(11) - Libération

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15 Août 1944, Munich, Allemagne

Une cigarette pendante au bord des lèvres, Livaï arpentait les rues, les mains dans les poches.
Voilà quelques heures déjà qu'il était de retour à Munich.
Il leur avait fallu quatre jours entiers pour rejoindre la ville à cheval depuis la France.
Le trajet avait été un enfer, entre les regards haineux des français qui les observaient passer comme des bêtes curieuses, les contrôles interminables, les détours multiples pour éviter les zones de tensions ou de front, sans trouver aucun endroit pour se reposer ou se restaurer.
À peine étaient ils arrivés, ils s'étaient empressés de laisser leurs chevaux à la caserne, pour pouvoir rapidement rentrer se reposer et profiter du reste de l'après midi.
Demain, ils devraient être au pied de garde à cinq heures tapante.
Les frères Jäger étaient vite retournés chez eux pour voir leur famille, et même Sieg n'avait pas semblé mécontent à l'idée de retrouver son lit pour dormir un peu.

Mais Livaï, lui, n'était pas immédiatement rentré chez lui, et avait entamé une petite balade en ville.
Il avait longé durant un moment le fleuve d'Isar, profitant de la fraîcheur que l'on pouvait y trouver. Le climat ici lui semblait plus clément qu'en France, et après tout, lui qui n'aimait pas beaucoup la chaleur d'été était plus à l'aise ici. Durant un moment il avait eu peur de s'aventurer dans les petites rues, de crainte à y trouver des souvenirs dans les décombres.
Sa ville n'avait pas été épargnée par les bombardements visiblement... Et d'ici, il voyait déjà de grands tas de débris entassés le long des bâtiments encore debout.
Mais lorsqu'il reconnu la rue qui menait tout droit à la Marienplatz, Livaï ne pu se retenir de l'emprunter pour aller y jetter un œil, car, de toute façon, c'était par là qu'il devait passer pour aller chez lui.
Arrivé sur place, il fut surpris par la foule qui y séjournait.
Pas que ce soit inhabituel pourtant, mais il fallait croire que le silence de la campagne française avait finie par le rendre anxieux face à la foule.

L'hôtel de ville ainsi que la vieille église avaient l'air d'avoir eux aussi essuyés le choc des bombes américaines. Et dire que sa rénovation avait été achevée il y a moins de quarante ans...
L'homme se perdit quelques instants sur la hauteur du clocher, face au quel ses pauvres yeux se sentirent vertigineux, eux qui n'étaient plus habitués à des choses aussi immenses.
Lui qui était déjà petit, ne se senti pas très à l'aise à l'idée d'être en dessous de cette tour, qui, par sa grandeur et un une imagination trop débordante, lui semblait bancale.

Il préféra alors garder ses yeux un peu plus en bas, se contentant d'observer les nombreux arcs et voûtes qui constituaient les fondations du bâtiment.
Depuis petit, il était impressionné par le nombre de détails incrustés dans ces pierres, qui donnaient alors toute l'élégance de ce bâtiment, qui avait toujours été pour lui, le plus beau au monde.
Qui sait ? C'était peut être ça, qui l'avait poussé à être aussi soucieux du détail dans ses sculptures nocturnes.

Il continua alors de marcher, s'arrêtant enfin au milieu de la place, où se situait la Mariensäule, une haute colonne sur la quelle reposait à son sommet, une statue dorée de la vierge Marie, debout sur un croissant de lune.
Au pied de la colonne, se situaient les quatre putti, luttant chacun contre une bête différente, représentant avec de petites scènes, les épreuves autrefois surmontée par la ville.
Le lion représentait la guerre, le basilic la peste, la famine était elle dessinée par le dragon et enfin l'hérésie par le serpent.
Cela lui paru presque comique de voir un tel mémorial, comme si on parlait là de quelque chose qui était bien fini, une page qui était tournée et sur laquelle on ne reviendrait jamais.
Pourtant, ils étaient en pleine guerre, la peste et l'hérésie était bien choisi pour définir leur régime,cause directe d'un grand manque de nourriture et de ressources.

Livaï X Reader | L'absurdité de ce monde Où les histoires vivent. Découvrez maintenant