Chapitre 11 : Un monstre ?

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« Rachel. Rachel. »

Une voix masculine et rassurante résonna dans sa tête. Assise sur un sol glacé et poussiéreux, elle sentit une chaleur se poser sur son épaule. Avec difficulté, elle ouvrit les yeux pour faire face au jeune homme. Ses traits s'étaient raidis. Il était tout aussi exténué qu'elle.

« Ne me faites plus jamais une frayeur pareil, murmura-t-il.

– Êtes-vous réel ? »

Il manqua un battement de cœur.

« Que vous est-il arrivé ? demanda-t-il, préoccupé.

– Je suis en proie à la folie », susurra-t-elle, presque inaudible.

Il n'osa pas l'interrompre. Le regard de la jeune femme s'était assombri, perdu dans les décombres de son esprit.

« J'ai vu un fantôme... et un monstre.

– C'est fini, je suis là maintenant », se voulait-il rassurant.

Elle ferma les yeux pour venir se blottir contre lui. Sa chaleur, ses battements de coeur et son souffle. Elle pouvait sentir la vie émaner du matelot. Sa présence était si tangible, si réconfortante. Elle voulait y croire. Croire en la possibilité qu'ils aient tous deux survécu au naufrage.

« Vous savez, commença-t-il, si vous êtes folle, alors je le suis aussi. »

Elle releva la tête pour croiser son regard. Il continua :

« Le vieil homme, Ryan, porte le même prénom que l'ancien propriétaire. Celui-là même qui se fait appeler Monsieur Smith par la petite Lydia. »

Elle se redressa, tout en fronçant les sourcils :

« Qu'insinuez-vous ?

– C'est une sacrée coïncidence, n'est-ce pas ?

– Une simple coïncidence, répondit-elle. L'orphelinat est bien trop vieux pour que ce Monsieur Smith ait survécu tout ce temps. Il aurait une centaine d'années aujourd'hui, c'est impossible.

– Vous avez raison. »

Rachel inspira puis expira longuement avant de poser sa main sur sa poitrine.

« Vous sentez-vous bien ? » s'inquiéta-t-il.

Elle acquiesça, peu convaincante, puis tenta de se relever. Il en fit de même, mais alors qu'elle vacilla, à peine tenant sur ses deux jambes, il la tira vers lui pour l'empêcher de s'écrouler.

La demoiselle était tellement épuisée, qu'elle ne se dégagea pas de son emprise. La chaleur du soldat apaisa son corps éreinté presque immédiatement.

La tête au creux de ses bras et d'une voix tremblante, elle tenta de lui expliquer :

« Lydia m'est apparue après qu'une étrange comptine macabre fut chantée par des enfants. Je l'entendais par delà les fenêtres. C'était si réel, toutes ces choses, ce puits. Elle m'a demandé de trouver et lire toutes les feuilles de son journal. »

Rachel leva les yeux vers Ethan qui eut du mal à ravaler sa salive, ne sachant quoi penser de ce qu'elle était en train de narrer.

« Puis un monstre est apparu dans un étrange brouillard. Il s'empara de l'enfant qui disparut avec lui. »

Le marin ne sut quoi lui répondre, son silence angoissa la bourgeoise.

« Vous ne me croyez pas ? l'interrogea-t-elle.

– Vous avez peut-être confondu ? »

Elle se dégagea de son emprise, peinée.

« Je pense que toute cette aventure s'amuse de nous, insista-t-il, mais je suis intimement convaincu de votre sincérité. Il y a certaines choses qui ne s'expliquent pas aux premières interprétations. J'aime à croire qu'il n'est pas nécessaire de chercher des explications pour l'instant. Nous aurons tout le temps pour cela une fois rentrés. »

Rachel Miller et l'orphelinat abandonné [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant