Chapitre 5

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Je le suivis dans le couloir jusqu'à la porte de son appartement. J'eus le réflexe de regarder en arrière, vers chez moi, comme si quelqu'un allait me retenir, mais rien. Personne n'avait remarqué qu'on était partis. Je me sentais vraiment nerveuse à l'idée d'être seule avec lui ailleurs que dans l'ascenseur...

Il me fit entrer et m'invita à le suivre à travers l'appartement. Le sien était plus grand que celui que je louais. Il avait deux pièces supplémentaires. Je souris en voyant la déco désuète et les deux fauteuils usés qui faisaient face à la télé, le tout relié par les fils des manettes de leur console encore posées sur les accoudoirs.

On se dirigea vers la porte du fond. Et quand il l'ouvrit, je découvris un studio de photographe particulièrement bien agencé. L'endroit était propre et rangé au millimètre. Tout ses rangements et son matériel étaient organisés le long d'un seul mur. Et les trois autres étaient décorés différemment. Il y avait un mur entièrement blanc, un autre noir et le troisième était équipé d'un rouleau, un fond vert était tendu jusqu'au sol. Je me faufilai entre les lampes de pro pour le rejoindre au centre de son installation.


- Tu es photographe ?

- J'essaye... Je vis pas encore toute l'année de mes photos, mais un jour j'espère. En attendant je complète en faisant quelques petits boulots à droite à gauche.

- Je peux voir quelques photos ?


On se retrouva tous les deux assis par terre dans sa chambre, contre le pied de son lit. Il avait allumé son ordinateur pour me montrer son travail et sorti quelques clichés développés en différents formats. Il avait du talent... J'étais étonnée d'être aussi à l'aise alors qu'on était si proches. Il s'appuyait presque contre mon épaule pour que l'on puisse tous les deux voir l'écran de son ordinateur portable.


- Les photos rendent mieux sur l'écran de mon ordi de travail.

- Elles sont déjà magnifiques sur celui-ci, dis-je en les faisant défiler.


Et puis j'en découvris une qui me ramena à la réalité... Un nu absolument splendide de la femme que j'avais croisée plusieurs fois. Elle cachait juste ce qu'il faut avec ses mains mais je devinais que tout voir de son corps de déesse n'aurait choqué personne. C'était de l'art fait de chair cette fille.


- Ta copine est vraiment très belle, dis-je même si ça me coûtait.

- Alice ? C'est pas ma copine, elle est modèle, elle pose pour moi de temps en temps. Je l'aide à refaire son book.


Cette information me faisait beaucoup trop plaisir... Et pourtant je ne savais même pas quoi répondre. Qu'est-ce que j'allais en faire ?


- Et toi, tu as quelqu'un dans ta vie ? s'enquit-il alors que je ne m'y attendais pas.

- Hum, non, je... je suis célibataire.

- Ok, content de le savoir, répondit-il en refermant son ordinateur.


Je le regardai, perdue. Je venais d'avoir une hallucination auditive, c'était forcément ça !


- On devrait retourner à la fête, soufflai-je, mal à l'aise.

- Pourquoi ?


Le regard qu'il me lançait faisait s'agiter toutes les cellules de mon corps comme si le sien était un aimant puissant... Il n'y avait que ma peur qui me retenait.


- Euh, parce que, hum..., je sais pas en fait. Je cherche une échappatoire je crois.


Je me mis à rire sans pouvoir me contrôler. C'était nerveux et surréaliste. Il riait aussi mais n'osait pas trop se laisser aller. Parce que ma réponse ressemblait à un râteau... Il n'avait clairement pas idée à quel point j'avais rêvé ce moment. Et je n'avais pas l'habitude de réaliser mes rêves.

Finalement je me levai, frottant anxieusement ma robe comme si elle allait me cacher comme par magie. J'avais complètement oublié que je m'étais « déguisée en fille » pendant le temps qu'on avait passé ensemble... Et maintenant qu'il me faisait du rentre dedans, je me sentais plus ridicule que jamais.


- Je voulais pas te mettre mal à l'aise, excuse-moi. Je sais pas trop comment m'y prendre quand une fille me plaît.


« QUOI ? IL A DIT QUOI ? » hurla ma petite voix hystérique.

Il venait de dire que je lui plaisais ? C'était vraiment en train d'arriver ?

Je repensais à cet après-midi avec Amina, quand elle m'avait chouchoutée pour me préparer à ce soir. On avait parlé de lui en s'imaginant des scénarios improbables et en rigolant comme des cruches. Elle m'avait fait promettre de saisir toutes les occasions...

« Sois audacieuse et spontanée » avait-elle ordonné en me faisant un clin d'œil.

C'est avec cette promesse en tête que je me lançai. C'était la chose la plus flippante que j'avais jamais faite. Me jeter au cou d'un garçon que je connaissais à peine pour l'embrasser comme si j'étais libérée et sûre de moi. Mais il me serra contre lui en me rendant mon baiser et ma peur s'envola. Il souriait en même temps, ce qui rendait notre échange compliqué. Mais je trouvais ça mignon alors je souriais aussi. On se regardait, timides tous les deux, à égalité.


- Tu veux toujours retourner à la fête ? murmura-t-il alors qu'on était seuls.

- Quelle fête ?


Il rigolait en m'embrassant encore. Je ne sais pas si l'alcool m'aidait à tout oublier, mes complexes comme mes peurs... mais cette nuit, j'étais une toute autre femme. Je me laissais aller à ne répondre qu'à nos envies sans me soucier des conséquences. Jusqu'à aimer ses mains qui caressaient mon corps que je détestais tant ce matin encore... 

J'aurais voulu rester cette femme tout le reste de ma vie.

Mais au réveil, ma liberté insouciante s'était évaporée aussi vite que mon courage. Nue, paumée et mal à l'aise, je m'extirpai de son lit en veillant à ne pas le réveiller. Rapidement, je ramassai ma robe et l'enfilai avant de prendre mes chaussures.

J'étais contente qu'il soit mon voisin, ça m'évitait une longue marche de la honte dans les rues de ma ville... Mais ça voulait aussi dire que j'allais le revoir très, très vite. Et, que se passerait-il alors ? 

Dans son regardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant