(14) - Fauer frei !

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Munich, Allemagne, 11 avril 1945

Prestement, l'homme marchait au travers des différentes ruelles, dissimulé par l'épaisse pénombre de la nuit. Cette obscurité, était loin d'être inhabituelle, bien au contraire, elle était le quotidien de cette Allemagne là.
Ses yeux parcouraient les moindres recoins, en l'espace de quelques millièmes de secondes, analysant chaque mur, chaque rue, craignant à ce qu'on ne l'aperçoive, lui, comme un petit éclat de lumière, sur lequel on devrait souffler pour l'éteindre.
Pourtant il n'y avait aucune aura particulière émanant de lui, pas même une lueur, et encore moins une auréole. Il s'agissait seulement de son cœur, qui scintillait un peu plus fort à chaque battement, sentant sa motivation grandir à chaque instant.

Son pas effréné et ses nerfs à vif, ne lui laissait aucunement le temps de le laisser exprimer sa nervosité, aussi restait il concentré sur son objectif, répétant inlassablement le plan au fin fond de son crâne.

Prendre la deuxième avenue, puis tourner à gauche, continuer tout droit sur environ trois cents mètres, reprendre la même direction que précédemment, encore quelques mètres, entrer dans l'immeuble dégradé et abandonné qui faisait face à la fabrique d'arme, hurler, actionner leur dispositif à l'heure, et fuir le plus vite possible.
Cela paraissait si simple, mais pourtant, le résistant n'avait pas les tripes bien en place, et si il n'avait pas été si pressé, peut être se serait il arrêté dans un coin pour laisser son corps expulser toute cette torture intellectuelle, d'une manière ou d'une autre.

Si quelqu'un était passé à ce moment, il aurait eu du mal à le croire en voyant ce visage déterminé et fermé à une quelconque autre émotion.
Pourtant Livaï mourrait de peur, à l'idée que quelque chose ne foire.
Cela leur avait prit des mois pour réfléchir à ce plan, l'élaborer, tout mettre en place en se chiant dessus une bonne centaine de fois avec toutes leurs manigances.

Il avait même du demander de l'aide à son oncle !
Et ça, l'idée d'impliquer un membre de sa famille de lui avait décidément déplu.
Kenny était un homme intelligent et redoutable derrière ses allures de foire, il n'avait pas tardé à analyser et comprendre son neveu dans les moindres détails.
Il n'avait néanmoins pas vendu la mèche, premièrement parcequ'il s'agissait de son sang, et que ça serait trahir le code d'honneur de la famille Ackerman, mais parceque lui aussi avait une dent contre le régime actuel.
Des broutilles de gang, dans lesquelles il avait baigné depuis son enfance, mais cela avait semblé plus que suffisant pour garder son silence.
Néanmoins, cela lui avait permit de lui demander une faveur : celle de se cacher pendant un moment en ville, au cas où il se ferait attraper, puis de fuir si cela devait arriver.

Livaï n'avait rien osé dire à sa mère, et Kenny l'avait encouragé dans ce sens là, lui avouant qu'il était sans doute mieux qu'elle n'en sache rien pour le moment.
Dire qu'elle était complètement ignorante de la situation était bien faux : puisque c'était elle qui avait cousu, à sa demande, le fier brassard tout neuf qu'il venait d'enfiler au bras.
Mais elle, était loin de s'imaginer que son fils, le fameux Hauptmann Ackerman, amicalement appelé Kapitän Ackerman, était en réalité à l'origine d'un coup résistantialiste aussi gros,que celui qu'il s'apprêtait à réaliser.

Ils y avaient passés tellement d'heure, prit tant de risques, que ce soit Livaï en piquant des informations au travail, Petra en sortant dans la rue, d'autres en volant des explosifs, et encore plusieurs résistants pour les installer au millieu de quelques minutes de pause... Tant de détails, tant de complications, pour en arriver ici, maintenant, là où tout devait se jouer, là où l'avenir de Livaï commençait, ou bien là où il connaîtrait sa fin tragique.

Livaï X Reader | L'absurdité de ce monde Où les histoires vivent. Découvrez maintenant