Chapitre 10

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Assis dans son canapé, l'un à côté de l'autre, on regardait un vieux film des années 80. Le générique venait à peine de finir quand je me décidai à retirer mes chaussures pour mieux m'installer. Je montai mes jambes sur l'assise et m'asseyais en tailleur. Je posai mes mains sur mes cuisses et comme j'étais toujours un peu nerveuse, je grattai machinalement mes ongles. Léo était appuyé contre l'accoudoir, dans une position confortable, pourtant, il se redressa et se rapprocha de moi. Doucement, il attrapa une de mes mains et entrelaça nos doigts. J'observai nos mains tandis que mon sourire s'étendait jusqu'à mes oreilles. Quand je le regardai, il se pencha sur moi pour m'embrasser.

Durant le générique de fin, on était toujours enlacés dans le canapé, à nous embrasser comme des adolescents mais presque en plus sage... On avait bien essayé de se parler, on rigolait, on commentait le film, mais nos lèvres se rejoignaient toujours comme si on ne pouvait pas s'en empêcher.

Après un long moment, on décida d'aller se coucher dans son lit. Il me prêta un t-shirt qui m'allait mais un peu serré... J'avais les hanches larges il faut dire !

La tête posée sur son épaule, blottie dans ses bras, je sentis ses doigts jouer sur ma peau et je n'arrivais pas à croire qu'il puisse me toucher sans tilter quand il passait sur un bourrelet... ou quand il touchait mes cuisses et ma cellulite. Pourquoi je n'arrivais pas à passer outre ? La soirée avait été parfaite et mes pensées sombres allaient tout gâcher. Léo bougeait pour qu'on se fasse face. Dans la pénombre on ne distinguait que nos silhouettes. Il m'embrassa en glissant sa main sous mon t-shirt, dans mon dos, et je touchai le sien... Il était large et solide, sa peau douce et chaude... Ça aurait du être un instant parfait !

Mais il y avait la petite voix médisante dans ma tête qui commentait tous ses gestes...

« Il doit bien sentir qu'il caresse un bourrelet là ! »

De moins en moins à l'aise, j'essayai de me souvenir qu'il m'avait déjà vue nue, qu'il avait tout vu de mon corps et qu'il avait quand-même souhaité me revoir. Mais rien à faire... Je me retournai pour lui tourner le dos. Il suivit le mouvement, se mettant en cuillère pour me garder contre lui. Et sa main se glissa à nouveau sous mon t-shirt pour caresser mon ventre ! J'avais envie de lui, je le voulais. Et j'avais envie d'aimer ses caresses. Mais...


- Je suis désolée, je peux pas... dis-je en me redressant dans son lit.

- Tu peux pas quoi ? s'étonna-t-il en allumant la lumière.


Comme pour me préserver de son regard je tirai le draps pour couvrir mes jambes, repliant mes genoux contre ma poitrine.


- Je comprends pas comment tu peux avoir envie de moi, tu vois bien le corps que j'ai !

- Oui je le vois et j'aime ce que je vois.


Il posa sa main dans mon dos pour essayer de me rassurer.


- Je voulais pas être lourd, je croyais qu'on était bien, je suis désolé...

- C'est pas toi, c'est moi, je me sens pas bien quand tu touches mon ventre ou mes cuisses...


J'en pleurai presque. Alors il m'attira dans ses bras en déposant un long baiser sur mon front.


- On a tous nos complexes, faut pas que ça t'empêche de vivre.

- C'est juste que... t'es vraiment beau Léo, j'ai du mal à croire que je t'intéresse.


Là, il se pencha pour attraper sa tablette sur la table de nuit. Puis, il afficha une photo de lui et commença à dessiner des cercles rouges pour entourer des zones de son corps.


- Qu'est-ce que tu fais ?

- Tu vois ces cercles, c'est des trucs qui me complexent.


Il avait entouré son front, son nez, ses mains, une de ses oreilles...


- Pourquoi ?

- J'ai un grand front et un début de calvitie tu vois... Je me suis cassé le nez au rugby quand j'étais ado et maintenant il est de travers. Mon oreille gauche est pliée, c'est de naissance mais j'arrive pas à m'y faire. Et mes mains...

- J'adore tes mains, le coupai-je en posant mon menton sur son épaule.

- Et j'adore tes jambes, reprit-il en me regardant dans les yeux.


Je voyais où il voulait en venir... Et comme pour être plus clair, il reprit son exposé argumenté pour me prouver que je lui plaisais vraiment...


- Donc tout ça, c'est ce que je n'aime pas chez moi...


Il mit sa tablette en mode appareil photo et me photographia rapidement.


- Et tout ça, il entoura l'intégralité de ma personne en vert, c'est tout ce qui me plaît chez toi...


Je souris, il était doué. J'arrivai à le croire...


- Et tu es plus qu'un corps, je le sens. Je vais aimer beaucoup plus que ce que je vois. Toi aussi, j'espère.

- Après ce discours, je pourrais te faire une déclaration dès demain, dis-je les yeux brillants de larmes.


Il rit en reposant sa tablette. Puis il s'allongea, m'invitant à m'étendre contre lui, en cuillère, comme pour tout recommencer. Il passa un bras sous ma tête et l'autre autour de moi pour suivre mon bras jusqu'à trouver ma main. Pour cette nuit au moins, j'avais l'impression d'être la plus belle femme au monde. Juste grâce au pouvoir de ses mots.

Dans son regardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant