Sangdor - La ville sur la baie

Partie 3 - Docteur

Sans attendre, j'appelle l'hôtesse de l'air en espérant pouvoir retrouver mon siège.

Lorsque celle-ci arrive en faisant claquer ses talons aiguilles, son sourire se transforme en rictus.

— Je reviens, dit-elle en rebroussant chemin.

— Attendez, essaie d'articuler la brune.

Ne sachant que faire, je reste planté là, à regarder le film qui n'est toujours pas terminé.

— Bonsoir, ici votre commandant qui vous parle. Nous avons besoin de toute urgence de l'assistance d'un médecin. S'il vous plaît, vous rapportez à votre agente de bord.

Un brouhaha se fait entendre, la plupart des passagers qui dormaient se sont réveillés en sursaut dès les premiers mots crachés par les haut-parleurs. Tous sans exception regardent autour d'eux pour savoir ce qui se passe et bientôt, ils aperçoivent la femme qui éprouve des difficultés.

— Elle va accoucher ! lance quelqu'un.

Des voix s'élèvent sous la surprise. La blonde platine revient en trottant pour voir l'état de la brune.

— Comment vous appelez-vous ? demande l'agente.

— Myriam.

— Bien, madame, nous allons attendre quelques instants pour savoir si un médecin viendra nous trouver.

Le vieil homme à la canne claudique vers nous. Je me pousse pour le laisser passer.

— Je suis venu vous aider. Appelez-moi Pierre.

— Bien. Cette femme semble avoir des contractions.

Pierre s'approche et tâte le ventre de la brune toujours étendue et respirant de façon saccadée. Il regarde sa montre avec attention.

— Vous en êtes à combien de semaines ?

— Trente-sept.

Il est bien en position, il a la tête vers le bas. Vous contractez présentement au six minutes.

L'hôtesse fixe le médecin d'un air perdu.

— Ce qui signifie ? demande-t-elle.

— Elle n'a pas encore commencé le vrai travail. Ce ne sont que des contractions pour préparer la venue du bébé.

— Oh ! s'exclame la blonde soulagée. Je vais prévenir le commandant.

— Je vais m'installer à votre siège jeune homme. Je ne peux pas laisser cette femme sans surveillance. Vous pouvez prendre ma place à l'arrière.

— Très bien.

Je m'éloigne en maugréant vers l'endroit que m'a indiqué le vieil homme. Du côté du hublot, un garçon d'environ une dizaine d'années est assis avec sa chair tendre et fraîche. Je m'assois à côté de lui sans attendre une seconde de plus. Je lui adresse un sourire forcé et j'ouvre mon livre pour ne plus penser.