Sangdor - La ville sur la baie

Partie 2 - Sous-sol

— Il est là le problème, affirme la blonde en me pointant.

— Qui êtes-vous, monsieur ?

— On m'appelle Sangdor et vous ?

— Je suis l'inspecteur Tom Bran. Je suis ici pour vous amener en prison.

En disant ces mots, il sort des menottes qu'il fait tourner négligemment au bout de ses doigts.

— Avant tout, je veux avoir votre version des événements, monsieur. Églantine m'a parlé de violation de domicile et d'agression physique. Corroborez-vous les faits ?

— Non ! Elle m'a invité suite à notre rencontre dans l'avion. Nous sommes venus ici ensemble dans sa voiture. Puis, quand j'ai vu sa blessure au cou, j'ai essayé de l'aider et elle m'a frappé.

Tom jette un regard à Églantine visiblement ébranlée, ses joues sont blanches. L'inspecteur passe une main dans ses cheveux dorénavant nerveux.

— Comment vous êtes-vous retrouvé au sous-sol ? demande Tom.

— J'imagine que la jeune dame ici présente m'y a conduit. Je me suis évanoui lorsqu'elle m'a cogné avec la lampe, affirmai-je en tournant ma tête pour lui montrer ma tempe.

Églantine, de toute évidence à bout de nerf pointe son arme qu'elle tient toujours vers moi.

— C'est un monstre, il m'a mordu ! crie-t-elle en enlevant son pansement pour exhiber sa plaie.

L'inspecteur ne sachant plus qui croire nous regarde à tour de rôle, la main posée sur la hanche. Son costume noir lui donne normalement un air autoritaire, mais dans ce sous-sol, face aux événements il semble hors de son élément.

— Bon, je vous emmène au poste pour éclaircir tout ça. Et, Églantine, baissez votre arme, vous allez finir par blesser quelqu'un.

La blonde obtempère puis celui-ci tend la main à la jeune femme pour obtenir la clé qu'elle lui remet frustrée. L'homme s'approche ensuite de moi et m'enfile les menottes avant de me détacher.

— Ne faites aucun mouvement brusque Sangdor ou je vous plaque au sol.

Je l'en crois capable, vu sa carrure. La question est : pourrait-il me retenir longtemps ? Un sourire sadique se dessine sur mes lèvres, je baisse la tête pour le dissimuler. Mais je décide finalement de jouer la sagesse jusqu'à ce que nous soyons à l'extérieur où je pourrai prendre la fuite sans risquer de recevoir une ou plusieurs balles. Celles-ci ne pouvaient pas me tuer, mais c'était douloureux et pas très agréable de se retrouver avec un corps criblé de trous.

Une à une, nous montons les marches de l'escalier, nos pas faisant vibrer la surface. L'inspecteur et Églantine sont derrière moi et surveillent le moindre de mes gestes.

Lorsque nous atteignons enfin le palier, je remarque que la pièce ici aussi est presque vide, comme si Églantine venait à peine d'emménager.

Je jette un œil vers elle qui affiche un air froid et distant. Mon front se plisse légèrement. Je me lèche de nouveau les lèvres au souvenir du goût de son sang. Pourquoi cette humaine vit-elle dans un endroit désert ?