vers moi avec des pas lourds, on aurait pu croire que j'avais peur alors que non. Je savais qu'elle ne ferait de mal à personne. Avec son poing frappant contre le mur près de ma tête, si elle voulait elle pourrait me briser la nuque.

- Pourquoi... Peter, pourquoi es-tu ici... ? dit-elle d'une voix faible.

- Je-

- Non, au final ne dit rien, je ne peux pas t'entendre, pas après tout ce que tu as fait. Sincèrement, tu m'écœure. J'ai des choses à te dire. Et je ne vais pas me gêner pour te les dire. Tu es un monstre. Ah, j'aurais dû le deviner, même quand tu étais petit tu étais toujours bizarre et tu restais dans ton coin. Je regrette de t'avoir rencontré. Amie avec un meurtrier ? J'aurais pu comprendre que tu veuilles tuer des gens que tu détestes mais Ben ?! Tu sais quoi ? Je te hais, je te hais, je te hais ! Tu as tué mon Benny. Il était tout pour moi, t'entends ? Pourquoi tu me fais ça à moi ?

Elle s'est assise sur son lit, la tête dans ses mains avant de se relever et continuer son monologue en me criant dessus, les yeux qui brillent, prête à pleurer à chaude larmes.

- L'année dernière, tu sais ce qu'il m'a dit Ben ? Il m'a dit qu'il t'aimait, au début je ne l'ai pas cru. Mais évidemment, c'était vrai. Il tenait à toi plus que tout ! Plus que moi ! Malgré ça, j'ai continué à te soutenir car avant tout tu étais un ami plutôt qu'un rival. Pourquoi je te l'ai présenté en début d'année, j'aurais pu le protéger... Tu... L'as tué. Dans sa propre maison et ils ont même raconté qu'il t'avait hébergé un temps. Il aurait pu aller en prison mais non, aveuglé par l'amour celui-là, tout comme moi. Il a suffi qu'il me dise de ne pas te dénoncer... Je le savais que tu étais chez lui, mais je n'ai rien fait car j'avais espoir que tu sois quelqu'un de bien au fond, pas un foutu assassin. C'était ton ami. Et moi je l'aimais. Mais non, tu sais que mettre le bordel... Je vais te tuer Peter, un jour je vais te trouver et te tuer. Et je serais la seule qui aura le droit de te regarder mourir, t'entends ? Je ne comprends pas comment tu peux dormir la nuit, as-tu déjà, n'est-ce qu'un instant, regretté ?

Je me suis relevé. Je suis venu ici pour me venger, pour faire du mal à la personne que je trouverais dans cette maison, je n'ai trouvé qu'Ana alors je la tuerai. Mon amie... Mais, les amis ne t'insultent pas de monstre. J'ai compris maintenant, je n'ai pas besoin de cette voix dans ma tête pour me convaincre de la tuer. Tuer mes proches est en réalité ce que je fais depuis toujours, mes parents les premiers. J'ai pointé mon revolver, que j'avais précieusement gardé, droit sur elle mais elle n'a pas eu l'air surprise.

- Regretté ? Au début je pensais être un monstre, ce Ben, je n'ai jamais eu une once de pitié pour lui, en fait, tuer quelqu'un que je ne connais pas n'est pas amusant, ne le crois-tu pas ? dis-je avec une voix monotone sans aucune émotion. Alors non, je recommencerai sans regretter.

En un instant, elle a attrapé le vase sur sa commode et me l'a jeté à la figure, je me suis senti vacillé en arrière puis j'ai entendu un unique coup de feu accompagné d'un doux parfum fleuri, celui d'Ana. Ces bottes dernier cri sur le pas de la porte, je les reconnaîtrais entre mille. Regarde qui est venu te sauver, un autre monstre.

Sound of silence. [Fr]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant