Chapitre 2 (Version Édité)

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Liam

— Mec, je t'ai dit de t'assurer que le deal avec les Los Kings se passe bien. Si on rate ce coup, nous allons perdre encore plus de territoire.

À l'autre bout du fil, Ryan déglutit péniblement.

Putain, j'en ai marre de ce petit con. Il gâche mon temps, je ne comprends pas pourquoi Oncle Henry lui confie des tâches aussi importantes. Ce devrait être à moi de conclure le contrat...

Je baisse les yeux vers l'objet métallique m'enchaînant à cette foutue maison.

— Fais chier, Ryan ! Démerde-toi ou je te démonte.

Je raccroche en jetant mon portable sur mon lit. Si nous perdons encore plus de territoire, nous allons devoir tirer une croix sur notre trafic d'armes avec Vancouver et c'est le dirigeant de Montréal – le gang de l'Ouest – qui va empocher les profits. Il n'hésiterait pas à nous piquer cette mine d'or.

Ce n'est pas pour rien que l'on compare la mafia à une pieuvre ; même si on lui coupe la tête, ses nombreux tentacules conservent leur activité. Ainsi, peu importe qui dirige quelle ville, l'organisation continuera de prospérer jusqu'à ce qu'un autre leader prenne la place de l'ancien. C'est ce qu'Henry m'a appris dès que je suis entré dans les Eurythion – surnom que son propre père a choisi pour notre branche de la mafia irlandaise. Ce n'est pas parce qu'il y en a une aussi à Boston et à New York que nous en faisons partie. Une ville, un quartier, un chef, point final. Ça, c'est la seconde loi qu'il m'a enseignée il y a huit ans, quand j'avais tout juste dix-sept piges. Nous contractons parfois des ententes avec d'autres branches de la mafia irlandaise, mais nos relations s'arrêtent là.

Raison de plus pour ne pas laisser cette catastrophe se concrétiser. Nous ne pouvons pas perdre la face, encore moins aux mains d'un vulgaire petit gang comme les Los Kings. Dire qu'il faisait notre besogne, l'an dernier...

Si je n'avais pas été fait comme un rat il y a trois ans, je pourrais aider mes frères de sang. Je ne serais pas enfermé ici, aujourd'hui. Certes, il ne s'agit pas d'une cage de métal comme celle dans laquelle j'étais pris au piège pendant plus de trente-six mois... mais échanger une prison contre une autre plus jolie et aux sols polis est-il mieux ? Peut-être. Cela reste un progrès, sauf que la véritable liberté est encore loin.

Le ronronnement sourd d'un véhicule me parvient depuis la fenêtre entrouverte de ma chambre. Je jette un coup d'œil à l'allée en pierres noires, frigorifié par une bouffée d'air froid lorsque je me penche vers l'avant pour observer une Lambo blanche s'y garer. Stefen pousse la portière dans une lenteur calculée, un sourire satisfait aux lèvres, fier d'avoir réussi à impressionner la silhouette assise du côté passager. Dire que ce con ne connaît rien aux bagnoles... Un jour, je me promets de faire un feu d'artifice avec cette putain de voiture. Ça lui sortira la tête du cul.

Puis, une autre personne, plus petite cette fois, s'en extirpe, ses longs cheveux bruns tombant en cascade sur son manteau bleu.

Encore elle.

Cette insupportable Miss Sourire qui va habiter ici.

Je baisse à nouveau les yeux vers mon bracelet électronique, les poings serrés.

— À cause de toi, je vais être pris avec cette connasse !

Bordel, j'en ai marre. Je vais devenir fou à poireauter ici, piégé dans ce manoir, forcé de gérer des contrats à distance. Oncle Henry avait tort lorsqu'il disait que j'étais un leader. Non, je suis un homme d'action, de terrain. Je préfère largement me trouver en première ligne plutôt qu'aux commandes, tapi dans l'ombre. Je dois être en Enfer, tout ça à cause d'une regrettable erreur. Tout ça parce que j'ai perdu mon sang-froid au pire moment. J'ai été con, et je m'en voudrai chaque jour de cette année infernale.

À Jamais Plus De Cinq Cents Mètres T1 & 2 - Publié Chez Butterfly ÉditionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant