jour six : "ça me déçoit."

695 67 159
                                    

dix-sept mai 2023.
paris, france.
•••

omniscient.

Adil se leva plus tôt que prévu, il devait se rendre au centre d'entraînement pour discuter d'un possible futur contrat en Angleterre, à Liverpool.

Il se rendit dans la salle de bain, encore dans le vague, et se mouilla le visage avec de l'eau bien froide pour se réveiller.

Son regard se posa sur le côté du lavabo, sur lequel une lame ensanglantée y était posée.

Il la prit dans ses mains, et fit le rapprochement. La lame, le pull, le comportement douteux d'Adélaïde...

Il se précipita dans la chambre, où sa copine dormait encore, et releva la manche du pull qu'elle portait.

Il y trouva un bandage, mais quelques légers traits dépassaient de celui-ci.

Il la lâcha quand elle se tourna, puis se rendit dans le salon avant de se servir une tasse de café, sachant pertinemment qu'il détestait ça.

Il plongea sa tête entre ses mains, n'en revenant pas. Depuis combien de temps faisait-elle cela ? Pourquoi ne s'en était-il pas rendu compte plus tôt ?

Pourquoi n'a-t-il pas perçu sa souffrance ?

Ses yeux se posèrent sur la bouteille de vodka, oubliée d'une précédente soirée. Il l'ouvrit et bu le fond, cul sec.

Le remède miracle contre un cœur émietté. 

Il secoua sa tête en soufflant, il avait oublié à quel point cet alcool était plutôt fort.

Il mit du sucre dans son café et prit une cuillère avant de touiller le liquide, le regard dans le vide.

- « Hey, ça va ? »

Adélaïde débarqua dans la salle à manger, toute contente, pour une fois. Elle n'avait pas fait de cauchemar cette nuit, ce qui était assez rare.

Elle déposa un bisou sur sa joue, et fit la moue en voyant qu'il ne réagissait pas.

- « Pourquoi tu bois du café ? Tu détestes ça.

- Mes goûts ont changé. »

Elle haussa les épaules en ne le quittant pas des yeux.

- « Quelque chose ne va pas Adil. Je te connais.

- Tu me demandes vraiment ce qui ne va pas ? Mais comment tu peux oser sortir ces mots de ta bouche putain ?

- Je ne comprends pas, de quoi tu parles ? »

Il prit le bras gauche d'Adélaïde avant de relever sa manche. Elle baissa les yeux en repliant son bras contre elle.

Son secret a été révélé.

- « Et la lame de rasoir dans la salle de bain ?

- Adil...

- Arrête, ne prononce même pas mon prénom. »

Il quitta la table, manquant de faire valdinguer la chaise avec.

La jeune femme le suivit dans la chambre, et le regarda prendre un sac à la va-vite avant d'y fourrer quelques affaires.

- « Qu'est-ce que tu fais ?

- Je m'en vais. Je vais aller à l'entraînement puis je vais dormir chez un pote. On se verra demain.

- Attends...

- Ça faisait combien de temps ? »

Elle baissa la tête, et fixa ses pieds.

- « Combien de temps ? Fit-il en haussant le ton.

- Six mois. »

Il n'en fallut pas plus pour que les larmes qu'Adil essayait de retenir sortent, et coulent à flots.

Il quitta la chambre, la jeune femme essayait de le retenir.

- « Adélaïde, arrête. Tu sais quoi ? Je ne suis même pas énervé, je suis déçu. Ça me déçoit.

- Mais tu ne peux pas comprendre Adil, ce que je vis au quotidien. Je souffre tellement que j'ai envie de me foutre en l'air à chaque instant, tu es la seule personne qui me fait tenir.

- J'aurais pu te soutenir Adélaïde, comme je le fais depuis toujours, depuis la putain de fois où t'as failli te tuer en voulant sauter du pont. Je n'ai jamais cessé de t'aimer depuis ce jour, comment tu peux faire ça ?

- Parce que je n'en peux plus Adil, ma mère est morte, mon père est emprisonné après avoir passé des années à me battre et me violer quotidiennement, et pendant toute ma scolarité on m'a critiqué à cause de ma malformation, je subis depuis que je suis enfant ! Je n'avais que ça pour me soulager et pour oublier.

- Tu te faisais du mal, alors qu'en parler aurait pu être plus bénéfique. Je suis quoi pour toi ? Juste la personne qui te soutiens, mais est-ce que je compte réellement pour toi ?

- Mais, évidemment, Adil ça fait presque six ans que l'on est ensemble...

Il la stoppa, et prit la parole. Le voir aussi touché par cela la chagrinait énormément.

- « Tu te mutilais Adélaïde, et moi je ne voyais rien, j'étais naïf et tu as joué de ça pour me cacher ce que tu faisais. Je suis juste déçu et dégouté.

- Adil...

- Arrête, stop. Tu as voulu jouer à ce jeu, tu as voulu te faire du mal au lieu d'en parler à ta psychologue, je pensais qu'on ne se cachait rien mais je me suis trompé sur toute la ligne. Maintenant tu en subis les conséquences. »

Il fixa sa petite amie avant d'ouvrir la porte d'entrée.

- « J'étais là quand tu as voulu sauter de ce pont. J'étais là quand tout le monde t'insultait d'extraterrestre à cause de ta malformation. J'étais là quand tu as déposé une main courante contre ton père, des années après qu'il ait débuté ce qui te faisait souffrir. J'étais là à la mort de ta mère, à son enterrement. J'étais là lors de tes premières séances chez le psychologue. J'étais présent. je t'ai épaulé depuis que tu es entré dans ma vie, au lycée, et tu me remercies en voulant te tuer ou en te mutilant. »

La gorge serrée, elle plongea dans les bras d'Adil, qui n'eut aucune réaction.

- « Je considérais ma mère comme la huitième merveille du monde. Elle était tout pour moi Adil, tu le savais. La perdre fut la chose la plus douloureuse. J'ai cessé de vivre depuis ce jour. J'essaie de me relever mais je n'y parviens pas, la douleur est tellement forte, elle me prend de l'intérieur, mon cœur se serre à chacune de mes respirations, s'accélère à chacune de mes pensées, se brise à chaque cauchemar. Il est devenu irréparable, et je suis désolée de t'infliger tout ce mal, tu ne le mérites en aucun cas. »

Le footballeur resta de marbre, en caressant le dos de la main de la jeune femme. Ils se regardèrent tous les deux, en larmes.

Il la lâcha finalement, puis prit son sac avant de s'en aller, essuyant ses larmes.

Il était parti, emportant avec lui, le cœur d'Adélaïde.

____________________________

hello, je vous préviens, tout commence dans le prochain chapitre.

C'est le dernier avant l'épilogue !

je profite de manger chez moi pour vous poster le chapitre :)

des avis sur la réaction d'Adil ? (évitez les vents) :)

-trenteseptkm

sept jours» ADIL AOUCHICHE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant