Dans un monde d'apparences et de paraître, d'oisiveté et de bien-être, chaque personnage n'est qu'un acteur, un comédien. Au-dessus d'eux les plus Grands tirent les ficelles, plaçant les plus Beaux au premier rang, délaissant les autres en arrière-plan. Soit vous êtes conformes, en correspondant au moule préfabriqué de la société, et vous êtes acceptés. Soit vous êtes différents, ou trop audacieux, et les Dieux brûleront vos ailes, avant de vous laisser périr dans le bas-monde. Mais qu'est ce qu'un Dieu sans bonté ? Un homme omnipotent. Et un homme ignorant ? Un esclave de la société. Voilà comment définir en simples mots le pays qu'incarne Jōshita. Un véritable théâtre humain composé de marionnettes, portant des masques au quotidien.
De l'extérieur, Jōshita est un pays qui pourrait ressembler aux autres. Des habitants, du commerce, un gouvernement. Rien d'alarmant. Mais lorsque l'on ose se rapprocher d'un peu plus près, observer ce qui reste caché, entrevoir entre les rideaux de la scène ; l'on retrouve tout ce que nous avons cité précédemment.
Ce pays est en effet séparé en deux parties bien distinctes, aux allures manichéennes : il y a le bien et le mal, le vrai et le faux, le blanc et le noir, le gentil et le vilain. La partie au contact de la mer – possédant une façade maritime réputée pour son commerce et son tourisme – se nomme Jō. Ce territoire est une cité-état, c'est-à-dire une ville qui possède la souveraineté. Sa superficie peut être comparable à celle de la Corse. Elle est située sur un plateau, en hauteur, et surplombe intégralement le reste du pays. Jō est la ville de l'abondance, de la joie, du bon-vivre. Elle est riche et florissante, bâtie sur un sol d'argent sur lequel sont érigés de luxueux bâtiments, entourés de délicates rues pavées fleuries. Ses habitants sont les acteurs de premiers rôles, ceux qui occupent le devant de la scène. Ce sont les "gentils", les "bons". Ils exercent des métiers prestigieux, sont souriants, joyeux. La société ne pourrait se porter mieux.
Le reste du pays, est une zone de non-droit, nommée Shita. Elle est située en contrebas de Jō, à l'intérieur des terres, de telle manière à ce qu'elle ne soit pas vue depuis l'extérieur. Sur ces terres, le droit ou les lois ne s'appliquent pas. La seule loi qui règne, c'est celle du plus fort. Il n'y a pas de police. La justice se fait soit-même. Shita correspond au bas-monde, que la ville d'en haut considère comme une décharge, où sont jetées leurs ordures. Dans Shita, ne vivent pas que les délinquants, mais tous ceux qui n'ont pas leur place à Jō. Les raisons peuvent être multiples : pas assez de talent, pas assez intéressant, pas assez riche, pas assez aimé, pas assez célèbre, pas assez... Les habitants du bas monde sont les "méchants", les "mauvais", les indésirés, ceux qui font tâche sur le paysage.
Et pour renforcer cette fracture, la frontière entre ces deux territoires – entre Jō et Shita – est complètement imperméable, infranchissable. Pour atteindre Jō depuis le bas, il faut escalader la falaise qui mène au plateau. Mais des troupes armées surveillent constamment la frontière, et n'hésitent pas à tirer sur les malheureux qui oseraient s'y aventurer. C'est simple, si vous êtes du monde d'en bas, vous n'atteindrez jamais le monde d'en haut. Jamais de petits figurants ne remplaceront les acteurs du premier rang. Parallèlement, si vous êtes d'en haut, vous pouvez être jetés à tout moment dans le monde d'en bas, dans le cas où vous ne satisferiez plus les critères nécessaires. Cependant, si vous avez un rôle important ou des qualités rares, vous êtes une pièce de choix, une "poule aux œufs d'or". Il serait alors hors de question de vous laisser partir. Si la ville de Jō se porte aussi bien, c'est également parce qu'elle régule sa société, de telle sorte à ce qu'il y ait un nombre de métiers suffisants dans chaque domaine, un nombre suffisant de sourires, un nombre suffisant de femmes, d'hommes. Après tout c'est comme une pièce de théâtre, non ? Le metteur en scène est bien libre de choisir ses comédiens, et de les remplacer, s'ils deviennent usagés ou obsolètes...
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Law observait, rêveur, à travers la vitre de sa chambre, tout en méditant, sur la ville, sur son destin, sur sa vie. Qu'avait-il réellement choisi dans tout ça ? Se sentait-il heureux, épanoui ? Mais de toute façon, avait-il son mot à dire ? Non. Il devait apprendre les bonnes manières, suivre les formalités, faire ce qu'on lui disait de faire. Ce "on", désignait à la fois le gouvernement, mais aussi son tuteur. Un homme extrêmement riche et influent. Il était le maire du quartier de Dressrosa, le quartier de l'Amour et de la Passion, dont l'atmosphère était bercée par des airs de flamenco. Son prestige se rapprochait de celui des dirigeants de la ville, et il était aimé de tous, excepté de Law.
