Munich, Allemagne, novembre 1944
Livaï s'empressa avec fermeté de plaquer sa main sur la bouche gueulante de la jeune femme.
Les absurdités qu'elle déballait exagérément et en masse avaient eu le don de l'agacer.
C'était vraiment sensé l'exciter d'avantage ?
Ne pouvait elle pas se contenter de prendre du plaisir en silence, histoire de ménager ses tympans ?Il se sentait venir à bout, puisqu'il n'était ni plus ni moins qu'un homme, mais, comme toujours depuis qu'il était rentré, le cœur n'y était pas.
Alors une fois son affaire finie, il relâcha sans doute avec trop violence la pauvre fille, qui elle, avait juste demandée à passer la soirée en compagnie d'un beau soldat allemand.
Enfin beau ? C'était son uniforme qui attiraient les filles comme un aimant. Après tout, coucher avec un soldat pouvait être un moyen d'avoir certains privilèges.Il se roula sur le côté du lit, tournant le dos à une autre de ses éternelles conquêtes, puis, il alluma une cigarette, espérant qu'une petite bouffée lui permettrait d'éloigner cette boule qui stagnait dans son ventre.
Les mauvaise habitudes n'étaient jamais très loin, n'est ce pas ?
Livaï était retombé en plein milieu dedans.
Lever aux aurores, caserne, patrouille, maintien de l'ordre et réglementation, papiers infâmes jusqu'à il ne sait quelle heure, bar, thé, chopper une fille au hasard puis la sauter dans un coin, pour ensuite s'enfuir et rentrer chez lui, et tout recommencer, encore et encore.Il ne supportait plus son travail !
Aujourd'hui il avait été plus à cran que jamais. Déjà le manque de sommeil, les insomnies, suivies de cauchemars à répétitions ne l'aidait absolument pas,et de se retrouver à nouveau immergé dans toute cette merde, ne faisait qu'atrophier son corps jour après jour, encore et encore, dans l'éternité d'un quotidien, d'une boucle temporelle qui était redevenu sienne.
Livaï avait bien essayé d'oublier, de compenser, de faire quoi que ce soit ! Mais hormis enchaîner désespérément les femmes et se coller une terrible angoisse, il n'avait rien réussi à faire de plus.Tout lui manquait tellement en France. Là bas, jouer aux soldats était presque devenu une comédie, un rôle qu'il se donnait et qu'il parvenait à jouer à la perfection, car, au fond il restait un acteur et que l'essence de sa personne ne se trouvait pas là.
Les membres de la résistance lui manquaient, Hansi et ses éternelles blagues lui manquait, la vie paisible et douce du village lui manquait, bordel même ce foutu "S" lui manquait !
Et sans parler de son amante.
C'était le pire, il n'osait même pas y penser sous peine de fondre en larmes et de ne plus pouvoir bouger de la soirée, tant il avait mal. Dernièrement, il était même arrivé à un tel stade de douleur, que son corps n'arrivait même plus à l'exprimer.Que faisait elle ? Comment allait elle ?Pensait elle seulement à lui, là bas, derrière une frontière si éloignée, que cela lui semblait être le bout du monde ?
Livaï tira longuement sur sa cigarette pour parer à la bouffée de chaleur qui l'avait submergé, se moquant bien de fumer dans la chambre de la jeune femme qui l'avait reçu chez elle.
Lorsqu'il senti sa main se poser sur son épaule, il fit seulement un bond pour se mettre debout, pour ainsi enfiler ses affaires et mettre les voiles, sans lui adresser un mot.La froideur du mois de novembre frappant violement ses joues rougies, lui avait fait plus de bien que cette pathétique conquête.
Il avait froid, certes, mais il aimait cette sensation qui le transperçait de toute part et qui lui rappelait qu'après tout il était en vie.
Les cadavres étaient bien froid, pensa il, et la métaphore avec son être lui paru tout à fait plausible. Son corps bougeait bien et ressentait un tas de choses, mais son intérieur n'était guère plus animé que celui d'un mort.
Néanmoins, contrairement à ces corps vides et condamnés, avait il encore une possibilité d'inverser la tendance ? De faire de sa chair une enveloppe morte, mais de ses entrailles, un intérieur et une spiritualité de bien plus vivante ?
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Livaï X Reader | L'absurdité de ce monde
FanficJe ne vous promets pas le plus beau des résumés, mais tout du moins, la plus belle et étrange des histoires qu'aura compté le siècle dernier. Car malgré la guerre, naissent parfois, les plus magnifiques et tragiques des romances. L'humain ne cess...