Sangdor - La ville sur la baie

Chapitre 2 - Partie 1 - Repas ?

J'étais là, avachie sur son corps, en train de boire goulûment son sang lorsque la jeune femme m'assène un coup à la tête avec une lampe qui se trouvait près de son canapé.

Celle-ci frappe avec tellement de force sur ma tempe que je m'évanouis sur le coup. Tu parles d'un vampire fort et puissant ! J'allais passer pour une mauviette auprès de toute ma communauté.

Je reprends connaissance seulement quelques heures plus tard, sous le coup de minuit attaché solidement par des chaînes à un mur de soutènement en béton.

J'allais de malchance en malchance, si j'usais de force pour me sortir de ce mauvais pas, je risquais de me retrouver avec tout le bâtiment sur la tête. Je décide donc de faire preuve de patience pour m'extirper de là.

La femme que j'ai agressée dans son salon, les cheveux blonds brillants de sueurs, vient me voir au sous-sol un fusil à la main. Un pansement taché de sang est visible sur sa nuque et quelques gouttes sont tombées sur son tailleur blanc.

Je me lèche les lèvres en sentant l'odeur métallique se propager dans la pièce.

— Sale bête ! Est-ce que je vais me transformer en vampire maintenant ?

— Bien sûr que non !

— Pourquoi es-tu venu chez moi ?

— Tu m'as invité...

La blonde a un geste de recul et réalise son erreur, elle aurait dû faire plus attention avant de me proposer un repas.

— Pourquoi s'en prendre à moi ?

— J'avais faim, c'est tout. C'est dur de trouver de la chair fraîche, dis-je en me rappelant le goût de sa peau tendre.

Dégoûtée, elle fait mine de retourner en haut, mais s'arrête dans son mouvement.

— Tu as tué beaucoup de gens ? demande-t-elle d'une voix frémissante.

— Seulement quelques-uns, ricané-je.

Sans attendre davantage, elle remonte les escaliers le plus rapidement possible en me laissant seul.

Je l'entends à travers les trous de ventilations. Elle parle à quelqu'un.

— Viens, j'ai besoin d'aide. Ne discute pas. Maintenant !

Elle a probablement téléphoné à son amant pour savoir quoi faire de moi. Les femmes, toutes pareilles.

Il suffirait qu'elle s'approche assez de moi pour que je lui brise la nuque, que je lui prenne les clés et c'en serait fini de tout ça. Je pourrais retourner à l'hôtel et égorger quelqu'un d'autre en toute tranquillité.

Je regarde autour de moi en quête d'une solution pour sortir d'ici. La pièce où je me situe est simple, quelques vieux meubles poussiéreux jonchent les coins. Des boîtes sont empilées négligemment sur une étagère de mélamine qui est dorénavant tordue à cause de l'effort fourni.

Je m'assois sur le sol de béton froid, pensif en poussant un soupir. Je suis devenu un vampire lors de mon passage à l'âge adulte. Un ami s'était fait transformer et il a décidé de me faire ce cadeau sans me demander mon avis.

J'ai perdu ma copine, car je n'ai pas su résister à la soif. Je me suis éloigné le plus possible de ma famille ayant peur de ne pouvoir me contrôler. Je suis brutal et intempestif. Je détruis tout sur mon passage, mais une part de moi ne peut se résoudre à faire subir ce sort à mes frères et sœurs tous plus jeunes que moi.

J'entends des bruits à l'étage. Des pas se dirigent au sous-sol. Je fixe les escaliers, mais je reste assis, pour avoir un air moins menaçant.