Depuis la mort de ses parents – ainsi que de sa sœur, Lamy – Law avait été sous la tutelle de cet homme : Don Quichotte Doflamingo. Il vivait dans l'une de ses multiples demeures luxueuses, dans le quartier de Dressrosa. Il recevait des cours particuliers, et avait accès à tous les plaisirs qu'il souhaitait. Mais au plus grand étonnement de son tuteur, Law préférait rester isolé dans sa chambre, plutôt que de se prélasser au soleil ou de dépenser des sommes d'argent astronomiques dans des loisirs futiles. Il n'aimait pas la compagnie, il n'aimait pas se retrouver au milieu de ces gens bruyants et faux. Alors, durant des journées entières il restait dans sa "modeste" chambre de 40m², et occupait son temps à lire, étudier, ou simplement regarder par sa fenêtre, ce monde qui le révulsait.
Il voyait se promener les passants, portant des sacs luxueux sous le bras et des sourires hypocrites sur le visage. Ils avaient tous l'air plus heureux les uns que les autres. Il observait attentivement leurs lèvres bouger et leurs yeux cligner, essayant de déchiffrer par leur simple attitude, leur profession ou leurs goûts. C'était un passe-temps auquel Law aimait bien se donner. Et dans la majorité des cas, il arrivait à déchiffrer sans problème les passants, sous leurs airs naïfs et fallacieux.
Ennuyé par tant d'hypocrisie, il s'éloigna de la fenêtre, tira le rideau, et revint s'asseoir à son bureau, un livre de médecine ouvert devant lui. Il avait – comme le disait son tuteur – d'incomparables talents dans ce domaine, ce qui le rendait d'autant plus prisé et convoité. Déjà à son âge, il était plus doué que la majorité des médecins de Jō. Et lorsqu'il aurait fini ses études, il serait, sans l'ombre d'un doute, un des médecin les plus talentueux existants. C'était le gouvernement – le Gorōsei – qui avait confié la tâche à Doflamingo de tuteurer et de financer l'éducation du jeune Trafalgar Law. Une tâche qu'il accepta avec grand plaisir, dans le seul but d'augmenter sa popularité et son prestige. Cela faisait maintenant dix ans que Law vivait sous sa tutelle, depuis le jour où il était devenu orphelin. Cela faisait dix ans qu'il regardait ce monde hypocrite depuis la fenêtre de sa chambre, se répétant jour après jour « Existerait-il un moyen de partir, de s'enfuir ? ». Même si aux premiers abords, la fuite semblait impossible – que ce soit à cause de la présence indéracinable des troupes armées au niveau de la frontière ou de celle des caméras de surveillance dispersées un peu partout dans Jō – cet exploit avait déjà été réalisé auparavant. C'était il y a douze ans. A cette époque Law vivait encore chez ses parents avec sa sœur, dans le quartier blanc de Flevance. Il allait à l'école du quartier, tous les jours, accompagné de sa mère. Une matinée, la professeur avait montré au tableau la photo d'un garçon, en-dessous duquel était écrit en rouge "traître". Ce garçon, qui venait d'une famille noble résidant dans le quartier de Goa, avait réussi l'impossible : s'échapper de Jō, sans être ni emprisonné, ni tué. Aux yeux de la ville, il était un déserteur, un traître, un lâche, une erreur de la nature, un misérable, un vaurien... Aux yeux de Law, ce garçon qui avait seulement dix ans, était un modèle, un symbole d'espoir et de liberté. Il était la preuve vivante que s'échapper de cette ville hypocrite était bien possible, réalisable. Et alors, la question qui lui venait automatiquement à l'esprit était « Mais comment avait-il fait ? Comment s'y était-il prit ? ». Ces questions trottaient dans le tête de Law à longueur de journée, lui qui essayait de mettre au point un plan pour s'évader. S'enfuir par la côte était strictement impossible. C'était le lieu le plus surveillé. Le seul moyen existant, était par la frontière. Mais comment ? Épuisé par tant de questions sans réponses, Law finit par s'allonger dans son lit pour se laisser porter par le sommeil, espérant que ce dernier lui apporterait des conseils.
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Voici le premier chapitre !Il y a une vraie explication derrière le nom du pays (je n'ai pas juste tapé au hasard des lettres sur mon clavier hein 😂), je l'expliquerais peur être plus tard, mais si vous avez des propositions, je serais curieuse de les connaître 🙃
Bisouss