La Prophétie des Surnaturels ~ 2. Élue

55. Des Dieux en piteux état

[Bonjour à tous! Je m'excuse énormément pour le retard, et je promets que le chapitre suivant sera beaucoup plus rapide. Celui-ci sert de transition comme je ne voulais pas vous faire attendre plus, d'où le fait qu'il ne soit pas très très long... J'espère que vous apprécierez tout de même ;)]

Je clignai des yeux alors que l'Arme Mortelle s'échappait de mes mains et qu'un bourdonnement puissant envahissait mes oreilles. La barrière gronda quelques secondes et disparut totalement, faisant vibrer la terre. Je tombai à genoux mais ne sentit pas le sol sous moi, et je levai mes mains pour les découvrir translucide, palpitant faiblement comme un cœur en fin de vie – mon cœur. Je savais que j'étais déjà morte, mais cette fois, toute l'énergie durement récoltée et concentrée durant des mois – ainsi que celle volée à Lucifer – s'envola. Je n'étais plus capable de maintenir une enveloppe fantomatique, par manque d'énergie, par manque de courage, et je n'avais plus la magie nécessaire pour me maintenir comme ça.

Je tombai à plat ventre, sans la moindre possibilité de mouvement, et gémis sous la douleur – mon corps entier brulait du manque de magie, de mon âme qui s'envolait. J'entendis Daniel quasiment se jeter à mes pieds, et Cam siffler :

- Et bien, Lucifer ne vous a pas cachés bien loin.

Je réalisai alors que devant ce qu'il restait de moi se dressaient les Astres. Clignotant comme une guirlande de Noël, je tournai mes yeux dans leurs orbites, découvrant la première personne m'ayant mise au monde. Enchaîné contre la paroi de ce qui semblait une falaise, en sang et en lambeau, Jehovah restait la personne la plus magnifique, magistrale et puissante que j'aie jamais vue. Comme crucifié, Il était pendu par les deux bras écartés – les chaînes qui attachaient Ses poignets semblaient sortir directement de la montagne. Ses jambes, quelques mètres plus bas, étaient enchaînées de la même manière, mettant, soyons honnête, Son imposante taille en avant. Il dépassait les autres Astres d'une bonne tête, d'un bon deux mètres et demi.

- Ariana, n'abandonne pas, me lâcha Daniel en un râlement rauque. Je ne te vois presque plus, mais je sais que tu es là. Vole mon énergie, je t'en prie, tu dois continuer.

Je ne bougeai pas d'un millimètre alors qu'il tendait sa main pour attraper la mienne – et je pouvais sentir la force de sa conviction, son besoin de me sauver au péril de sa vie.

Mais je ne fis rien – savoir si j'en étais capable ou non ne changerais rien. Je ne pouvais pas tuer mon âme sœur dans le simple but de prolonger ma vie de quelques minutes, voire quelques heures. Il n'avait pas la force d'un Astre ni d'un Eternel comme Lucifer.

- Mon amour, je t'en prie...

Profitant des quelques microsecondes pendant lesquelles je pouvais ressentir la main de Daniel presser la mienne, savourant les dernières sensations que j'avais de celui avec qui j'aurais encore pu passer toutes mes vies. Mais je reportais mon attention sur les Astres – Cam et Laura étaient déjà en train de les examiner, à la recherche de je-ne-sais-quoi. Dans l'obscurité soudaine d'Elfmantia, une vision ensanglantée s'offrit cette fois à mes yeux de ceux qui avaient fondés les mondes.

- Papa... geignis-je en sentant les larmes inonder mes yeux.

Il fit rouler ses yeux vers moi, et je vis à quel point Il était dans un bien pire état que moi à présent, alors je saisis toute la force qu'il me restait pour me remettre sur mes genoux, avachie sur moi-même. Ma tête, comme celle d'un bébé, ne tenait que très difficilement droite, mais je ne pouvais pas faire ma difficile. Les longs cheveux blancs de Jehovah, regroupés avec une sorte de ruban en bas de son dos, étaient emmêlés, sales et plus tout à fait blancs. Ses yeux roses, tournés vers moi, me semblaient rouges ; certains de Ses membres ne suivaient pas l'angle logique, des os perçaient la peau de l'Astre et un sang doré roulait pour former une flaque à ses pieds. Son corps semblait en permanente régénération, dans un cycle infini de douleur. Les autres Dieux n'étaient pas dans un meilleur état, mais après avoir balayé du regard l'endroit, je sentis un certain mal-être m'envahir.