Après le départ d'Alice, on commanda une pizza qu'on mangea devant la télé. Je le voyais s'activer à mettre des bières dans son frigo et à ramasser tout ce qui traînait pour ranger un peu l'appartement. Mowgli, allongé dans le canapé, le suivait du regard, fatigué par sa longue balade.
Et je compris pourquoi quand on sonna à la porte et que Marc sortit de sa chambre pour nous rejoindre. Je vis trois garçons et deux filles entrer, les bras chargés de trucs à grignoter et de boissons. Je me levai du canapé, un peu perdue, pour aller leur dire bonsoir, rejointe par Léo qui passa son bras autour de ma taille tout en saluant ses amis.
- Alors c'est la fameuse Swann ? s'enquit une jeune femme aux cheveux blonds et courts.
- La fille de l'ascenseur, confirma Marc en donnant un coup de coude à Léo.
Je regardai mon copain, souriante et heureuse. Il l'avait fait exprès à cause de la petite crise que je lui avais fait dans les bois. Il ne me cachait pas, jamais. Il prenait son temps, parce qu'on l'avait. Mais il était aussi prêt à tout pour me rassurer. Et ça fonctionnait. Il ne me donnait pas de raison de douter, au contraire.
Je m'entendais vraiment bien avec ses amis. On rigolait, on jouait aux jeux vidéo, on grignotait... et tout semblait à sa place. Comme si je faisais partie de la bande. Léo était le même en présence de ses proches, tout aussi attentionné et tactile.
En fin de soirée, vers une heure du matin, tout le monde quitta l'appartement, même Marc. On se retrouva tous les deux, allongés dans son lit. Il détacha un à un les boutons de mon chemisier, glissant de temps en temps sa main à l'intérieur, impatient. Et je n'étais plus mal à l'aise quand il touchait mon ventre. Je laissais mes peurs derrière la porte de sa chambre maintenant... On était partis pour une nuit intense quand Mowgli se mit à pleurer dans le salon. Il avait une façon de couiner tellement drôle que je n'arrivai pas à résister. Je rigolai en appuyant ma tête contre le torse de Léo qui riait avec moi.
- Je vais lui ouvrir, mais c'est la dernière fois, dit-il en souriant, ton chien n'est qu'un voyeur !
Il ouvrit à la petite tornade poilue qui se jeta dans le lit pour se rouler dans les draps en reniflant comme un fou. Forcément, juste après, il se mit à éternuer en secouant la tête. Léo l'attrapa pour le prendre dans ses bras et le gronder pour de faux, lui parlant avec une voix aiguë. Il l'adorait. C'était un détail important, qui lui faisait gagner des points, comme s'il en avait besoin... En se débattant, Mowgli fit reculer Léo qui se cogna dans la commode de sa chambre. Un de ses appareils photo tomba par terre.
- Mince, il est cassé ? m'enquis-je en descendant du lit.
- Je crois pas, ça va...
Il vérifia encore en l'allumant. Puis, il leva les yeux vers moi, le regard coquin. Il plaça l'appareil devant son visage pour me prendre en photo.
Ce matin j'aurais dit non.
Mais ce soir... quelque chose avait changé. Voyant que je ne refusais pas, il me regarda, surpris.
- Sérieux ? espéra-t-il.
- Pour essayer... dis-je, joueuse.
Malgré l'heure tardive, il installa les lumières de son studio face au fond blanc et prépara son appareil. J'enfilai une de ses chemises blanches, comme seul vêtement, pour jouer le jeu à fond. Comme il était plus grand que moi et très carré, je pouvais me le permettre, même si, si j'essayais, j'aurais du mal à la fermer. Mais ça aussi ça ne comptait pas ce soir.
Il me voyait nue très régulièrement maintenant. Presque plus rien ne me mettait mal à l'aise devant lui. Il commença à me photographier, me laissant choisir mes poses. Je tentai d'être sexy, dénudant une épaule, jouant avec les bords de la chemine ouverte... Vu les sourires qu'il me faisait, je crois que je m'en sortais bien. Mais je ne restai pas sérieuse très longtemps, ne résistant pas à l'envie de faire quelques grimaces qui nous firent rire tous les deux. Et, prise au jeu, je finis par manquer de me casser la figure en essayant d'imiter une pose de yoga sur un seul pied. Il se moqua de moi avec tendresse. Et me rejoignit dans la lumière sans s'arrêter de rire.
- T'es folle, souffla-t-il juste avant de m'embrasser.
- Un petit peu, avouai-je en lui rendant son baiser.
- Tu sais que j'aime ça... Et je crois que mes amis t'aiment bien.
- Merci au fait, dis-je en baissant les yeux.
- Tu sais que j'ai aucune envie de te cacher, je comprends pas comment tu peux penser ça...
Je ne voulais pas gâcher l'instant en remettant ça sur le tapis...
- Ma sœur se marie dans un mois. Tu pourrais m'accompagner ?
Ma mère serait là. Il ne savait pas encore tout de moi alors il ne se doutait pas à quel point c'était dur pour moi de l'inviter.
- J'adorerais ça.
Ensuite, il me montra les photos. Elles étaient tellement bien ! J'avais du mal à croire que c'était moi, mon corps... Mon visage. J'étais radieuse, lumineuse... Et mes défauts me semblaient insignifiants. J'avais l'air heureuse, une belle femme qui s'amuse, insouciante.
- Tu te trouves jolie ? murmura-t-il à mon oreille.
- Oui, dis-je, fièrement, sincèrement.
- C'est comme ça que je te vois.
Il avait chuchoté à mon oreille, et son souffle me donna des frissons. Léo commença par embrasser mon cou puis il tira sur la chemise pour dégager mon épaule et l'embrasser aussi. Je me retournai pour le prendre dans mes bras. On se regardait avec une envie folle qui ne pouvait plus attendre. Il attrapa mes jambes pour me soulever et me fit asseoir sur son bureau. Je riais mais craignais qu'il ne cède sous mon poids. Déjà que j'étais impressionnée qu'il ait pu me porter...
- Arrête, je vais le casser, dis-je en m'accrochant à lui.
- On s'en fout...
C'était vrai...
Rien à faire.
Il était temps de s'aimer.
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Dans son regard
RomanceSwann est une jeune femme qui manque de confiance en elle. À quel point laissera-t-elle ses peurs entraver son histoire naissante avec "le mec de l'ascenseur" ? Son nouveau voisin sur qui elle a craqué avant même de lui parler ! (Note de l'auteur :...