Partie 8 - Repas

12 2 2
                                    

Essoufflé, je suis fier de moi. Je m'approche de Myriam sous les exclamations de joies des passagers. Pierre, tremblant, blanc comme un linge, n'a pas oublié sa tâche. Il agrippe la main de la jeune femme et vérifie ses fonctions vitales.

— Elle... elle est vivante, déclare-t-il.

Il me regarde comme s'il s'attendait à ce que je lui explique la situation.

— Comment a-t-elle pu donner naissance à un monstre pareil ? demande celui-ci totalement désemparé.

Je ne sais pas quoi répondre. Les paupières de la dame s'ouvrent légèrement. Je vois la haine dans ses yeux verts, comme un marécage boueux. C'est une sorcière !

Sans prendre le temps de réfléchir, je saisis des sachets de sel qui sont au sol. Je les lance sur Myriam qui fond à grande vitesse.

Elle pousse des cris de désespoir avant de se transformer à son tour en liquide informe sur lequel ses vêtements flottent.

— Nous arrivons à San Francisco. C'est votre commandant qui vous parle. Il fait présentement vingt-cinq degrés. J'espère que vous avez fait bon voyage. Nous amorçons la descente.

Les passagers craintifs regagnent leurs places en évitant le plus possible de s'approcher de la zone où se trouvent les restes de la sorcière et de son enfant.

Je reçois quelques poignées de main et des claques dans le dos. Bianca vient m'adresser la parole.

— Pas mal pour un vieux.

— Je t'ai dit que je suis fringant.

— Oublis, ça, tu es vieux et tu le resteras. Cela dit, tu t'es quand même bien débrouillé.

— Est-ce que je dois prendre ça pour un compliment.

— Ne dis surtout à personne que je t'ai dit ça, sinon tu es mort.

— Je le suis déjà.

Elle m'adresse un sourire en coin et file retrouver son siège alors que j'ai finalement deux places pour moi tout seul. Le sol étant plutôt collant, je m'étends le plus confortablement possible avec mon petit oreiller et je ferme les yeux afin d'obtenir enfin un cinq minutes de paix.

— Vous êtes toujours disponible pour un repas ?

J'ouvre les yeux sur la belle blonde qui se penche vers moi.

— Bonne idée !

— Je me nomme Églantine.

— Sangdor.

— J'irai vous retrouver au carrousel à bagages lorsque j'aurai terminé mes tâches.

Elle me fait un sourire engageant et s'éloigne alors que je pense déjà à mon repas, enfin !

Sangdor - La ville sur la baieWhere stories live. Discover now