Le soleil descendait progressivement dans le ciel, emportant avec lui sa chaleur et sa luminosité, offrant en échange une froide obscurité. Dans le même temps, le vent s'était levé et tournoyait dans le ciel sombre. Les arbres agitaient bruyamment leurs branches dénudées de leurs feuilles, ces dernières emportées par les bourrasques qui soufflaient violemment. La nature semblait s'être réveillée elle-aussi pour se livrer à cette guerre. Sa fureur sauvage s'exprimait à travers les couleurs ténébreuses du ciel et l'agitation féroce de l'environnement, que ce soient les arbres, les buissons ou les plantes. Chaque être végétal paraissait être animé d'une âme, comme un véritable être humain. Les brins d'herbes soulevés par le vent donnaient l'impression qu'ils se levaient. La terre, bien que silencieuse, laissait percevoir par moment des grognements sourds accompagnés de quelques tremblements souterrains, conférant la sensation qu'elle allait se fendre, s'ouvrir et proférer un rugissement assourdissant depuis ses entrailles les plus profondes. La nature disposait-elle aussi une âme ? Une conscience ? Était-elle capable de penser ? Savait-elle ce qui se préparait silencieusement, tapis dans l'ombre ? Ressentait-elle aussi la douleur ? Quelles blessures essuieraient-elles durant ce combat inévitable ? Possédait-elle des sentiments ? Éprouvait-elle également cette rage bouillonnante, cet esprit combatif, ce désir de défendre ce qui lui appartient, cet appétit vorace de dévorer l'ennemi ? Était-ce seulement probable ? Est-ce que cette nature avait une voix ? Pouvait-elle se faire entendre ? Pouvait-elle communiquer ? Pouvait-elle crier de colère ? Pouvait-elle hurler de révolte ? Cette Terre sentait-elle marcher sur son dos ces milliers d'hommes qui allaient se faire face et se livrer à une guerre sans précédent ? Sentait-elle rouler sur sa peau ces monstres de métal qui allaient cracher du feu ? Sentirait-elle son corps se trouer à chaque impact, à chaque explosion ? Était-ce seulement possible ? Si ce n'est pas le cas, et si tu ne sais rien, ô Terre, laisse-moi te dire ceci. Jamais tu ne souffriras autant que durant les heures qui suivront. Jamais tu ne pleureras autant de désespoir face aux sacrifices qui seront faits. Jamais tu ne prieras autant pour que ce carnage de sang ne s'arrête. Jamais tu ne regretteras autant que les hommes soient tant corrompus et mauvais au fond de leur cœur. Cependant, jamais tu ne témoigneras d'autant de détermination alimenter ces êtres qui se préparent sous tes yeux. Jamais tu ne verras de liens si forts les relier entre eux pour s'aider. Jamais tu ne trouveras de personnes si différentes mais pourtant si complices, s'unir pour la même cause. Et jamais tu n'éprouveras autant d'enchantement en découvrant le motif si pur et si doux qui emporte avec lui des légions entières prêtes à se battre. Car, si le désir de défendre sa terre est une chose ; le désir de défendre celui pour qui notre cœur s'est dévoué en est une toute autre, bien plus pure, bien plus sincère, bien plus puissante et incontrôlable. Alors, si tu possèdes une conscience pour comprendre, des yeux pour observer, et un cœur pour ressentir ; soit attentive à ce qu'il va se dérouler, Terre.
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L'après-midi venait de s'achever. Alors qu'à cette heure, chaque membre de son clan devait se trouver dans son camp, pour se reposer de la journée et commencer à se réunir autour du dîner partageant des anecdotes et échangeant quelques rires ; aujourd'hui était différent. Aujourd'hui personne ne se trouvait chez lui. Aujourd'hui personne ne se reposait. Aujourd'hui personne ne riait. Aujourd'hui les visages étaient graves et sérieux. Les lèvres étaient immobiles. Les regards étaient tranchants. Aujourd'hui les pas étaient lourds et distincts. L'atmosphère était écrasante et austère. Le mental était inflexible. Le souffle était lent. Et aujourd'hui le corps n'était pas tremblant, non, il était fixe. Il était prêt.
Chaque clan s'était regroupé à la frontière. Les alliés, venant de toute part de Shita, rejoignaient peu à peu les rangs. La frontière entre les Terres Désolées et la Pire Génération se remarquait par la différence de hauteur entre les deux, conférant un inconvénient pour ceux qui viendraient des Terres Désolées, ces dernières se trouvant en contre-bas de quelques mètres seulement. Les machines étaient donc positionnées en hauteur, sur le plateau, du côté tu territoire de la Pire Génération.