Chapitre 9

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Il rentrait aujourd'hui.

Et j'angoissais tellement ! Mais c'était du bon stress, j'étais impatiente. J'avais passé trois heures dans la salle de bain, je m'étais exfoliée la peau, fait un soin pour les cheveux, rasée de près... Je ne laissais aucun détail au hasard. Amina m'aida à choisir mes vêtements, ils m'attendaient sur le lit en attendant ce soir. Pour le moment, j'avais du boulot à finir dans mon atelier. Deux nouveaux projets s'étaient présentés et j'étais étonnamment motivée. Le pouvoir que Léo avait sur mon moral était à la fois effrayant et excitant. Maintenant que j'avais arrêté de regarder les photos de son ex, je remontais sur mon nuage rose et douillet !

Je passai ma journée à poncer les différents éléments d'un buffet ancien qui avait besoin d'une grosse réparation. Je devais fabriquer certaines pièces à l'identique pour remplacer celles qui étaient endommagées. C'était parfait, assez prenant pour me changer les idées et m'empêcher de stresser pendant des heures. J'avais mis une alarme sur mon téléphone pour qu'il sonne à 18 heures. Deux heures et demi ne seraient pas de trop pour me rendre potable !

Je finissais les dernières coupes du futur pied stylisé du buffet en me concentrant à fond, le casque sur les oreilles. Quand j'arrêtais la machine bruyante, je soufflais machinalement sur la poussière de bois qui s'accumulait et me retournais pour poser ma création sur l'établi qui faisait face à l'espace de vente. Et je le vis... Léo.


- Salut !


Il me faisait un signe de la main en souriant de toutes ses dents.

Non non non ! J'avais tout prévu ! La robe, le maquillage et les chaussures. Et même la lingerie ! Pourquoi est-ce qu'il était là si tôt !? Je regardai ma montre avant même de lui répondre.


- J'ai pris un train plus tôt, expliqua-t-il en passant derrière l'établi pour me rejoindre.


Je savais de quoi j'avais l'air après une journée de travail. Couverte de poussière et de copeaux. Pleine de sueur aussi ! Son regard n'était pas cohérent, il semblait vraiment vraiment très content de me voir.


- J'étais pas censée ressembler à ça, dis-je en retirant mes gants.


Je retirai mes lunettes de protection, qui me rendaient si sexy, ça va sans dire...


- T'es très jolie quand tu travailles, ça fait déjà un moment que je suis là... je t'observais.


Je rougis, bordel, j'allais me liquéfier s'il s'approchait encore. Je ressentis presque le besoin de me tenir à mon établi pour rester stable.


- Comment t'as su où me trouver ?

- Ta colocataire m'a donné l'adresse.


Évidemment !

Il était si proche. Je sentais la tension monter entre nous, c'était intense. Est-ce que l'imprévu était forcément meilleur ?


- J'ai besoin de prendre une douche, je sens la sueur.

- Moi aussi, répondit-il avant de sourire.


Je comprenais le sous-entendu mais je savais qu'il me taquinait. Il avait beau avoir l'air confiant, je lisais dans ses yeux qu'il n'était pas si sûr de lui que ça.

Après un échange de regard interminable et délicieux, on se décida à partir. Il rentra chez lui pour se laver et moi chez moi. Je suivis le plan : robe, chaussures, maquillage, avant de le rejoindre. Son frère était sorti, alors nous étions seuls ce soir. Quand j'entrai chez lui, je revis les images de notre première fois défiler dans ma tête. Est-ce qu'on pouvait faire mieux ?


- J'ai commandé des sushis, j'ai cru comprendre que tu aimais ça.

- Ah oui ?

- Ok, c'est Amina qui a vendu la mèche. J'avais besoin de conseils.

- Bonne stratégie, dis-je en avançant vers le salon.

- Elle m'a aussi conseillé d'avoir un plan de fuite infaillible dans le cas où j'aurais l'intention de te briser le cœur...


Je ris, je la reconnaissais bien là.

Il avait mis la table pour que l'on mange en tête à tête. Avec une bougie parfumée en guise de chandelle. C'était parfait. J'allai m'asseoir, toujours très nerveuse.


- Tu veux boire quoi ?

- Euh, qu'est-ce que tu as ?

- Bière ou...

- Une bière ça me va.


Il déposa la bouteille devant moi avant de s'asseoir en face. Il me raconta sa semaine avec beaucoup d'humour. Me contant le comportement des mariés qui l'avaient engagé.


- On s'est retrouvé sur la plage avec leurs deux familles et tous les enfants qui couraient partout. Ils avaient tenu à avoir leurs chiens sur la photo. Mais forcément ils étaient intenables, voir tout ce monde ça les rendait fous. Alors j'ai une série d'au moins cinquante photos où ils sont flous ou avec une tête bizarre ! J'avais du mal à me retenir de rire.


Il me montra quelques unes de ses photos ratées pour me faire rire. Et ça fonctionnait, il faut dire que je me sentais tellement bien ce soir que j'avais le rire facile.

Après l'arrivée du livreur, on commença à manger. J'avais tenté de jouer la pro des sushis en mangeant avec des baguettes mais c'était un échec. Il se moqua gentiment de moi en me tendant une fourchette que j'acceptai volontiers.


- Tu as une idée du film qu'on va regarder ? demandai-je vers la fin du repas.

- J'ai vraiment beaucoup beaucoup de choix, Marc est un fou de cinéma.

- Quelle stratégie tu as adoptée pour ce soir ? As-tu demandé conseil à Amina pour ça aussi ?

- Hey, ok je sais que je ne suis pas doué avec les filles mais ...

- Avec les filles je sais pas, mais avec moi tu t'en sors assez bien, soufflai-je en baissant les yeux, timidement.

- Ça tombe plutôt bien...


Mais il ne finit pas sa phrase. Marc fit son entrée, claquant la porte derrière lui en laissant son sac tomber au sol comme s'il pesait une tonne.


- Marc ? Qu'est-ce qu tu fais là ?

- Je suis désolé, on s'est pris la tête avec Lola je pouvais pas rester chez elle ce soir...

- Mais...

- Alors c'est toi la fille de l'ascenseur ? s'enquit l'intrus en me tendant la main poliment.

- Swann, me présentai-je en attrapant sa main.

- Je vais pas vous déranger, décréta Marc en piquant un sushi dans l'assiette de son frère, je vais m'enfermer dans ma chambre avec un casque sur les oreilles, amusez-vous, faites comme si j'étais pas là !


Il nous laissa seuls, un peu perdus. Ça avait presque cassé l'ambiance. Léo avait l'air paumé et mal à l'aise. Et moi, eh bien, j'étais « la fille de l'ascenseur » ! Un feu d'artifice avait explosé dans mon crâne !


- On le regarde ce film ? proposai-je en souriant, pour le détendre.


Il me sourit et j'adorais ça, beaucoup trop...

Dans son regardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant