Un terrain miteux.

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Se sentir inutile. Ne pas être à sa place. Voir notre amoureux heureux sans nous. Et nous ? Être en apnée. Sentir son cœur se déchiré. Et ne pas se recoller. Mais continuer. A avancer. A gagner. Sans personne à nos côtés. Personne pour vous supporter. Personne pour vous consoler. Personne pour vous faire rigoler. Personne pour vous aimer.

Être seul.

Il marche, lentement. Un simple écouteur dans l'oreille droite, l'autre retombant contre son torse. Une simple musique. Un ballon de basket dans sa main droite, rebondissant. Une capuche sur sa tête cachant ses cheveux humides.

Un terrain de basket miteux. Un panier cassé, l'autre sans filet, un simple arceau.

Il rentre, pose son sac au pied d'un arbre et joue. Il drible, il l'imagine, il le passe. Mais finalement il n'est pas là. Il est seul. Mais il continu. Pour son bien-être, pour calmer ses nerfs mis à vif. Il est énervé et blessé. Encore une fois, cette personne n'a pas eu besoin de lui. Quelqu'un d'autre l'a aidé. L'obligeant à partir sans un mot ni un regard. Il veut la voir mais elle doit être avec ses amis, contrairement à lui. Elle doit le détester ou pire l'a oublié. Alors il continu, longtemps.

Et finalement une voix. Une compagnie. Une personne. Cette personne.

Ce garçon beau et attentionné qui fait battre son cœur un peu plus vite. Qui rend ses joues rouges, qui fait se tordre son ventre, qui rend ses mains moites et qui rend ses jambes toutes tremblantes.

Il se retourne et la regarde. La personne vint vers lui, lui prend le ballon des mains et marque. Elle le scrute, ses sourcils se fronçant.

« Bah alors Aomine-cchi ? Il t'arrive quoi ? Pendant le match tu m'aurais jamais laissé prendre la balle comme ça. »

Cette voie. Joyeuse, taquine. Et pourtant...pourtant triste. A cause de lui. A cause de sa victoire à lui et la défaite de l'autre. Il ne sent veut pas. Il a gagné c'est tout. Il s'en veut surtout de ne pas l'avoir aidé. Mais il a eu peur, peur de se faire rejeter. Rejeter par lui. Et d'être totalement seul.

« Eh oh ? T'es là ? »

Une main blanche s'agite devant son visage. Cette même main blanche qui a frappé le sol d'un gymnase, frustrée d'avoir perdu et de ne pas pouvoir se relever.

« Ouais, désolé.

-Ça va ?

-Ouais »

Un mensonge. Il ne va pas bien. Il est seul. Il le veut.

« On se fait un 1 contre 1 ? Si je gagne tu me dis se qu'il se passe et si c'est toi... euh... tu pourras me pauser une question, n'importe laquelle et j'y répondrais. »

Il va gagner, il le sait. Mais il accepte car il veut continuer à être égoïste. Il veut continuer à monopoliser son attention.

« Okay.

-Cool ! »

Il a gagné. Il le savait.

« T'es trop fort Aomine-cchi ! »

Il le sait.

« C'est nul, je voulais savoir ce que t'avais moi. Bon tu dois me poser une question alors vas-y. »

Une question ?

« T'aimes quelqu'un ? »

Il voit chez l'autre exactement se qu'il lui arrive. Ses yeux s'agrandissent, des rougeurs apparaissent sur ses joues, ses mains et ses jambes tremblent légèrement mais assez pour qu'il le remarque.

« Euh, hum... oui...

-Qui ?

-Eh ! On a dit une question. Mais... ça t'intéresse ? »

Il réfléchit. Bien sur que ça l'intéresse mais est-ce qu'il peut le dire ? Il ne sait pas. Il a peur et il déteste ça.

« Vite fait. »

Une réponse positive mais avec un air désinvolte, un entre-deux. Mais visiblement qui surprend l'autre.

« Sérieux ? Pourquoi ? Toi aussi t'aimes quelqu'un ? »

Cette fois c'est lui, le surpris.

« Ouais. »

Il ne réfléchit plus. Tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler ? Il n'y arrive pas. Les mots sortent tous seuls. Comme voulant se libérer de cette barrière qu'est la raison.

« Vraiment ? Qui ? répond l'autre curieux et tendu.

-toi »

Un silence. Un silence pesant. Un silence blessant. Ses poings se serrent, il prend son sac près de l'arbre avec son ballon et part. Du moins il essaie. Des bras l'enlacent. Le serrent contre un corps, un torse chaud. D'une chaleur apaisante, envoutante.

« Tu es bizarre Aomine-cchi. »

Un murmure, un simple murmure.

« Mais il faut croire que moi aussi. »

Il ne comprend pas. Il se retourne et le questionne du regard. L'autre pouffe, s'emblant s'amuser de la situation et de la gêne de l'autre.

« Moi aussi je t'aime. »

Ses yeux s'agrandissent surpris et puis les mots montent jusqu'à son cerveau comprenant enfin la phrase. Son corps se détend d'un coup et il prend une grande inspiration, l'air redevenant accessible.

Il fait se qu'il a toujours rêvé de faire, le prendre dans ses bras, sentir son odeur, toucher ses cheveux. L'embrasser. Derrière lui un personnage disparait. La solitude s'en va.

Kise est là. Avec lui. Contre lui.

Il se détache, doucement. Le plus petit prend sa main et ils partent. Ils s'en vont de se terrain miteux pour aller dans un endroit joyeux, à deux, entre amoureux.

Aomine x Kise / recueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant