Chapitre 15 : Nouvelle mise en scène

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Rappel : Rachel et Ethan sont parvenus à fuir l'orphelinat. Cependant, alors qu'ils cherchaient une barque pour quitter l'île, ils furent interpellés par Lydia. 

La petite fille fantomatique leur expliqua qu'ils ne pouvaient pas partir de suite car ils leur fallait d'abord rompre la malédiction de l'île. Pour cela, il devaient détachés les poupées suspendues dans le dortoir féminin. Ethan se proposa à le faire, mais Rachel était de plus en plus anxieuse pour lui et avait décidé de l'y rejoindre. 

Une fois dans la pièce, alors que le monstre la poursuivait, elle vit le matelot confortablement assis sur l'un des petits lits, un livre dans les mains. Le précédent chapitre se terminait sur une révélation sordide : Miranda et le monstre ne font qu'un.

*~~~~~*

Tout s'embrouillait dans la tête de Rachel. Ethan s'était de nouveau concentré sur le bouquin qu'il tenait, plutôt que sur la véritable situation dans laquelle ils étaient. Il ne paraissait pas avoir pris la mesure de cette révélation et encore moins le danger actuel. Est-ce Rachel qui sombrait dans la paranoïa, incapable de comprendre la réalité qui l'entourait et le comportement de son compagnon ou bien était-ce lui qui avait perdu la raison ?

Plus elle y pensait et moins cela avait de sens. Ils étaient comme empêtrés dans une masse hallucinogène où la frontière entre le réel et l'imaginaire n'existait plus. Une danse macabre, dont il était difficile de reconnaître les défunts parmi les danseurs.

La bourgeoise tourna son regard vers l'enfant fantomatique. Cette dernière ne semblait plus être la pauvre proie d'un démon. Plus elle apparaissait devant eux et moins elle ne ressemblait à la première version d'elle-même. À moins que depuis le début, la jeune fille tourmentée ne fût qu'un mirage se désynchronisant de son rôle à mesure que le temps passait.

« Comment est-ce possible ? demanda Rachel. Miranda serait ce monstre depuis le début ?

– Vous devez simplement retirer les poupées et les mettre dans la grotte, c'est simple. Après ça, vous pourrez repartir sans problèmes », expliqua Lydia avant de disparaître.

Était-ce une envie de ne pas répondre à la vraie question ou l'indice qu'une pièce de théâtre se jouait devant eux ? Une scène où les acteurs ne pouvaient échapper, contraint à réciter mot pour mot ce qui leur était imposé.

Rachel avait juste hâte d'en finir. Ses pensées se trituraient de toutes les justifications possibles qui pourraient répondre aux dissonances des lois de la normalité. Ainsi, tous ces scénarios qu'elle avait imaginés depuis le début, toutes ces questions qu'elle s'était posées ne venaient qu'empiéter sur sa santé mentale. Quelle importance de savoir ce qui est ou n'est pas ? Quelle importance de comprendre pourquoi c'est ainsi et pas autrement ?

Las, elle se tourna vers le matelot, susurrant :

« Ethan, et si j'étais morte depuis le début ? Que dois-je faire pour trouver la paix ? »

Il tourna les yeux vers elle. La mine déconfite de sa partenaire s'était résignée à accepter une fin tragique. Elle attendait une réponse divine. Une solution qui apaiserait ses maux, mais il n'en savait pas plus qu'elle.

« Dans ce cas, je le suis aussi », souffla-t-il.

Alors c'est ainsi que se terminerait l'histoire de la jeune et fougueuse Rachel Miller. Une aventurière d'apparence, ayant sombré lors d'une terrible tempête et dont l'âme n'aurait trouvé refuge que dans ce mirage cruel.

Une mort froide et solitaire.

« Terminons au moins ce que nous avons commencé », avait-il ajouté.

Rachel Miller et l'orphelinat abandonné [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant