B.A.D! (Tome 1, Terminé)

chapitre 44

- Pardonnez-moi mon père car je vais pêcher

Le prêtre a un instant de recul car croyant ne pas avoir bien entendu ma phrase. Assis dans ce confessional rectangulaire et séparés par un battant ainsi qu'une petite grille à hauteur de nos têtes, le serviteur de Dieu attend patiemment que je reformule la "fameuse" phrase de confession tandis que moi, j'attends patiemment de lui faire comprendre qu'il a bien entendu ma précédente formulation.

Depuis le temps que je me confesse dans cette église, il devrait y être habituer. Mais bon c'est pas comme si je me rendais chaque dimanche à la messe, ou bien me confessais tout le temps mais quand même. Une à deux fois par an c'est pas rien non plus, étant donné que je suis pas spécialement croyante. Mais à un certain moment donné de ma vie, j'ai développé ce besoin de venir me confesser à l'avance lorsque je sentais que certaines choses allaient déraper. Que je ferais de choses vraiment pas catholiques et que de nombreuses personnes allaient en pâtir.

Depuis quelques temps, je ressens cette boule de non avalable dans ma gorge, cette boule, ce pressentiment qui me dit que je vais encore me salir les mains.

- "Pardonnez moi mon père car j'ai péché" telle est la formule ma fille, me corrige le prêtre avec amusement et politesse

- Vous tenez vraiment à ce que nous ayons à nouveau cette conversation père Fiorre? Lui demandé-je avec agacement

Il met un moment avant de faire marcher son cerveau, puis un silence de cadavre s'installe dans ce petit box rectangulaire signe de sa mémoire retrouvée et des horreurs que j'ai déjà eu à lui confesser.

- Maintenant si votre cerveau est de nouveau en marche je peux continuer avec la confession mon père ?

Il se racle la gorge pour cacher son malaise avant de se ressaisir.

-Bien entendu ma fille, dit-il avec conviction

Sans plus attendre, je reformule mes vœux et commence avec mon récit prémonitoire.

- Il y'a un homme, commençais je hésitante

-Le jeune Evan si j'ai bonne mémoire c'est ça? Me demande-t-il avec calme

-Exactement mon père. Affirmais-je avec un rire ironique. Le seul et l'unique. Cet homme vous voyez, je l'aime à en crever... Ça en devient même de l'obsession je pense parceque vous conviendrez avec moi qu'un simple amour sain et inoffensif ne m'aurait pas poussé à commettre toutes ces choses un petit peu déplacé que j'ai faites n'est ce pas mon père ? Lui demandais je avec un léger rire un peu honteux

- L'amour est relatif et nous n'avons pas tous la même façon de l'exprimer ou de le démontrer, répond-il simplement

- Il était mon monde vous savez? Dis je avec une voix brisée et le cœur lourd. En un laps de temps il est devenu mon Dieu à moi, continuais-je en retenant mes larmes. Je ne jurais que par lui bien que je gardais la face devant mes proches. Il... Evan était cette petite lueur brillante au bout du tunnel, me faisant comprendre que mes craintes, mes peurs, cet interminable tunnel avait finalement une sortie et que lui me montrerait le chemin menant à cette sortie, qu'il me guiderait par sa lumière...Mais alors que j'étais surexcitée à l'idée de pouvoir enfin sortir, tout s'est brusquement éteint pioufff! Cette lueur , cette lumière, cette chaleur, cet espoir, mes convictions, mes résolutions tout, tout mon père.

Et là j'éclate en sanglots retenus depuis longtemps déjà. Je pleure sans complexe car ici je peux me permettre d'être juste une jeune femme ordinaire, venant à peine de dépasser l'adolescence. Ici je peux me permettre de pleurer sans gêne, de montrer mes faiblesses, d'être vulnérable.